Le ministre de la justice est à Orléans ce mardi 20 décembre pour annoncer la généralisation des chiens d'assistance judiciaire partout en France. Au centre hospitalier d'Orléans, un chien intervient déjà auprès des mineurs victimes. Avec "que des effets bénéfiques".
Il n'est là que depuis 1 an et demi, mais il est déjà l'un des piliers de l'unité. Lui, c'est Orko, un fringant golden retriever arrivé dans le Loiret en juin 2019 à l'âge de 2 ans. Il a alors intégré l'unité d'accueil pédiatrique enfance en danger (UAPED) du centre hospitalier d'Orléans, où il vient accompagner des mineurs victimes de violences.
Orko est ce que l'on appelle, dans un jargon encore assez peu répandu, un chien d'assistance judiciaire. Une pratique venue d'Amérique du Nord, encore peu connue en Europe, expérimentée en France pour la première fois dans le Lot en 2019. De cette expérience, la députée Renaissance Huguette Tiegna a tiré une proposition de loi, enregistrée à l'Assemblée nationale en 2020, et toujours dans les tuyaux parlementaires.
Un chien par département
Ce mardi 20 décembre, c'est le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti lui-même qui a décidé de s'engager dans la brèche. En visite au tribunal judiciaire d'Orléans, accompagné de Brigitte Macron, le garde des Sceaux a promis le déploiement d'un chien d'assistance judiciaire par département, au moins, grâce à un partenariat avec l'association Handi'Chiens, qui fait suivre une longue formation aux animaux. Le ministre a également profité de sa visite pour rencontrer Orko, ainsi que sa référente, Marie-Laure Toulmé, infirmière à l'UAPED.
Lorsque la venue d'Orko à Orléans commençait à se confirmer, la soignante s'était proposée pour assurer sa charge. "Le soir, il repart avec moi, il part en week-end et en vacances avec moi, et je l'emmène chez le vétérinaire", raconte Marie-Laure Toulmé.
Mise en confiance
De l'arrivée d'Orko, l'infirmière ne tire "que des effets bénéfiques, que ce soit pour l'enfant, ses accompagnants, l'enquêteur, l'équipe ici" :
"C'est particulièrement flagrant pour les adolescents, parce qu'ils arrivent fermés, inquiets, sur leur téléphone. C'est souvent difficile d'établir le contact. Je leur explique alors qu'ils ont la possibilité d'avoir un chien. Et on voit la différence, leurs épaules qui se détendent, leur sourire qui apparaît."
Marie-Laure Toulmé
Car, pour les mineurs victimes, la démarche de venir à l'UAPED est une épreuve en soi. "L'enfant arrive dans un endroit qu'il ne connaît pas, avec des gens qu'il ne connaît pas, pour parler de choses dont il n'a pas envie de parler." Au milieu de cet océan d'inconnu, le chien apparaît comme une bouée de sauvetage. "L'enfant voit de la bienveillance, il se détend, il s'apaise". Un moyen de mettre en confiance, la confiance menant à la parole.
Même les enquêteurs sont plus détendus
Orko s'est aussi imposé comme une vraie solution à l'austérité d'une audition par un enquêteur. Durant laquelle -c'est la loi- l'enquêteur et la victime sont seuls. "Avant l'audition, on avait déjà des outils pour détendre les enfants, comme des clowns, raconte Marie-Laure Toulmé. Mais pendant l'audition, on était démunis."
L'arrivée du chien a tout changé. Car lui a le droit d'accompagner le mineur. Selon l'infirmière, il apaise les plus tendus, et calme les hyperactifs. "Il est très passif, il reste toujours couché, et certains enfants finissent pas s'assoir à côté de lui pour se mettre à parler." Preuve du miracle : la soignante se souvient d'une audition par un enquêteur au commissariat qui n'avait "rien donné", avant d'être reconduite avec succès au sein de l'UAPED, avec Orko. "Et on a même des enquêteurs qui nous disent que les auditions sont moins pesantes pour eux."
L'arrivée du chien à Orléans est encore trop récente, mais l'objectif à terme est de pouvoir accompagner les enfants victimes de leur première audition à leur audience, en cas de passage par la case tribunal. C'est en tout cas le souhait affiché par Eric Dupond-Moretti, et "une piste de travail" évoquée à l'UAPED du CHRO.