Tony Chevalier est animateur environnement au conservatoire d’espaces naturels depuis 7 ans. Issu d’une formation scientifique, c’est après un master en écologie au muséum d’histoire naturelle de Paris qu’il a décidé de transmettre sa passion, notamment dans le Loiret.
Cela fait plusieurs années, que Tony parcourt la région Centre-Val de Loire (principalement le Loiret) pour faire découvrir aux gens leur biodiversité : reptiles, chauves-souris, mais aussi orchidées sauvages ou encore plantes comestibles et médicinales.
Tony Chevalier organise entre autres des balades sur le thème des reptiles, l’occasion d’en savoir un peu plus sur ces serpents qui nous effraient inexplicablement !
Le saviez-vous ? En France, on compte 9 espèces de couleuvres et 4 de vipères. En Centre-Val de Loire ce nombre est réduit à 5 espèces de couleuvres :
- la couleuvre verte et jaune,
- la couleuvre d’Esculape,
- la coronelle lisse,
- la couleuvre helvétique,
- la couleuvre vipérine.
Aussi 2 espèces de vipères : les vipères aspic et péliade.
Le fonctionnement économe en énergie de ces animaux et les périodes d’hibernation en font des animaux à grande durée de vie. En France, un serpent peut vivre environ 25 ans.
Mais les prédateurs (rapaces, mustélidés), les accidents de routes ou la simple rencontre avec l’Homme réduisent cette durée de vie à une dizaine d’années à l’état sauvage.
Le jeu des 7 différences
Pour différencier au mieux la couleuvre et la vipère, et malgré une croyance tenace, il ne faut pas se fier à la couleur ni à la forme de la tête. En effet, en suivant ces critères, la couleuvre vipérine par exemple, ressemble trait pour trait à une vipère, une caractéristique idéale pour éloigner un prédateur mais moins efficace contre un coup de pelle.
Les seules différences sont la forme de la pupille, ronde chez la couleuvre et fendue chez la vipère et les écailles sur la tête qui sont grandes chez la couleuvre et petites chez la vipère.
La forme générale du corps reste aussi un critère : longue et élancée chez la couleuvre, courte et trapue chez la vipère. Il faut savoir que les reptiles ne sont pas agressifs, ils sont simplement défensifs.
Une vipère n’attaquera que si elle se sent menacée, préférant faire confiance à son camouflage pour passer inaperçue dans les broussailles. En cas de dérangement, la fuite est privilégiée à la morsure.
Les gestes de premiers secours
S’il y a une morsure sachez qu’elle contient du venin. Ce dernier comprend un subtil cocktail de protéines et d’enzymes. La morsure, bien que douloureuse et entrainant des lésions tissulaires et des troubles de la coagulation, reste peu dangereuse pour l’Homme.
La vipère est économe, son venin étant coûteux à fabriquer, elle préfère mordre sans injecter de venin (on parle de morsure sèche) ou une très faible dose. L’envenimation est donc légère. Il est d’ailleurs à rappeler qu’aucun décès par morsure de vipère n’a été rapporté en France ces dernières années.
Mais en cas de morsure, il faut surtout rester calme, contacter les secours ou se faire conduire à l’hôpital. En attendant les secours, il faut désinfecter la plaie à l’eau et au savon, enlever les bagues, bracelets ou tout ce qui peut entraîner une compression si un gonflement se développe.
Rester au repos permet également de limiter l’afflux de sang et le gonflement. Ce n’est qu’à l’hôpital et après un diagnostic complet, qu’un traitement pourra vous être administré pour limiter la douleur et les symptômes.
En aucun cas, il ne faut sucer la morsure, la cautériser, l’inciser ou poser un garrot, vous pourriez aggraver la morsure. De plus, l’utilisation d’un Aspi venin n’est d’aucune utilité sur les morsures de vipères, il peut même aggraver la situation en faisant éclater les vaisseaux sanguins autour de la morsure et en accélérant la circulation sanguine.
En tête à tête...
Si on trouve un serpent dans son jardin, il est simplement dans son habitat naturel, quelques photos pour immortaliser le moment et on s’éloigne afin de le laisser vivre sa vie. S’il se trouve dans la maison, il suffit de la faire sortir en le guidant avec un balai, mais attention, les coups sur la tête ne sont pas considérés comme un guide acceptable.
Une petite technique pour les plus phobiques d’entre nous consiste à placer dans son jardin (et dans un endroit éloigné) une tôle sur le sol avec en dessous quelques branchages et déchets végétaux. Les serpents préféreront rester dessous plutôt que d’aller ramper dans vos parterres ou dans le salon.
Les serpents font partie de la chaîne alimentaire, ils sont, pour la plupart, de grands consommateurs de micromammifères : souris, campagnols et mulots. Enlever les serpents et ces animaux pulluleront dans nos campagnes.
Sachez qu’en France, tous les reptiles sont intégralement protégés. Il est donc interdit de les tuer, de les capturer ou de les déranger. Mais la meilleure protection pour ces animaux reste la connaissance, prenez le temps de les découvrir, d’aller à leur rencontre et vous changerez certainement d’avis sur nos amis à sang-froid.
Si vous souhaitez en savoir plus ou tout simplement suivre les balades pédagogiques vous pouvez joindre le conservatoire d’espaces naturels de la région Centre-Val de Loire.
► A voir également dans l'émission "Des fourmis dans les jambes" en replay. Un magazine diffusé chaque dimanche à 12h55 sur France 3 Centre-Val de Loire (voir toutes les émissions sur france.tv).