Olivet : des journalistes ont-ils été empêchés de suivre la visite de Florence Parly ?

Lors du déplacement de Florence Parly à Olivet (Loiret), ce lundi 12 avril, le ministère des Armées a limité le nombre de journalistes autorisés à suivre la visite du vaccinodrome. Une première que dénonce Mourad Guichard, correspondant orléanais pour plusieurs médias nationaux.

"On a été invité à ne pas venir". Dans la voix de Mourad Guichard, on ressent à la fois de l’amusement, de l'étonnement, de l'agacement avec une pointe d'inquiétude. Le journaliste, correspondant pour plusieurs médias nationaux, installé à Orléans, n’a pas pu suivre la visite du vaccinodrome d'Olivet par Florence Parly, ce lundi 12 avril. La ministre des Armées a assisté aux débuts de ce centre de vaccination de grande ampleur géré par des militaires.

Habituellement les journalistes demandent des accréditations auprès de la Préfecture. Mais cette fois-ci, la couverture médiatique de l'évènement a été assurée par ce que l'on appelle un "pool". Pour chaque support, un seul media. Pour la TV, France 3 Centre-Val de Loire avait été choisie. "Par exemple, si on rentre dans un EHPAD pour parler de la santé des personnes âgées, lors d’une visite ministérielle, évidemment on va faire un pool, pour ne pas les déranger. Ça ne me pose aucun problème. Mais [...] 100 % de la visite ne peut pas être "poolé". Ce n’est pas possible", estime Mourad Guichard.

Respecter la jauge

Pour travailler, il fallait qu'ils appellent ses confrères, sur place. "On ne peut pas imposer notre point de vue de rédacteur qui n’a pas la même ligne éditoriale, la même sensibilité. Ce n’est pas jouable".

C’est comme si l’Humanité comptait sur un récit de Valeurs actuelles pour un reportage sur les migrants. Ça n’a aucun sens.

Mourad Guichard

Face à la protestation, il a finalement pu assister aux échanges entre la ministre et la presse. Mais comment poser des questions pertinentes sans avoir assister à la visite ?

Est-ce un signe de la fébrilité du Gouvernement sur la question du Covid ? Le service communication du ministère des armées se justifie en évoquant la crise sanitaire. "C’est une décision du cabinet de la ministre suite aux dernières restrictions. Il n’y a pas plus de quatre journalistes pour ne pas dépasser la jauge de six personnes présentes. Même au point presse à Paris, on ne peut pas accueillir plus de quatre journalistes en présentiel", explique-t-on. "J’arrive à la fin de la visite", raconte Mourad Guichard. "Il y avait une trentaine d’huiles essentielles autour de la ministre qui étaient au coude à coude. Tout le gratin habituel, députés, sénateurs, militaires..."

Crispation ?

"Entre la sécurité des gens et la communication politique, ils ont sacrifié clairement le pluralisme médiatique", assène Mourad Guichard. De quoi inquiéter le journaliste alors que les élections régionales et départementales sont, pour l’instant, prévues en juin 2021 et la présidentielle dans un an. "Si on ne joue pas le rôle de contre-poids, si on ne peut pas aller sur place, repérer dans la communication des choses qui ne sont pas cleans, de fait, il y a une entrave". Au service communication du ministère des Armées, on assure que les choses reviendront à la normale dès la fin du confinement.

 

16 avril : Mise au point de la préfecture du Loiret, en charge de l'organisation du déplacement de la ministre à Olivet :

"Nous avons envoyé un mail à tous les journalistes, dont France 3 et M. Mourad Guichard, le vendredi soir, plus de deux jours avant la visite ministérielle. Nous prévenions que la déambulation dans le centre de vaccination serait inaccessible [aux journalistes ne faisant pas partie du pool], mais qu’ils étaient tous invités à participer au point presse, et qu’on organisait ensuite une deuxième visite, permettant d’interviewer les militaires, les médecins, etc. Nous précisions attendre une réponse avant le lundi matin, pour qu’ils puissent tous venir poser leurs questions à la ministre.

Ce mail a bien été envoyé à M. Mourad Guichard, mais il n’avait pas demandé à être accrédité. Il s’est présenté au centre de vaccination, et une collègue de la préfecture est allée à sa rencontre pour qu’il puisse rentrer dans la salle malgré tout. Quant à la deuxième visite, M. Guichard n’a pas voulu y participer.

Le pool est un choix qui a été fait, eu égard de la nature de la visite. Nous avons choisi de limiter le nombre de personnes présentes sur la partie où pouvaient se produire des interactions avec le public fragile à vacciner.

Nous n’avons pas cherché à écarter une partie de la presse. Ce n’est pas le cas, ça ne l’a jamais été, et ça ne le sera jamais."

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