Deux mois après avoir pris ses fonctions, le nouveau procureur de la République de Montargis évoque son rôle et ses objectifs en arrivant dans cette nouvelle juridiction. Après la région parisienne, il découvre le Loiret.
Par téléphone, le ton de monsieur le procureur est assuré, sans être sec. Pour lui, communiquer avec la presse, c'est important : "il faut faire connaître le travail de la justice pour s'éloigner des stéréotypes". La loi lui donne d'ailleurs ce rôle de communicant.
Jean-Cédric Gaux est arrivé à Montargis en septembre, avec un maître mot : modernisation. "Dans nos échanges avec les forces de l'ordre, on est encore sur du papier", explique-t-il. Une pratique qui peut étonner à l'ère du tout numérique, mais pourtant réelle : il faut encore développer l'informatique.
Au chapitre des dossiers qui arrivent au parquet, les trafics de stupéfiants, cambriolages et les violences intrafamiliales sont majoritaires. Un peu plus d'un mois après son arrivée, il est encore "en phase de découverte".
Attention particulière pour les mineurs
Son attention sera portée notamment sur la délinquance des mineurs : "nous n'hésiterons pas à avoir recours à la détention provisoire", affirme-t-il. Une volonté de faire preuve de sévérité ? "Non, il faut simplement donner les réponses les plus adaptées. Les solutions éducatives sont importantes, surtout pour les jeunes, mais dans le cas de récidive, il faut utiliser les moyens à notre disposition".
Sur le volet éducatif, là aussi, il doit y avoir du mouvement : "il faut plus de stages qualitatifs, de vraies réponses et non seulement des rappels à la loi".
Montargis compte 25 places dans un établissement de semi-liberté. Un endroit où les condamnés effectuent des peines aménagées. Dehors le jour, ils rentrent dormir en prison : "Je tiens à ce que ces places soient conservées, voire augmentées puisqu'elles permettent de sanctionner, mais aussi de favoriser la réinsertion".
Bobigny puis Évry
Jean-Cédric Gaux arrive du parquet d'Évry. Le changement est radical, tant sur le fond que sur la forme. En Essonne, il organisait notamment les procès de Brétigny-sur-Orge et Viry-Châtillon. La catastrophe ferroviaire qui a fait sept morts et des centaines de blessés en 2013 et les policiers brûlés dans leur voiture en 2016. Avant ça, il passe huit ans à Bobigny, où il est vice-procureur.
C'est un juge devenu procureur de la République. Jean-Cédric Gaux a toujours voulu œuvrer en justice, mais il a finalement fait le choix du ministère public. Contrairement aux juges, il ne rend pas de décision, il propose des peines, au nom de la société civile et prend le rôle de "partie poursuivante".
Le Parisien obtient à la fois l'examen du barreau et de la magistrature lorsqu'il termine ses études de droit à l'université. Dans son esprit, une volonté qui frôle l'idéalisme : "avoir une société apaisée". Il est juge à partir de 2007 à Troyes, avant de bifurquer.
Ce qui lui plaît au parquet, c'est "le travail en équipe, ouvert sur la société". Au quotidien, il doit travailler avec les administrations publiques, la préfecture, mais aussi les associations d'aide aux victimes, et les services de probation.
Dans sa posture, peut-on perdre foi en l'humanité ? Il ne le faut pas, assure-t-il avec conviction, "sinon il faut arrêter ce travail". S'il croit en les vertus de la sanction, il estime surtout qu'il faut qu'elles soient comprises.
Connaître les réalités de l'incarcération
À 43 ans, Jean-Cédric Gaux souhaite garder en tête la réalité de l'enfermement qu'il peut requérir lorsqu'il est en audience. "Pendant notre formation de magistrats, on fait un stage en tant que surveillant de prison, dans les conditions de leur travail. Ça nous permet d'avoir une piqure de rappel de temps en temps".
Avant lui, Loïc Abrial, avait marqué la juridiction. Pendant cinq ans, il avait accordé une importance particulière au suivi des victimes. "Je m'inscris dans les orientations générales de mon prédécesseur", répond simplement Jean-Cédric Gaux à ce sujet.