Le président de l'USO a exhumé un CDI non signé, prévoyant l'embauche de l'adjoint aux Sports Thomas Renault par l'association USO. Ce dernier affirme ne pas avoir eu connaissance d'un tel document, et le club met en cause le conseiller de Thomas Renault.
"On a atteint un point de non retour." On sentait bien, depuis déjà trois ans, que les relations entre Thomas Renault - ancien gardien et capitaine de l'US Orléans- et la direction de son ancienne équipe étaient au mieux tendues.
À qui voulait l'entendre, l'ancien joueur répétait à l'envi et au fil des interviews qu'il prendrait bien un poste de direction à l'USO. Tout en assurant qu'il "respecte les personnes en place", arguait-il à France Bleu Orléans en septembre 2019.
Rejet de griefs
Depuis, Thomas Renault est devenu adjoint chargé des Sports à la mairie d'Orléans, épaulé par Romain Lonlas, conseiller municipal suivant de près le dossier USO. "Avec eux, c'est un conflit permanent, ils sont prêts à détruire le club pour régler leurs comptes personnels", balance à France 3 Philippe Boutron, président du club de l'USO.
Des comptes qui semblent remonter à 2020, lorsque le club décide de ne pas renouveler le contrat de joueur de Thomas Renault. Ce dernier attaquant ensuite l'USO aux prud'hommes (et obtient gain de cause). Dernier épisode de la crise ouverte : une interview publiée ce mercredi 25 janvier sur le site de l'hebdomadaire orléanais Tribune Hebdo, où Romain Lonlas invite explicitement Philippe Boutron à passer la main, souhaitant une ouverture des portes du club (qui évolue aujourd'hui en National) "à de nouveaux investisseurs".
Le président du club a décidé de répliquer : selon lui, les deux élus "ont essayé de faire embaucher Thomas Renault" en tant que directeur sportif du côté de l'association USO. Et ce, pendant que Philippe Boutron était à l'hôpital, après l'attentat dont il a été victime pendant le Dakar 2022.
Qui a écrit le contrat ?
En cause, un document exhumé par Philippe Boutron. Un contrat de travail à durée indéterminée, faisant engager Thomas Renault en tant que directeur sportif de l'association, avec un salaire de 2 583,33 euros brut. Un contrat qui n'a jamais été signé ni par l'élu ni par l'association, puisque "Philippe et moi avons posé un veto commun", assure Patrick Laurent, président de l'USO côté association (pas la société qui gère le club professionnel, donc).
Pourquoi ce veto ? Parce que "je n'ai jamais participé à l'élaboration de ce contrat, il a été fait à la mairie d'Orléans et m'a été transmis", soutient Patrick Laurent. Selon lui, le document a été "transmis par Romain Lonlas". Philippe Boutron présente, de son côté, un mail intitulé "Cdi" et envoyé par une adresse au nom de Romain Lonlas (une adresse personnelle, non affiliée à la ville d'Orléans). Mail auquel le contrat aurait été joint.
"Abus de pouvoir"
L'accusation est grave : un adjoint à la mairie d'Orléans a-t-il voulu se faire engager comme directeur sportif d'une association, à laquelle ladite mairie verse chaque année 39 000 euros de subventions ? Pour Philippe Boutron, il s'agit tout simplement d'une tentative "d'abus de pouvoir" :
Romain Lonlas pense avoir un pouvoir hiérarchique sur le club, qu'il n'a pas. Soit on lui a mal expliqué, soit il a mal compris.
Philippe Boutron, président du club de l'US Orléans
Le contrat n'engage d'ailleurs pas Thomas Renault à démissionner de son rôle d'adjoint au maire. Il est à noter que, deux mois avant le mail reçu par Patrick Laurent, Thomas Renault et Romain Lonlas n'ont pas pris part au vote accordant les subventions annuelles à l'association de l'USO. Les élus n'ont donc pas voté l'enveloppe de 39 000 euros versée à l'association USO, quelques semaines avant qu'un contrat embauchant l'un d'eux au sein de cette même association ne soit éventuellement signé.
Une page difficile à tourner
Philippe Boutron et Patrick Laurent disent avoir mis "un veto commun" sur l'embauche de Thomas Renault, à un poste "créé exprès" pour lui, argue le président du club. Avec, en plus, selon lui, "des clauses complètement inacceptables", comme l'embauche en CDI sans période d'essai, ou encore la reprise des 14 ans d'ancienneté dans le club de l'ancien joueur.
Depuis avril, Patrick Laurent dit en avoir "discuté avec Thomas Renault : la page est tournée pour lui comme pour moi". De son côté, Thomas Renault assure ne "jamais avoir vu ce contrat", tout en disant que "tout le monde sait que j'ai eu des discussions informelles avec Patrick Laurent à ce sujet". Il explique lui aussi avoir "tourné la page" après avoir appris le refus de Philippe Boutron.
Contacté, Romain Lonlas n'a, à l'heure de la publication de cet article, pas répondu aux sollicitations de France 3 Centre-Val de Loire. À Tribune Hebdo, il assure lui aussi n'avoir eu connaissance d'aucun contrat à l'époque.
La ville d'Orléans assure que, avant d'être contacté par les médias locaux depuis ce lundi 23 janvier, le maire Serge Grouard n'était pas au courant de ce qui avait pu se tramer en avril 2022 entre son adjoint aux Sports et l'US Orléans. Mais ne fait pas de commentaire à ce stade.
Peu après la parution de cet article, l'avocat de Thomas Renault, Me Anthony Mottais, a envoyé un communiqué à France 3 : "Monsieur Renault tient à rappeler qu’il a toujours tout mis en œuvre pour éviter tout conflit d’intérêts entre son activité (désormais achevée) au sein de l’USO et ses fonctions d’élu, contribuant notamment à la mise en place d’un arrêté municipal le déchargeant de toute décision concernant l’USO, lequel est toujours en vigueur." L'avocat affirme que Thomas Renault "se réserve le droit d’engager toute procédure utile pour obtenir la réparation du préjudice subi", estimant que les déclarations de Philippe Boutron "visent manifestement à ternir son image et sa réputation".
Mise à jour le 25/01 à 17h45 : ajout de la réaction de Thomas Renault.
Mise à jour à 17h47 : le mot "élaboré" remplacé par "transmis" dans la citation "transmis par Romain Lonlas".
Mise à jour le 30/01 à 17h39 : ajout de la réaction de l'avocat de Thomas Renault.