Réchauffement climatique : le Giec a tendance "à exagérer" selon un député Rassemblement national

Le député du Loiret Thomas Ménagé a déclaré, ce lundi 21 août sur France Inter, vouloir "tempérer" les conclusions du Giec, qui aurait "tendance parfois à exagérer". Une sortie qui a indigné une partie de la classe politique sur les réseaux sociaux.

La réconciliation du Rassemblement national avec les écologistes n'est pas pour tout de suite. Ce lundi 21 août, le député RN du Loiret Thomas Ménagé était interviewé dans la matinale de France Inter, pour évoquer notamment le climat et les politiques écologistes.

Et quelques petites phrases issues de l'émission tournent depuis sur les réseaux sociaux. Pour combattre le réchauffement climatique, le parlementaire d'extrême droite a ainsi estimé que "nous ne pouvons pas nous baser uniquement sur les données du Giec", le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. Thomas Ménagé défend ainsi "une vision politique" capable de "tempérer" les conclusions du Giec, dont les scientifiques auraient "tendance parfois à exagérer", a-t-il affirmé.

"Criminel !"

Autant dire qu'une telle déclaration n'a pas fait l'unanimité, notamment dans les rangs de la gauche et des écologistes. Sur X (anciennement Twitter), le chef de file de La France insoumise Manuel Bompard a critiqué l'"inaction face à l'urgence écologique" du RN, concluant son tweet d'un lapidaire : "Criminel !" La députée européenne Europe Écologie-Les Verts Karima Delli a elle aussi réagi :

Le FN démontre qu'en plus d'être racistes, anti-immigrés, anti-social, ils sont aussi anti-sciences et contre le climat. Le FN, ils ne sont ni responsables, ni respectables.

Karima Delli, eurodéputée EELV

Même le ministre de l'Écologie Christophe Béchu s'est fendu d'un message, accusant Thomas Ménagé de "déni climatique". Pour lui, "les attaques se multiplient de façon inadmissible pour remettre en cause les travaux des scientifiques".

Le rôle du politique

Piqué, le député RN s'est défendu, lui aussi sur le réseau social à feu l'oiseau bleu, affirmant qu'il parlait "des recommandations du Giec" et non des constats sur le réchauffement climatique en eux-mêmes. Bien qu'il n'ait, dans l'interview, jamais prononcé le mot "recommandation", préférant le terme de "données".

Auprès de France 3, Thomas Ménagé récuse "le procès en climatoscepticisme qu'on me fait, alors que je dis bien qu'on voit les conséquences tangibles du réchauffement climatique une phrase plus haut". Il critique ainsi aussi bien "l'écologie punitive" des Verts et "le greenwashing de la majorité, qui donnent des leçons tout en soutenant un accord de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande, à 19 000 km".

Il assume penser que le Giec peut "exagérer" ses recommandations. "Si on les écoute, il ne faut plus de voitures et plus de vaches." Il reconnaît cependant que "les scientifiques sont dans leur rôle d'alerte, mais le politique n'a pas comme rôle d'alarmer la population, il doit trouver le tempo pour mettre en œuvre les solutions".

"Ce n'est pas l'écologie qui est punitive, mais l'absence d'écologie qui est une punition", rétorque Charles Fournier, député EELV de Tours. Pour lui, la petite phrase de Thomas Ménagé reflèterait "le besoin de flatter une part de l'électorat RN climatosceptique" :

Les députés RN n'hésitent pas à souffler le chaud et le froid sur le sujet. À dire : "Nous sommes devenus raisonnables, nous mesurons le réchauffement climatique, m'enfin bon c'est pas si grave, il ne faut pas s'alarmer."

Charles Fournier, député EELV de Tours

Pour le député écologiste, si le rôle du politique n'est pas d'alarmer la population, comme le dit Thomas Ménagé, il est en revanche de "dire la vérité, et de faire des propositions qui vont changer la donne". Car, l'alarme, "les gens l'ont déjà quand ils n'ont plus d'eau au robinet ou qu'on a une canicule comme celle qu'on traverse en ce moment", soutient-il.

Le Giec, alarmiste et conservateur ?

Le scientifique François Gemenne, lui-même auteur principal pour le Giec, s'est aussi fendu d'une réponse, affirmant que "le Giec ne produit pas de données", mais reflète "le consensus scientifique". Et que, par conséquent, ses rapports "sont par nature très prudents et mesurés, et parfois trop conservateurs de ce fait". 

"Il a le droit d'avoir une opinion, et j'ai le droit d'avoir la mienne", souffle Thomas Ménagé. 

Mis à jour à 12h17 avec la réaction de Thomas Ménagé auprès de France 3, puis à 15h20 avec la réaction de Charles Fournier.

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