Une séquence de l'émission "Envoyé spécial", sur France 2, tournée à Montargis pourrait, selon le parquet, revêtir les qualifications pénales "d'injures publiques et non publiques à caractère racial". L'enquête devrait être confiée à une autre juridiction.
"Va à la niche !", "On fait ce qu'on veut, on est chez nous", "Regarde les trucs dégueulasses qu'elle a dans les cheveux !" La séquence, diffusée dans Envoyé spécial ce 20 juin, a soulevé une vague d'indignation et risque de se finir devant les tribunaux.
🔴 Divine dit subir des insultes racistes de ses voisins, depuis la victoire du Rassemblement National aux élections européennes.
— Envoyé spécial (@EnvoyeSpecial) June 20, 2024
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Insultes et cris de singe
Traitée de "bonobo", visée par des cris de singe, Divine Kinkela, aide-soignante de Montargis, vit un enfer avec ses voisins, fervents militants du Rassemblement national. Depuis la progression du parti d'extrême droite aux élections européennes, la parole raciste s'est libérée, explique-t-elle. Au point qu'elle ne puisse même plus prendre son café sur la terrasse sans subir les injures.
C'est une autorisation, une porte ouverte, à dire aux immigrés que, voilà, vous n'êtes pas les bienvenus, on va vous foutre à la porte
Divine Kinkela, aide-soignante à Montargis
Face caméra, le couple assume sa radicalisation raciste. "Je le vois à la télé, je suis quand même pas con", explique Didier, retraité. "C'est les Moustapha, c'est les... tout ce que vous voulez" qui ne respecteraient pas "les coutumes" françaises et imposeraient "des coutumes à la con".
Par le biais d'un communiqué ce 21 juin, le procureur de la République de Montargis, Jean-Cédric Gaux, a annoncé que "les paroles et comportements constatés" pouvaient revêtir "les qualifications pénales d'injures publiques et non publiques à caractère racial, provocation publique à la discrimination et violence sans incapacité à caractère racial". Le parquet s'est donc saisi de ces faits.
Une vague d'indignation à gauche
Dans les rangs du Nouveau Front populaire, la séquence a déclenché une vague d'indignation. "Le racisme ordinaire encouragé par la montée du RN", écrit Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste. "Divine est aide soignante. C'est peut-être elle qui prendra soin de nous un jour. Alors non seulement elle est chez elle, mais : merci madame de votre dignité."
« Va à la niche » le racisme ordinaire encouragé par la montée du RN.
— Olivier Faure (@faureolivier) June 20, 2024
Divine est aide soignante. C’est peut-être elle qui prendra soin de nous un jour. Alors non seulement elle est chez elle, mais : merci madame de votre dignité. https://t.co/ctnQA47CQp
"Le racisme n'est pas une opinion : c'est un délit", a réagi pour sa part le député insoumis de l'Essonne, et originaire de l'Indre, Antoine Léaument. "Ces deux racistes font honte à notre drapeau. L'extrême droite détruit notre pays. Madame, vous pouvez porter plainte", a exhorté de son côté l'Insoumis Damien Maudet.
Le racisme n’est pas une opinion : c’est un délit.
— Antoine Léaument 🇫🇷🌿 (@ALeaument) June 20, 2024
C’est Divine qui peut appeler la police, pas la délinquante qui l’insulte.
Et que ces 2 racistes arrêtent d’usurper le drapeau 🇫🇷.
C’est celui de la patrie des Droits de l’Homme et d’une devise qui prône Égalité et Fraternité. https://t.co/a1U9MieGfb
L'une des deux personnes montrées dans le reportage appartient au tribunal judiciaire de Montargis, précise le procureur. En conséquence, une requête en dépaysement au parquet général d'Orléans a été émise "en vue de confier la direction de cette enquête à une autre juridiction".