Antisémitisme, attaques en Justice, ventes du roman... Où en est l'affaire Yann Moix ?

Depuis la sortie de son roman "Orléans", Yann Moix est rattrapé par son passé et un enchaînement légitime de polémiques. 

Tout commence le 21 août. Yann Moix, surtout connu comme romancier et pour son passage tumultueux dans l'émission On n'est pas couchés, sort son nouveau livre.

Sobrement nommé "Orléans", il est bien désigné par la maison d'éditions comme un roman, soit au premier abord une oeuvre de fiction. Mais la dimension autobiographique apparaît rapidement avec la promotion qui en est faite par Yann Moix. "Ce livre est né d'un élan vital, car tous les écrivains sont obligés de retourner un jour à la source première de leur enfance", énonce-t-il par exemple dans une vidéo de présentation réalisée pour son éditeur

Dans ce livre, il détaille les sévices qu'il affirme avoir subis de ses parents, d'une cruauté difficilement soutenable. Humilié, frappé à coups de câble électrique, forcé de manger ses propres excréments... L'écrivain décrit l'enfer. 
 

"Orléans" : du procès littéraire au passage en justice


La publication du roman suscite d'abord une réaction du père de Yann Moix. Le lendemain, la réponse de José Moix, ancien kinésithérapeuthe à Orléans, paraît dans L'Obs. "J’ai éduqué mes enfants comme j’ai pu et certainement de manière trop sévère, mais très loin des sévices décrits", écrit-il.

Il renvoie le costume du bourreau à son fils. "Yann n’a jamais accepté la naissance de son petit frère Alexandre. (...) Il a toujours voulu "éliminer" Alexandre, et quelques fois de manière physique. Lorsque vous avez un enfant de six ans qui veut défenestrer du premier étage son petit frère et qu’on le rattrape in extremis, comment réagir ?"

Alexandre Moix, inexistant dans le roman proclamé autobiographie, prend à son tour la parole quelques jours plus tard et appuie la version donnée par son père. "Il sacrifie la réalité sur l'autel de ses ambitions littéraires. C'en est trop. (...) J'ai appris que Yann se vantait en privé d'avoir tout exagéré, à l'excès, à dessein." écrit le cadet dans une lettre ouverte publiée par le Parisien. 

Après ce déluge de démentis, Yann Moix ne recule pas. La lumière sur les responsabilités de chacun devrait être faite devant les tribunaux. L'auteur a décidé d'attaquer sa famille en Justice, selon son avocat, "dans un temps où il n'y aura plus d'accusation de promotion."
 

 

Antisémitisme : Yann Moix face à lui-même


A cette première polémique s'en ajoute une seconde, qui démarre le 26 août lorsque le journal l'Express exhume des dessins antisémites et négationnistes, réalisés par Yann Moix alors qu'il était étudiant. Il collabore alors à une publication nommé "Ushoahia, le magazine de l'extrême". Dans un des dessins, Yann Moix reprenait une publicité pour une célèbre boisson gazeuse mettant en scène un homme en tenue de déporté avec ce slogan : "Coca-Crema, you can beat the Jew!"

L'écrivain reconnaît tout d'abord être l'auteur de ces dessins, et répond : "L'homme de cinquante ans que je suis est littéralement épouvanté de ce qu'il a pu produire, en l'espèce, à 21 ans." Yann Moix nie en revanche être l'auteur des textes ultra-violents qui accompagnent ses productions graphiques. Un mensonge que l'Express démasque deux jours plus tard, en exposant les manuscrits originaux signés de l'auteur. 
 
Si Yann Moix présente rapidement ses excuses, des internautes rappellent qu'il a frayé dans les milieux antisémites et négationnistes bien plus récemment, en affichant des photos de lui notamment en compagnie d'Alain Soral.  La tempête provoquée par ces révélations pousse Yann Moix à arrêter la promotion de son roman "Orléans". En librairie, le succès de l'ouvrage est resté mince au regard du remou médiatique : quelque 10 000 exemplaires selon les comptes du Parisien. Loin d'une autre star de la rentrée littéraire, la Belge Amélie Nothomb, dont le nouveau roman a déjà été couronné de 35 000 ventes. 


De nouveaux remous après On n'est pas couché


Le 31 août, l'invitation de Yann Moix sur le plateau de l'émission On n'est pas couché, prévu de longue date, est maintenue. Il fait face à ses anciens camarades de plateau, et notamment Laurent Ruquier, qui se décrit lui-même comme son "ami"

"Mon cher Laurent, je me détesterais si je parlais de mon livre. La première chose, je demande pardon pour les dessins abjects, choquants, que j'ai commis à 20 ans. Le jeune homme que j'étais, je lui cracherais dessus aujourd'hui" déclare l'écrivain à l'ouverture de l'émission. L'exercice a été jugé complaisant par beaucoup et y compris la direction de France 2, selon le Journal du Dimanche"Ils estiment que Ruquier n’a pas fait son boulot, que l’émission n’est pas du tout à la hauteur de la polémique et que c’est indigne que France 2 puisse diffuser un tel programme" a résumé le journaliste Renaud Revel. 

La chaîne n'a d'ailleurs pas pris la peine de diffuser le droit de réponse exigé par Alexandre Moix. Lors de l'émission, son frère aîné l'a de nouveau accusé d'être à l'origine des révélations concernant ses dessins antisémites, et d'être lui-même lié aux mouvances d'extrême-droite. Selon 20Minutes, Alexandre Moix envisage à son tour des poursuites judiciaires, cette fois envers la chaîne. Télé Loisirs affirme cependant que la chaîne et le plaignant pourraient trouver un terrain d'entente à l'amiable. 
 

La négrophobie, la partie occultée de la polémique


Quelques jours plus tard, le 5 septembre, Le Point ajoute à l'antisémitisme une accusation de négrophobie, passée inaperçue jusque-là. "La une de son journal : un Africain famélique et libidineux, couteau et fourchette dans les mains, au sexe proéminent en érection, se pourlèche les babines, couverture du magazine Lui représentant des femmes nues à ses côtés" décrit le journaliste Aziz Zemouri. Des propos qui n'ont pas fait partie du pack d'excuses présenté par Yann Moix sur les plateaux télé.  Dernier épisode en date : le 6 septembre, la chaîne Paris Première a annoncé sa décision de ne pas reconduire à la rentrée l'émission présentée par le romancier, "Chez Moix", "les conditions n'étant pas réunies pour qu'elle soit produite sereinement". 

 
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