L'association ASSOPOL veut prévenir le suicide chez les policiers

Le 4 janvier a débuté un macabre décompte. Un premier policier, membre du service de la protection des personnalités (SDLP), s'est donné la mort à Paris. Pour tenter d'éviter ces drames une association, créée par un ex-Orléanais (Loiret), agit depuis un an.

Il faut arrêter de penser qu'en restant seul on va s'en sortir. Au contraire on ajoute des couches et au bout d'un moment on explose.

Ces mots sont ceux de Cyril Cros, un policier de 45 ans, aujourdhui fonctionnaire à Bordeaux et qui a vécu son adolescence à Orléans, là où sa vocation s'est éveillée, là où il revient régulièrement voir sa mère.

En 2019, 59 fonctionnaires des forces de l'ordre se sont suicidés.

Pour Cyril Cros il y a un avant et un après.

Avant

son "burn out", qui couvait depuis 2016 et s'est déclenché en 2018, il y avait des tentatives de certitudes :

On s'habitue à la pression constante que subit le policier de terrain. On pense que c'est comme ça, qu'il faut faire avec. (..) On voit des choses difficiles tous les jours et on partage la détresse des gens qu'on aide. On absorbe tout ça et on garde tout en soi parcequ'on ne veut pas embêter ses collègues ou sa famille avec des problèmes supplémentaires.

 

L'après

est forcèment différent, fait de doutes, d'un effort de reconstruction et d'une nécessité de partager cette expérience à la fois traumatisante et rédemptrice.
Lui a connu une hospitalisation de plus de deux mois dans une clinique et, grâce à une rencontre avec une psychologue lors d'une émission de télévision sur France 2, 6 semaines de retour à la vie au sein de l'ANAS (L'Association nationale d'Action Sociale de la Police nationale et des personnels du Ministère de l'Intérieur) Le Courbat, implanté sur la commune du Liège, au sud-est de Tours (Indre-et-Loire). Il y a découvert le "lâcher prise" et la solidarité, également la nécessité de guider ses collègues enfermés dans la souffrance et, parfois, le déni du mal être.

ASSOPOL

ASSOPOL (Association de Soutien aux Policiers) est née il y a un peu plus d'un an pour répondre aux souffrances des policers et aux interrogations des familles.
Cyril Cros et l'un de ses amis chef d'entreprise l'ont pensé et porté sur les fonts baptismaux à la suite de deux années de réflexion et de mise en oeuvre.
Le déclencheur n'est pas l'histoire personnelle de Cyril Cros, mais ce fait-divers très médiatisé du 18 mai 2016. Ce jour-là, quai de Valmy à Paris, une voiture de Police est incendiée et les trois fonctionnaires agréssés par des manifestants.
Assopol naît de la volonté d'agir en faveur des policiers en détresse, mais aussi de retisser des liens avec une partie de la population française rejetant ou se méfiant des forces de l'ordre.
 

Quand on s'est lancé, le SSPO (Service de soutien psychologique du ministère de l'Intérieur) était balbutiant, il n'y avait pas encore de numéro vert pour recueillir la parole des fonctionnaires et on s'est dit que l'on pouvait aider les personnels en souffrance et les familles qui étaient un peu démunies et elles-mêmes dans la difficulté. (..) On a voulu aussi faire de la pédagogie car on voyait que s'étaient des gamins qui nous caillassaient parfois.(..) Donc on vient au secours des policiers qui nous sollicitent avant qu'ils ne basculent dans des idées de suicide et on essaie de retisser des liens avec les jeunes, grâce à des protocoles mis en place, notamment, avec des associations sportives.

Aujourdhui ASSOPOL n'a pas d'adhérents car l'association ne veut pas qu'un collègue est à payer pour être accompagné.
Ce sont les dons qui financent son fonctionnement et des relais, le site internet de l'association ou des amis et connaissances dans les différents commissariats, qui propagent son action.
A la fin de la semaine Cyril Cros, désormais trésorier et porte-parole d'ASSOPOL, sera de retour à Orléans.
Il viendra écouter et soutenir un membre des forces de l'ordre.
Depuis la création d'ASSOPOL, 18 fonctionnaires ont bénéficié de cet accompagnement dans le département du Loiret.
 
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