Avec l'épuisement des ressources et l'impact des prélévements dans l'environnement, l'idée de recycler nos déchets pour y récupérer les matiéres premiéres devient une nécessité et une affaire rentable. Les scientifiques du BRGM travaillent à l'élaboration de processus de recyclages.
La transition numérique et la transition énergetique ont besoin de minerais rares. Une ressource détenue et commercialisée essentiellement par la Chine. Pourtant nos déchets électroniques, nos gravats ou d'anciens rebus miniers contiennent une grande quantité d'éléments précieux pour qui sait les extraire. Au sein du Bureau de Recherche Géologique et Minière, l'Unité "Déchets et Matières Premières" s'intéresse au recyclage de nos poubelles avec les outils de la science minière.
Nos rebuts sont étudiés comme une mine secondaire, c'est-à-dire, que les éléments constitutifs de nos objets peuvent servir à nouveau dans un cycle de production.
Dans l'immense halle de cette unité "Déchets et matières premières" des centaines de disques durs d'ordinateurs passent au broyeur. Dans un vacarme assourdissant, ce qui fut la pointe de la technologie est déchiqueté par d'immenses mâchoires d'aciers.
Une technique employée jadis pour casser des minerais, qui sert aujourd'hui à récupérer un tout petit morceau de métal contenu dans les disques durs d'ordinateurs.
Un aimant métallique constitué des fameuses terres rares justifie tout ce processus. Cette languette de métal représente moins de 3 % du contenu d'un disque dur. C'est inimaginable de démonter ces tonnes de rebut informatiques à la main, avec un tournevis. L'ingéniosité des chercheurs du BRGM consiste à trouver un procédé de récupération de quelques grammes de minerai précieux dans une structure de plastique, aluminium, fer, cuivre, etc.
Non seulement, il s'agit de trouver une technique de recyclage, mais de s'assurer aussi quelle soit rentable. Les quelques grammes de terres rares récupérés ainsi nous rendront moins dépendants de la Chine qui produit 98% de ces terres rares indispensable à l'industrie numérique. Derrière ces recherches appliquées, on retrouve aussi l'enjeu cher au BRGM de l'indépendance de la France dans son approvisionnement en ressources stratégiques.
Né béton, tu retourneras béton
Un des projets de recherche appliquée en cours dans les laboratoires du BRGM se penche sur les gravats. Les déchets du BTP en béton contiennent de précieux granulats. Sables et graviers charriés il y a des millions d'années par les rivières sont indispensables à la solidité des constructions en béton. Les prélèvements ont un impact sur l'environnement et les besoins du BTP restent considérables. Au-delà de la préservation de la ressource, le démantèlement à venir des vieilles centrales nucléaires rend nécessaire le recyclage du béton et son stockage.
Depuis les années 2000, les déchets de béton concassés servent en sous-couche routière ou en remblais, mais il était impossible de dissocier la pâte de ciment des précieux granulats.
Pour retrouver les qualités de la matière première des granulats amalgamés dans la gangue de ciment, l'équipe du BRGM a choisi de cuire le béton aux micro-ondes. Un micro-onde surpuissant fragilise la matière dans le cœur du gravât et facilite la séparation des graviers de la pâte de ciment. Un procédé de recyclage qui permettra notamment de recycler des bétons faiblement radio-actifs pour les utiliser comme matière première dans le secteur nucléaire. Un recyclage qui résout le casse-tête de la gestion des déchets de béton issus du démantèlement des enceintes nucléaires.
Dans la logique d'années passées au service de la recherche minière, les chercheurs d'aujourd'hui du BRGM s'investissent dans le recyclage des déchets miniers.Si aujourd'hui en France, il n'y a plus de mine, c'est à partir de déchets miniers venus de Suède que s'effectuent les recherches pour recycler les rebus passés de la mine. Là, où hier, les industriels ne prenaient pas la peine de pousser l'exploitation totale des matières extraites du sous-sol, aujourd'hui l'évolution technologique transforme ces déchets en ressource minérale. Dans les déchets de la mine, on trouve même des métaux peu intéressant à l'époque et très prisés aujourd'hui.
L'innovation du BRGM est de faire appel à une bactérie pour trier les métaux contenus dans les déchets miniers. Une bactérie extrémophile, présente sur la terre des origines et que l'on retrouve dans les sources chaudes. Chercheurs et ingénieurs mettent au point un système de recyclage de dimension industrielle pour donner une seconde vie à ces tas de déchets miniers.
Pénurie de la ressource minière, dépendance des importations de minerais sensibles, protection de l'environnement sont autant de raisons qui rendent impératifs l'investissement dans le tri et le recyclage. Nos objets industriels, électroniques, nos déchets du bâtiment ou d'anciens rebus miniers sont autant de ressources disponibles à côté de nous. Au sein du Bureau de Recherche Géologique et Minière, l'unité "déchets et matières premières" conduit une trentaine de projets de recherche appliquée de ce type.
Un bon tri est la base du recyclage, mais quelles que soient les évolutions de la technologie, l'idée d'une société qui s'auto entretient en réutilisant à l'infini ses matières premières est inenvisageable dans une société de consommation dont la croissance se nourrit de l'exploitation du sous-sol de la planète.