Geneviève , mal-voyante, s'est lancée dans l'apprentissage du braille lorsque sa vue s'est dégradée en mars 2015. Pour elle, c'est un moyen de rester autonome.
Geneviève perd la vue à cause d'un glocome qui s'est aggravé à la suite d'une opération ratée en mars 2015. Cette retraité a commencé à apprendre le braille un mois après sa sortie de l'hôpital. «Le ciel m'est tombé sur la tête quand j'ai su que j'allais perdre la vue, raconte cette jeune septuagénaire. Je savais que ça allait s'aggraver alors j'ai voulu prendre les devants.»
Juriste de formation et ancienne cadre, elle décide de se lancer dans de multiples formations, dont l'apprentissage du braille, un moyen pour elle de ne pas céder à la panique. «Je savais que ce ne serait pas facile mais je me disais que si je n'essaie pas, c'était sûr que je ne réussirais pas» dit-elle, un tas de feuilles et un gros livre aux pages blanches sur les genoux. Alors, elle s'est astreinte à une heure d'apprentissage par jour et a fait des fiches de révisions pendant deux ans, ce qui lui permet aujourd'hui de lire le braille même si elle bute encore sur certains mots.
La lecture du braille n'est pourtant pas une évidence. «Sur environ 100.000 aveugles, 15% environ lisent couramment le braille, même si c'est le cas de la quasi-totalité des élèves d'établissements spécialisés», estimait en 2009 Raoul Parienti, fondateur de l'entreprise Visionsas, spécialiste des technologies pour non-voyants.
«Je voulais l'apprendre pour rester autonome. Ecrire sur un morceau de papier ma liste de courses, un pense-bête, noter des rendez-vous... Savoir tout ça me permet de rester chez moi, poursuit-elle. Pourquoi aller en maison de retraite quand on sait encore se débrouiller ?» Lire et écrire le braille ne l'empêche pas de profiter des nouveautés technologiques utiles aux aveugles et mal-voyants. Elle possède un appareil qui lit des livres audios, un téléphone et un ordinateur adaptés.
Mais la maladie la prive de passions que le braille ne peut lui rendre. Cette amatrice de voyages ne peut plus s'envoler aussi souvent qu'elle le souhaite. Geneviève avait conservé des albums photos et des carnets de note dans des boîtes en carton qui envahissent ses placards. Si elle ne peut pas faire grand chose pour les photos, elle se dépêche de taper sur les grosses touches de son ordinateur les mots couchés sur le papier lors de ses escapades avant que son champ de vision ne se noircisse totalement.