L’ancien maire d’Orléans Jean-Louis Bernard est décédé

Affaibli par la maladie depuis plusieurs années, le Dr Bernard a connu tous les mandats : maire, député, conseiller général et conseiller régional. Il s’est éteint à l’âge de 81 ans. 
 

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Il ne sera resté que six mois dans le fauteuil du maire d’Orléans ce qui suffit tout de même pour que son nom soit inscrit en lettres d’or sur les murs du salon d’honneur de l’hôtel Groslot, où figurent tous ceux qui ont un jour dirigé la ville. En si peu de temps, il n’aura pas eu le temps de transformer la cité johannique ou de laisser un grand projet qui porterait son nom. Mais Jean-Louis Bernard aura aussi exercé bien d’autres mandats qui en font une des figures marquantes de la vie politique loirétaine de ces trente dernières années.

Retour sur son parcours

La vie politique n’a cependant été qu’une partie de sa vie car pour beaucoup, Jean-Louis Bernard, c’était surtout « le docteur Bernard », chirurgien réputé de l’hôpital d’Orléans spécialisé entre autres dans les opérations de la thyroïde. « Je peux vous confirmer qu’il adorait ses patients »  reconnaît Jean-Pierre Sueur, ex-maire socialiste d’Orléans, qui fut l’un de ses principaux adversaires dans les urnes. « Mais en tant que rival, il a toujours été d’une grande courtoisie, poursuit-il. C’était un républicain qui s’intéressait à la politique et pas à la polémique. »
 

Sa carrière politique débute dans l’ombre de Jacques Douffiagues, maire d’UDF d’Orléans de 1980 à 1988. Promis à un brillant avenir (il sera brièvement ministre), M.Douffiagues, proche de François Léotard, claque brutalement la porte en cours de mandat municipal après avoir été battu aux législatives. Selon l’ex-député du Loiret Claude de Ganay « il a un peu craché dans la soupe en expliquant qu’il en avait marre de tâter le cul des vaches. » Jacques Douffiagues confie les clefs de la ville à Jean-Louis Bernard qui, quelques mois plus tard, se retrouve lancé dans la campagne municipale de 1989 avec pour mission de défendre l’héritage. Lequel présente de l’actif et du passif. Côté passif, la construction d’une bizarrerie architecturale en plein centre ville, la place d’Arc, dont « les charmes » font encore débat aujourd’hui. A l’époque beaucoup d’Orléanais critiquent aussi sa vocation d’accueil d’une galerie commerciale et d’un supermarché.
 

Les mauvais comptes de la période Douffiagues


Dans ce contexte difficile, Jean-Louis Bernard doit céder le fauteuil de maire à Jean-Pierre Sueur, vainqueur avec 51% des voix. En 1995, il est de nouveau choisi par la droite locale pour mener la campagne face au sortant dans un contexte qui semble plus porteur puisque quelques semaines plus tôt, Jacques Chirac a obtenu 55% des voix à la présidentielle.  Mais il échoue encore plus largement face à Jean-Pierre Sueur (57%).
Jean-Louis Bernard renonce à briguer à nouveau le poste de maire mais il n’en a pas tout à fait fini avec les affaires municipales puisqu’il reste conseiller d’opposition et que la période « Douffiagues » va se rappeler à lui dans les années qui viennent. La cour des comptes lui reproche une mauvaise gestion de la Cemopa une société d’économie mixte qu’il a dirigée quand il était adjoint au maire et qui a, selon les magistrats, distribué beaucoup trop d’argent public à des sociétés qui géraient les parkings de la ville.

Jean-Louis Bernard aura plus de succès dans ses mandats de conseiller régional (86-92), conseiller général (92-2011) et député (93-2012), en affichant l’étiquette du parti radical valoisien, rallié à l’UMP. A l’assemblée nationale, son nom ne reste pas associé à une loi importante mais il s’est beaucoup impliqué dans les questions de défense nationale en tant que rapporteur du budget des armées. Selon les observateurs, il était surtout un député de terrain, proche des gens de sa circonscription plus qu’un législateur. « C’était un tribun. Un orateur incroyable avec des élans à la Malraux ! » se souvient Claude de Ganay qui fut son suppléant de 1997 à 2012 avant de lui succéder à l’assemblée.
 

« Un homme réservé et chaleureux »


Pour Serge Grouard, qui fut son colistier malheureux en 1995 avant de lui succéder à la mairie, « il était réservé, chaleureux, avec un grand recul sur les choses de la vie. » Après avoir assumé ses responsabilités, Jean-Louis Bernard a mis le pied à l’étrier de quelques élus de droite comme Serge Grouard, Charles-Eric Lemaignen ou Claude de Ganay qui aimait son côté paternaliste. « Il m’expliquait comment il fallait occuper le terrain : « Demain il y a une réunion à Jargeau, tu dois y aller. » Plus tard il m’appelait après mes passages radio ou télé en disant : « Mon cher Claude, je t’ai trouvé pas mauvais. Tu as beaucoup progressé ! »
 

Retiré des affaires politiques, il continuait à suivre les dossiers orléanais, en particulier les sujets culturels qui concernaient le théâtre, comme l’explique Jean-Pierre Gabelle, actuel adjoint au maire d’Orléans, qui a commencé sa carrière municipale à ses côtés du temps de Jacques Douffiagues : « Je le rencontrais encore quand il faisait ses courses. Il m’invitait à boire un verre à la maison et on refaisait la France. Il avait toujours son humour et son franc-parler. Je m’attendais un peu à cette mauvaise nouvelle, il avait été hospitalisé récemment. »

En raison de la situation sanitaire, ses obsèques auront lieu en comité très restreint mais la ville d’Orléans et le département du Loiret prévoient de lui rendre un hommage particulier dès que possible.

Certains rappelleront sans doute à cette occasion l’interview qu’il avait accordée en 2003 au journal Le Monde, après que la canicule avait fait beaucoup de dégâts dans les maisons de retraite, et qui prend aujourd’hui une étrange dimension prophétique : « Avant il y avait la peste et le choléra. On peut imaginer à l’avenir qu’une maladie pulmonaire emporte les personnes âgées… »
 
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