Que s’est-il passé à la crèche le Baron à Orléans ? La structure municipale a fermé brusquement le 14 juin, des salariés ont été suspendus, une enquête administrative est en cours. Les parents ont été prévenus la veille, et ont bien du mal à en savoir plus sur les faits à l’origine de cette situation.
C’est un courriel qui les a laissés sans voix. Nicolas et Elise (les prénoms ont été modifiés) sont informés le jeudi 13 juin au soir que la crèche le Baron où est inscrite leur fille âgée de deux ans, doit fermer le lendemain soir, en raison d’une enquête administrative.
Le mail de la direction de la petite enfance de la mairie d'Orléans, est signé par Gauthier Dabout, premier conseiller délégué en charge des solidarités et de la famille. Il explique que "des difficultés dans l’accompagnement des enfants ont été récemment constatées au sein de cette structure. En effet, j’ai été alerté par l’administration quant à des suspicions de propos inappropriés et d’attitudes pédagogiques qui ne s’inscrivent pas dans le projet éducatif de la Ville et que je ne peux tolérer".
Cellule d’écoute
En conséquence pour la semaine suivante, un autre lieu d’accueil leur est proposé. En attendant, le vendredi 14 juin au matin, pour le dernier jour d’ouverture de la crèche le Baron, des parents entre inquiétude et incompréhension, tentent d’obtenir des explications. Sur place, la directrice de l’établissement et son adjointe, la directrice de la petite enfance de la mairie peinent à répondre aux interrogations. On leur assure qu'aucune violence physique n'a été commise. Des violences psychologiques ? Les réponses sont plus évasives. Des comportements ponctuels ? Répétés ? Même flou qui ne rassure pas, et irrite même les parents.
"On nous a conseillé d’observer si notre fille mangeait et dormait normalement, si elle ne présentait de comportement anormal. On nous a aussi informés qu’une cellule d’écoute et une psychologue étaient disponibles. C’est quand-même plutôt inquiétant!"
Nicolas, père d'une enfant accueillie à la crèche le Baron
Dans leurs échanges ultérieurs avec les services municipaux, Nicolas et Elise se voient recommander une attention accrue envers leur fille : "On nous a conseillé d'observer si notre fille mangeait et dormait normalement, si elle ne présentait pas de comportement anormal. On nous a aussi informés qu’une cellule d’écoute et une psychologue étaient disponibles. C’est quand même plutôt inquiétant. Mais on ne veut pas nous en dire plus sur les propos et les comportements qui justifient la fermeture", explique le père de famille. "On nous informe que des faits assez graves pour justifier la fermeture de la crèche ont été commis, des faits qui concernent nos enfants, on nous demande d'ailleurs de surveiller tout signe inquiétant... et dans le même temps, on n'a pas le droit d'en connaître la nature précise, c'est quand même plus que limite", déplore-t-il.
Pas de violences physiques
À la mairie d’Orléans, Gauthier Dabout confirme qu’une enquête administrative est en cours et que des professionnels sont suspendus. "Nous excluons catégoriquement tout problème de violence physique", explique le conseiller municipal en charge des solidarités et de la famille. "Des propos ont été portés à notre connaissance qui n’ont pas leur place dans une crèche, qui ne correspondent ni au projet pédagogique municipal ni à l’éthique de professionnels de la petite enfance", précise-t-il.
S’agit-il d’échanges entre quelques-uns des 18 salariés de la structure ou de propos à destination d’enfants ? Quelle en est la teneur ? À ce sujet, l’élu est aussi peu dissert avec la presse qu’avec les parents : "Nous préférons ne pas nous étaler, le temps que l’enquête aboutisse. Cette enquête doit justement permettre d’établir précisément les faits", argue Gauthier Dabout, qui ajoute que les faits en cours d'investigation concernent une petite minorité de salariés et qu'il souhaite ne pas jeter l'opprobre sur l'ensemble des professionnels de la petite enfance de la structure.
Les conclusions de cette enquête sont attendues pour la mi-juillet. La crèche le Baron qui ne fonctionne pas pendant la période estivale a donc fermé avec trois semaines d’avance. 42 des 45 familles d’enfants qui y étaient accueillis ont accepté une place dans une autre structure municipale, trois familles ont préféré s’organiser par elles-mêmes. La crèche doit rouvrir pour la rentrée de septembre, sous réserve, précise-t-on à la mairie, de recrutement des professionnels de la petite enfance, si des mesures disciplinaires telles que des mutations étaient prises à l'encontre d'actuels salariés.
