Violences faites aux femmes : dans le Loiret, une association milite pour un hébergement d’urgence à moyen et long terme

Alors qu’une série de mesures vient d’être dévoilée avec notamment la création de 1000 solutions d’hébergement pour les victimes dès 2020, le collectif d’associations Luna agit en faveur de la création d’hébergements d’urgence à moyen et long terme.

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1000 solutions d’hébergement pour les femmes victimes de violences, c’est la promesse d’Edouard Philippe ce matin à l’issue du Grenelle sur les violences faites aux femmes. La nature de ces hébergements n’a pas encore été précisée mais dans le montargois, une association milite et agit pour la mise en place de solutions à moyen et long termes assorties d’un accompagnement social.
 
Crée en septembre 2019 afin de peser dans les débats locaux, le collectif d’associations Luna qui regroupe plusieurs associations accompagnant les femmes victimes de violence dans le montargois ( Femmes solidaires, Mille sourires, l’AVL (Association d’aide aux victimes du Loiret), le CIDFF…) fait de l’hébergement d’urgence son cheval de bataille. Le projet présenté par le collectif lors d’une session du grenelle organisée à Montargis début novembre, s’articule sur deux volets : la mise à l’abri grâce à l’hébergement d’urgence et la gestion d’un ou plusieurs appartements afin d’accueillir des victimes sur du moyen ou long terme.

"La mise à l’abri en soit elle existe avec le 115", explique Hélène Thibaud, présidente de l’association d’aide aux victimes du Loiret, AVL, qui fait partie du collectif Luna. Il existe aussi dans le Loiret 20 places dédiées aux femmes victimes de violences, "sauf qu’il y a une pénurie de places et que cette mise à l’abris seule ne suffit pas puisqu’on a affaire à des femmes qui sont désemparées, qui sont dans un état psychologique compliqué".  

Annick Riffault, présidente de l’association Femmes solidaires, aussi membre du collectif précise qu’actuellement, pour pallier le manque d’hébergements d’urgences immédiat, "la seule solution c’est l’hôtel ! Mi-octobre, nous avions besoin d’un hébergement d’urgence mais il n’y avait rien. Si l’association Luna n’avait pas été réactive, cette dame était à la rue. On lui a finalement trouvé une chambre d’hôtel".
 
La dame est depuis hébergée dans sa famille à titre provisoire. Là encore, une situation précaire puisque "à tout moment elle peut être amenée à dégager", explique Hélène Thibaud. "Et dans les violences intrafamiliales, on sait qu’on a aussi le poids de la famille, des jugements, c’est extrêmement compliqué. Ce n’est pas l’endroit le plus favorable pour  débuter une reconstruction. Ca ne peut être qu’extrêmement temporaire".
 

Un appartement comme lieu de refuge physique et psychique

L’objectif principal de Luna, c’est donc l’hébergement à moyen et long terme, avec intervention des travailleurs sociaux, afin que les personnes victimes de violences puissent avoir un logement sur 6 mois pour se reconstruire et aient le temps de faire les démarches nécessaires auprès des bailleurs pour obtenir un logement à plus long terme.  

Elle milite donc pour obtenir la gestion locative d’un appartement. Un lieu de vie qui se substituerait aux lieux de survie que constituent les hébergements d’urgence. "Cela permettrait de contrecarrer tous les inconvénients de l’hôtel : l’espace réduit, la gestion des repas, du linge, s’occuper des enfants, de leur éveil. Sachant que, quand une femme part, elle part avec peu de choses. Cet appartement pourrait donc être un lieu de vie dans la journée mais également un lieu de rencontre avec le travailleur social qui va accompagner ses femmes", explique Hélène Thibaud.

L’association Luna souhaite donc mettre en place une intermédiation locative avec un bailleur. Concrètement, l’appartement resterait la propriété du bailleur mais serait confié à Luna pour que l’association soit autonome dans son utilisation et mette le plus rapidement possible les victimes à l’abri tout en leur assurant l’accompagnement social dont elles ont besoin. "On a l’exemple d’une dame à Orléans victime de violences conjugales qui "a pris bien cher" et, de par son état, n’a plus l’autorisation de conduire. En attendant, nous allons la visiter à domicile. C’est aussi ça parfois les spécificités des victimes", explique Hélène Thibaud.

 "Si on ne laisse pas à une victime la possibilité d’aller ailleurs, qu’est-ce qu’elle va faire ? Elle va retourner au domicile. Il faut lui donner l’espace physique et psychique pour qu’elle puisse avancer. Si elle ne se sent pas en sécurité, qu’elle ne craint rien et ne peut pas lâcher prise, le cycle de la violence perdurera".

Pour autant, l’association se confronte régulièrement à la douloureuse question des moyens. La secrétaire d’État chargée de l’Égalité hommes/femmes, Marlène Schiappa, avait mis en place un fonds spécial d’un million d’euros pour les associations locales, baptisé fond Catherine. Pour la Région Centre-Val de Loire, il représentait 45 000 euros dont 7000 pour le Loiret. "Ces fonds ont été alloués à des montages financiers au niveau de la région. Nos associations respectives ne sont pas régionalisées donc nous n’avons pas accès à ces fonds-là. On en aurait pourtant bien eu besoin. Mais voilà. Il y a un principe de réalité aussi", déplorent les membres de Luna.

Il existe actuellement 20 places d’hébergement d’urgence dans le Loiret dont 5 sur le montargois. Le préfet a annoncé vouloir les doubler. Dans le Loiret au 30 aout 2019, on dénombre 142 victimes de violences conjugales.
 
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