Les auteurs présumés de tirs de mortier visant des policiers à Montargis ont été interpellés ce vendredi 22 mai. Le juge des libertés et des détentions les a placés sous contrôle judiciaire. Réaction du syndicat Alliance Police qui dénonce depuis des années un manque d'effectifs à Montargis.
Le syndicat Alliance Police nationale du Loiret a réagi dès le lendemain des événements qui se sont produits dans la nuit du mercredi 20 au jeudi 21 mai dans le quartier de la Chaussée à Montargis. Les quatre agents de la Bac (Brigade anti-criminalité) qui patrouillaient dans le quartier ont reçu des tirs de mortier d'artifice alors qu'ils patrouillaient en voiture. Ils n'ont pas été blessés. Mais ils ont déposé plainte.Qu'attend notre administration ? Qu'il y ait un drame ? Qu'un de nos collègues tombent sous les coups, sous les jets de projectiles, sous les explosions de mortiers de délinquants notoires ?
"A Montargis, les tirs de mortiers sur les forces de l'ordre sont des phénomènes nouveaux mais qui sont totalement inadmissibles. C'est pourquoi ils ont rapidement été identifiés et interpellés", explique Loïc Abrial, le procureur de la République de Montargis.
Les auteurs présumés de tirs de mortier ont été placés sous contrôle judiciaire ce vendredi 22 mai par le juge des libertés et des détentions de Montargis alors que le Parquet avait requis leur placement en détention provisoire.
Une décision qui intervient deux mois après le placement sous contrôle judiciaire de trois personnes accusées de proxénétisme et de séquestration sur une jeune fille de 14 ans à Montargis.
Un mandat d'arrêt avait ensuite été lancé à leur encontre car ces personnes n'avaient pas respecté leur contrôle judiciaire. Seuls deux des trois suspects ont été interpelés.
"Les collègues de Montargis sont écoeurés. Après tout le travail qu'ils ont réalisé pour interpeller les auteurs des tirs sur les collègues en moins d'une journée. Voir qu'ils sont été relâchés et placés sous contrôle judiciaire, c'est inadmissible".
Fabien Arvaron est secrétaire départemental du syndicat Alliance Police nationale du Loiret. Il dénonce depuis des années un manque d'effectifs dans son département et en particulier à Montargis. Mais avec cette décison du juge des libertés et des détentions, "la coupe est pleine" : "Cela devient pénible et lassant pour nos collègues de Montargis qui travaillent déjà en sous-effectif. A quoi bon faire du bon travail quand la justice ne suit pas..."
Un quartier où les opérations de police vont être renforcées
C'est dans ce quartier de la Chaussée qu'en 2019, plusieurs importants trafics de stupéfiants ont été démantelés."On souhaite renforcer les opérations dans ce quartier. Pour avoir une action efficace, cela suppose qu'on ait davantage de moyens en termes d'effectifs de Police nationale. Le nouveau Directeur départemental de la Sécurité a bien pris la mesure du problème. Mais il est évident qu'il y a un manque d'effectifs préoccupant dans le Loiret depuis des mois", constate Loïc Abrial, le Procureur de la République de Montargis.
Le syndicat Alliance police nationale 45 renouvelle sa demande d'effectifs pour Montargis
"Il faudrait au moins 20 fonctionnaires de plus à Montargis"
Fabien Arvaron, secrétaire départemental du Syndicat Alliance Police nationale tire la sonnette d'alarme depuis 2015 : "Montargis est une circonscription proche de Paris avec de plus en plus de trafics et de gangs. C'est une plaque tournante pour les stupéfiants. Il y a du travail. Il faut donc des effectifs et des moyens".86 policiers de terrain au lieu de 110 : le syndicat appelle les maires, les députés et les sénateurs à relayer sa demande auprès du ministère de l'Intérieur et de la Direction centrale de la sécurité : "En deux ans et demi, le Loiret n'a pas vu un seul nouveau collègue. On veut bien former des policiers sortis d'école. Mais il faut que l'administration se rende compte que la situation devient critique à Montargis".
Commissariat de Montargis : un trop bon élève ?
Le plus étonnant, c'est que malgré les sous-effectifs et l'augmentation de l'activité, "le nombre d'arrêts maladies est très faible. Par exemple pendant la pandémie, Montargis est le commissariat où il y a eu le moins d'arrêts pour garde-d'enfants ou autres", constate Fabien Arvaron, d'Alliance Police nationale. Il s'interroge : " C'est peut-être ça le problème. A quoi bon renforcer les effectifs si les gars font du bon travail comme ça ?"Il conclut : "Ce qui est flagrant à Montargis c'est la solidarité entre collègues. Sinon ils ne tiendraient pas de toute façon."
Que risquent les auteurs présumés des tirs de mortier d'artifice sur les policiers de Montargis ?
Ce vendredi 22 mai dans la soirée, les deux auteurs présumés qui sont majeurs (24 et 19 ans) ont été placés sous contrôle judiciaire par le Juge des libertés et des détentions. Ils seront jugés le 10 juillet.Quant aux deux auteurs présumés qui sont mineurs, ils ont été mis en examen et ont été placés sous contrôle judiciaire en attendant de comparaître devant le juge des enfants.
Les auteurs présumés encourent une peine d'emprisonnement de 3 ans. Cinq infractions ont été retenues à l'encontre des uns et des autres : violences aggravées sur policiers, faits de rebellion, provocation directe à la rebellion, outrage et dégradation de biens publics.
Le plus âgé, celui qui a 24 ans, est poursuivi pour avoir filmé les faits avec pour objectif de les diffuser sur les réseaux sociaux. "C'est ce qu'on appelle le Happy slapping. C'est une forme de complicité pour les faits de violence sur personnes dépositaires d'autorité publique. Il encoure lui aussi une peine de 3 ans d'emprisonnement", précise le Procureur de la République.