Escrime : des espoirs d'Orléans au titre olympique, le parcours en or de Manon Apithy-Brunet

Plus sur le thème :

Manon Apithy-Brunet et son mari Boladé Apithy sont tous les deux revenus des JO avec une médaille autour du cou. Le résultat d'années de travail acharné, d'une ambition acquise dès le plus jeune âge, et d'un peu de magie orléanaise.

"Orléans, c'est la capitale française du sabre", lance Boladé Apithy. "Largement", renchérit Manon Apithy-Brunet. Les deux escrimeurs orléanais sont revenus des Jeux olympiques de Paris avec une médaille chacun. Le bronze par équipe pour lui, l'or en individuel pour elle.

Pour Manon Apithy-Brunet, c'est la consécration après des années de travail, quelques déceptions, et une carrière en constante progression. Les deux athlètes sont revenus sur leur parcours (à Orléans et ailleurs), lors de leur passage à France 3 Centre-Val de Loire ce jeudi 14 août.

"Il faut vraiment que je les tape"

Née en 1996 dans une famille sportive dans les environs de Lyon, Manon Apithy-Brunet découvre l'escrime très jeune. Et intègre, dès 2011, le pôle espoirs du Cercle d'escrime d'Orléans, le CEO. Déjà, elle affiche une vaillance peu commune. "Le plus dur, c'est de voir des filles que je regardai avec des grands yeux et me dire : il ne faut pas que je les regarde, il faut vraiment que les tape", explique-t-elle en 2013, devant la caméra de France 3.

durée de la vidéo : 00h05mn32s
Manon Apithy-Brunet et Boladé Brunet sur le plateau de France 3 Centre-Val de Loire, le 14 août 2024 ©France télévisions

"J'ai toujours envie de battre tout le monde, depuis que je suis toute petite", confirme-t-elle, onze ans plus tard. L'ambition, dès le plus jeune âge, a été sa bouée toutes ces années. "Quitter ses parents, c'est pas rien. Faire du sport-étude, c'est pas évident de suivre à l'école, liste-t-elle. Si on y va pour le plaisir, c'est cool, c'est une bonne expérience. Mais sans l'ambition, ça ne durera pas."

Pour elle, ça a duré. Elle reste au pôle espoirs orléanais pendant deux ans, qui lui sert de tremplin pour intégrer, à 17 ans, le pôle France de l'Insep, prestigieux centre de formation parisien. "Le pôle espoirs d'Orléans, c'était la recette du succès pour les jeunes", se souvient-elle. Elle se fait un nom sur le circuit junior, et se qualifie pour les JO de Rio en 2016. Avec, toujours, son ambition comme boussole. Elle termine 4e, au pied du podium. À Tokyo, elle fait mieux, et remporte la médaille de bronze. Pendant ces années, elle accumule les médailles en championnat du monde et en championnat d'Europe.

Retour gagnant

En 2021, elle revient s'installer à Orléans avec son mari, Boladé Apithy. Elle concède que ses années lycée n'y ont "pas été très drôles". Mais "Orléans, c'est mon club, j'y suis toujours bien accueillie". Depuis son retour dans la cité johannique il y a trois ans, "j'ai pu redécouvrir cette jolie ville agréable". "La ville nous a plu, elle est à taille humaine, on s'est vite adaptés, confirme son compagnon. Ces trois ans sont passés très vite."

Si la sabreuse a fait son retour à Orléans, c'est pour suivre Christian Bauer, grand entraîneur de sabre. Le maître d'armes y a installé en 2021 son académie formatrice de futurs champions. "Elle voulait gagner et s'entraîner avec Christian Bauer pour aller chercher cette médaille d'or", assure Boladé Apithy. À peine rentrée de Tokyo, Paris était en vue pour Manon Apithy-Brunet.

Trois ans plus tard, la sabreuse de 28 ans a enfin décroché le titre olympique, face à sa compatriote Sara Balzer, le 29 juillet 2024. Après deux déceptions olympiques, elle met sa victoire sur le compte de "l'expérience" et du public.

Quand je rentrais sur la piste, j'avais limite les larmes aux yeux, avec le boucan. Les encouragements déprimaient mes adversaires et me poussaient. Limite, je n'étais pas fatiguée de ma journée.

Manon Apithy-Brunet, championne olympique du sabre en individuel

Expérience, public... mais pas que. "Elle a travaillé beaucoup pour ça, c'était beaucoup de sacrifices", confie Boladé Apithy. Cette médaille d'or, "c'est la récompense de tout ce travail".

So Far Away from L.A.

Mais ne comptez pas sur Manon Apithy-Brunet pour se reposer sur ses lauriers, aussi olympiques fussent-ils. Le couple compte prendre un mois de vacances, mais voit déjà plus loin. "Il y aura forcément un après médaille. Mais l'après, ce sera juste avec une médaille d'or dans un placard, j'espère en avoir d'autres", lance la championne olympique. "Road to Los Angeles", souffle-t-elle, espérant aussi pouvoir décrocher un titre de championne du monde avant les Jeux de 2028.

À la rentrée, le couple aura quitté Orléans. Christian Bauer déménage son académie sous le soleil italien de Padoue. Boladé va raccrocher la cuirasse électrique, mais restera au bord des pistes "à essayer de faire gagner mes athlètes", en tant qu'entraîneur. Manon, elle, va prendre "tout ce que j'ai appris de Christian et de mes anciens entraîneurs, mijoter tout ça et créer mon projet à moi".

Avec le désir de voir la flamme de l'escrime grandir dans le regard des Français. Sa finale ayant été suivie par près de 7,5 millions de téléspectateurs, Manon Apithy-Brunet espère "que des enfants ont regardé, que les journalistes se diront qu'il faut le montrer le plus souvent, parce que notre sport est magnifique et qu'on a envie que les gens découvrent cette beauté".

Et, même si elle quitte Orléans, la cité johannique aura confirmé son nouveau statut dans le cœur des Français. Car, depuis sa médaille, "on me reconnaît dans la rue, pour un escrimeur c'est un peu nouveau". "Hier, je suis allée faire quelques boutiques à Orléans, raconte-t-elle. Et on m'a arrêtée une fois !"

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité