Orléans rallume son éclairage public la nuit dans le centre-ville pour lutter contre "des comportements délictueux et inacceptables"

Mercredi 2 octobre, le maire d'Orléans Serge Grouard a annoncé que l'éclairage public serait rallumé toute la nuit dans le centre-ville (intramail) afin de lutter contre les incivilités.

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C'est un souhait de longue date des riverains du centre-ville que le maire d'Orléans, Serge Grouard, vient d'exaucer ce mardi 2 octobre à l'occasion du Forum de quartier du centre-ville. "Nous avons pris la décision de rallumer le centre-ville afin de lutter contre ce sentiment désagréable d'inquiétude", a annoncé le maire, selon des propos rapportés sur le site de la ville. Une annonce suivie "d'applaudissements", car "l'éclairage était le premier sujet de demande des habitants à la mairie", ajoute Serge Grouard.

À l'hiver 2022, avec la crise énergétique, de nombreuses communes avaient mis en place une réduction de leur éclairage nocturne pour faire face à la flambée du coût de l'électricité. Orléans avait alors acté l'extinction de l'éclairage public de minuit à 5h du matin. La ville avait même tenté en mai 2023 d'aller plus loin et d'éteindre ses lampadaires durant l'intégralité de la nuit. Une mesure provisoire qui devait prendre fin en août mais que la municipalité a stoppé au bout de deux semaines après que plusieurs habitants se sont plaints d'un fort sentiment d'insécurité.

C'est encore ce même sentiment d'insécurité qui a donc motivé la ville à rallumer partiellement son éclairage. Même si la municipalité ne note pas une augmentation de la délinquance la nuit, le maire évoque "des comportements délictueux et inacceptables" qui seraient exacerbés grâce à l'obscurité. En outre, la mairie donne comme exemple des personnes qui profitent de l'obscurité pour uriner n'importe où et des nuisances liées à une forte alcoolisation.

Plusieurs communes en France font machine arrière

Orléans n'est pas la première ville à rallumer ses éclairages la nuit. 13 communes de la communauté d'agglomération du Val-Parisis en Ile-de-France, ont ainsi décidé de rétablir l'éclairage public la nuit après avoir remplacé leurs ampoules traditionnelles par des Leds. La commune de Serémange-Erzange en Moselle a fait le même choix en avril après une série de vols de roues de voitures. En novembre 2023, la ville du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne) avait consulté ses habitants pour savoir s'ils souhaitaient maintenir éteint l'éclairage public la nuit. Ils avaient répondu non à 88%.

Ces revirements s'expliquent en partie par la modernisation du système d'éclairage public. Les ampoules à filament et les néons sont progressivement remplacés par des leds, réduisant drastiquement, parfois même de moitié, la facture d'électricité. La métropole d'Orléans s'est d'ailleurs lancée dans un programme de renouvellement de tout l'éclairage de l'agglo pour atteindre le "100% leds" en 2026. Les économies réalisées grâce aux extinctions nocturnes de la ville d'Orléans auraient généré une économie d'environ un million d'euros qui permettront même d'accélérer ce programme.

L'insécurité n'augmente pas contrairement au sentiment d'insécurité

Mais l'argument le plus souvent évoqué pour justifier ces rallumages en série est le sentiment d'insécurité. 91% des Français estiment en effet que l'éclairage public joue un rôle dans la sécurisation des déplacements nocturnes. Or, les études tendent à démontrer qu'il n'y a pas de lien entre éclairage public et délinquance. La mairie d'Orléans reconnaît d'ailleurs qu'aucune hausse des actes de délinquance n'a été relevée avec la mise en place de l'extinction partielle de l'éclairage public.

En France, les chiffres recensés par les compagnies d'assurances et la gendarmerie tendent même plutôt à démontrer le contraire puisque 99% des délits et méfaits nocturnes auraient lieu dans des rues parfaitement éclairées, et 80% des cambriolages auraient lieu le jour. "La majorité des cambriolages est faite quand les gens ne sont pas à leur domicile", confirmait le Directeur Départemental de la Sécurité Publique du Loiret (DDSP) Thierry Guiguet-D'Oron en 2022. Il précisait d'ailleurs que, s'il n'y a pas d'éclairages, les regroupements sont moins nombreux.

"Ce n'est pas l'insécurité, mais "le sentiment d'insécurité" qui augmente.

Thierry Guiguet-D'Oron, Directeur Départemental de la Sécurité Publique du Loiret (DDSP) en 2022.

Sur la sécurité routière également, le Directeur Départemental de la Sécurité Publique a pu se rendre compte que "les gens ont plutôt tendance à rouler moins vite" quand les zones ne sont pas éclairées et que "les accidents sont moins graves." En 2019, 12 000 communes pratiquaient déjà l'extinction de l'éclairage public en pleine nuit sans pour autant constater une augmentation du nombre d'accidents ou de délits routiers.

Quid de la biodiversité ?

Si ce retour de la lumière dans certaines communes rassure les riverains, il inquiète par contre les associations de défense de l'environnement. Car la pollution lumineuse générée par l'éclairage artificiel menace la biodiversité en modifiant le comportement nocturne de la faune. "Ça montre bien que la volonté de base était bien de faire des économies d'énergie et non de mettre en valeur la biodiversité et le patrimoine naturel que l'on peut avoir sur notre territoire", déplore Amélie Beillard, chargée d'études sur les chauves-souris à la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) du Centre-Val de Loire.

À Orléans, l'intégralité du centre-ville (ou intramail) sera rallumé toute la nuit, à partir du 1er novembre 2024, le temps de reprogrammer le système d'éclairage urbain.

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