Le président des Républicains, Éric Ciotti, a annoncé ce mardi 11 juin vouloir une alliance avec le Rassemblement national, en vue des législatives des 30 juin et 7 juillet. Déclenchant l'ire de bon nombre de ténors de son parti, qui semble au bord de l'explosion.
Voilà deux ans que Les Républicains tentent de survivre à l'Assemblée nationale, avec un groupe très réduit. Voilà deux ans que le parti joue à "Je t'aime moi non plus" avec la Macronie, venant tantôt en appui, tantôt en opposition au gouvernement. Voilà deux ans que la tentation du plus ou moins à droite se pose. Ce mardi 11 juin, Éric Ciotti, a décidé pour tout le monde.
Sur le plateau du 13h de TF1, le président des Républicains a annoncé saisir la main tendue par Marine Le Pen. Et souhaite "une alliance avec le Rassemblement national", en vue des législatives anticipées du 30 juin et du 7 juillet.
"Il doit quitter la présidence des Républicains"
Déclenchant l'ire des ténors nationaux du parti. Valérie Pécresse, Laurent Wauquiez, Xavier Bertrand, Gérard Larcher... tous ont condamné la sortie du président. "Éric Ciotti n'engage que lui", écrit sur X (ex-Twitter) le patron des députés LR, Olivier Marleix, élu en Eure-et-Loir. Mieux : "Il doit quitter la présidence des Républicains", assure-t-il.
Eric Ciotti n’engage que lui. Il doit quitter la Présidence des @lesRepublicains
— 🇫🇷 Olivier Marleix (@oliviermarleix) June 11, 2024
Cette opinion semble partagée par un bon nombre de responsables du parti en Centre-Val de Loire. "Je ne m'y attendais pas", souffle à France 3 Ariel Lévy, candidat malheureux aux législatives en 2022 dans la circonscription de Montargis, remportée par le RN. Et à nouveau candidat cette année. Est-il en accord avec la ligne d'Éric Ciotti ? "Vous l'avez vu, je me présente contre le RN." Également président de la fédération LR du Loiret, il assume "faire partie des voix" qui s'opposent à cette alliance.
Si je me présente, c'est que je crois en mes valeurs, celles de mon parti et de la démocratie, contre l'extrême droite. Je ne peux pas imaginer que la famille gaulliste à laquelle j'appartiens se lie réellement au RN.
Ariel Lévy, candidat LR dans la 4e circonscription du Loiret
De là à envisager une recomposition du parti ? Le candidat ne se prononce pas, préférant "attendre le bureau politique" des Républicains, prévu ce mercredi.
"Ligne rouge"
Pour Jean-Gérard Paumier, sénateur LR d'Indre-et-Loire, pas de doute. Si Éric Ciotti ne démissionne pas, l'élu "quitter[a] sans délai et sans regret mais avec tristesse LR, le parti héritier de Jacques Chirac, adversaire résolu du FN". Un parti qui, ajoute-t-il par communiqué, "ne peut pas devenir l'allié et le supplétif du RN". Une position partagée "à l'unanimité" par les sénateurs LR, réunis en groupe ce mardi matin.
Son collègue sénateur du Cher, Rémy Pointereau, regrette auprès de France 3 "l'exercice solitaire du pouvoir par Éric Ciotti, qui n'a pas consulté les instances". Pour lui, "l'autonomie est la seule ligne qui a du sens". Quant à savoir s'il quittera le parti si la ligne Ciotti prédomine, le sénateur affirme ne jamais prendre de décision à chaud. "Nous avons un comité départemental vendredi, pour en discuter et prendre une position commune." Des candidats LR-RN dans le Cher ? Il n'y croit pas.
Auprès du Berry républicain, le président LR du conseil départemental du Cher, Jacques Fleury, estime qu'Éric Ciotti a "franchi une ligne rouge, celle de la compromission avec l'extrême droite". Pour résumer, la levée de boucliers est générale dans les rangs des ténors du parti. Au niveau national, et dans la région.
Nicolas Forissier se met "en retrait"
Le patron des LR du Centre-Val de Loire au conseil régional, et député de l'Indre, Nicolas Forissier, a réagi peu après 18h, par communiqué. Lui aussi condamne "la décision solitaire" d'Éric Ciotti, "à moins d'un mois du scrutin le plus décisif de la Ve République". Il parle d'une "initiative mortifère", "totalement contraire" à l'histoire de sa famille politique. Et qualifie le projet du RN de "désastreux pour notre pays". "Dans l'attente de clarifications", et notamment d'une démission du président des Républicains, Nicolas Forissier assure se mettre "en retrait de [sa] famille politique".
Seule exception locale - ne serait-elle que temporaire - à cette indignation collective : le maire de Salbris et président de la fédération LR de Loir-et-Cher, Alexandre Avril. Sur X, il a en effet retweeté ce mardi midi un tweet de Guilherm Carayon, porte-parole du parti. "Avec Éric Ciotti [...], nous faisons le choix du courage et du bon sens, écrit-il. Un choix approuvé par des millions de Français." Un retweet qui, depuis, a disparu de la page d'Alexandre Avril.
Alors Éric Ciotti vient-il, tel Vil Coyote, de s'auto-dynamiter ? Et de condamner son parti à exploser avec lui ? Les prochaines heures seront décisives, et la recomposition de la droite prendra peut-être un nouveau tournant.