Dans le jugement prononcé ce vendredi 11 avril, le tribunal est allé au-delà des réquisitions du procureur : le président de Tours Métropole Val de Loire est condamné à 12 000€ d'amende, dont 4 000 avec sursis, et à une peine d'inéligibilité d'un an avec sursis. À la grande satisfaction des associations qui avaient porté plainte, SOS Racisme et la LICRA.
Frédéric Augis a quitté le palais de justice le visage fermé, après l'énoncé du jugement, et sans faire de commentaires. Il est vrai que la peine est lourde, plus lourde, en tout cas, que les réquisitions du procureur, lors de l'audience du 7 mars dernier.
Le tribunal a estimé que le président de la métropole est coupable à la fois d'outrage à une personne dépositaire de l'autorité publique et d'injure publique, en raison de la race, l'ethnie, la Nation ou la religion.
Inéligibilité avec sursis
En traitant son vice-président Cédric de Oliveira de "sale Portugais", le 4 avril 2023, Frédéric Augis "a porté atteinte à la réputation de l'institution qu'il incarne et failli à son devoir d'exemplarité", estime la présidente Catherine Bruère.
Le tribunal a donc condamné le président de la métropole à une amende de 12 000 €, dont 4 000 avec sursis (là où le parquet avait requis 12 000 €, mais avec 8 000 en sursis). Et, surtout, ajouté une peine d'un an d'inéligibilité avec sursis (il n'en avait pas été question le 7 mars, lors du réquisitoire).
"Il doit démissionner"
Les deux associations qui se sont constituées parties civiles, SOS Racisme et la LICRA, recevront chacune un Euro symbolique.
"La peine qui avait été requise nous paraissait un peu faible, explique Cheikh Diaby, président départemental de SOS Racisme, car, en tant que dépositaire de l'autorité publique, M. Augis s'est comporté en quasi-délinquant. Aujourd'hui, nous sommes vraiment satisfaits avec ce délibéré."
Il n'y a pas de sales Portugais, il n'y a que des citoyennes et citoyens égaux en dignité et en droits. Nous avons eu raison de faire confiance à la justice. Nous sommes dans un pays de droit, M. Augis n'est plus légitime pour diriger un exécutif local il doit démissionner !
Cheikh Diaby, président SOS Racisme 37
Les deux associations avaient été sidérées par le manque de réaction des élus et du parquet après ce "dérapage verbal" du président de la métropole, ce qui les avait poussées à porter plainte. Elles réclament aujourd'hui que les élus "sortent du bois" pour exiger la démission de Frédéric Augis, car "on ne peut accepter d'avoir à la tête d'un exécutif local quelqu'un qui est condamné pour des propos qui enfreignent la loi."
Pas de complaisance avec le racisme
Maire de Fondettes et vice-président de la métropole, Cédric de Oliveira a réagi par communiqué de presse à la condamnation de Frédéric Augis :
"Je prends acte du jugement rendu par la Justice ce jour concernant l’insulte proférée à mon égard il y a maintenant plus d’un an dans l’enceinte de la Métropole de Tours. Cette insulte m’a profondément blessé et a également atteint un très grand nombre de nos concitoyens. "
Aucune complaisance n’est possible avec le racisme ou toute autre forme de discrimination. Ces propos n’ont leur place nulle part et encore moins au siège d’une collectivité censé être le lieu même d’expression des valeurs républicaines.
Cédric de Oliveira, Maire de Fondettes, Vice-président de TMVL
Cédric de Oliveira rappelle qu'il n'a pas souhaité déposer plainte afin de ne pas porter atteinte au fonctionnement des institutions et conclut :
"Les humanistes se sont levés pour rappeler que les élus de la République se doivent d’être exemplaires et d’avoir une éthique. Je rappelle à ce propos que la Charte de l’élu local indique que l’élu local exerce ses fonctions avec impartialité, diligence, dignité, probité et intégrité ".