Eric Blond se dit inquiet de la possible "remise en cause de l’autonomie des universités" et de la difficulté - accrue "d’accueillir de futurs doctorants extra-communautaires".
Le président de l’Université d’Orléans compte parmi les signataires de la déclaration commune publiée par France universités et les plus grandes écoles françaises au lendemain du 1er tour des législatives anticipées. La soixantaine d’institutions estime que "le risque est réel que le Rassemblement national puisse disposer d’une large majorité à l’Assemblée nationale au soir du second tour".
[Communiqué de presse] France Universités, la CDEFM, la Cdefi, et la CGE disent non au Rassemblement national pour les Universités et les écoles.#ElectionsLegislatives2024 https://t.co/1tHHcmJ4iy pic.twitter.com/lRQ3a5eFe2
— France Universités (@FranceUniv) July 1, 2024
L'enseignement supérieur "en péril"
L’arrivée au pouvoir du Rassemblement national pourrait profondément "transformer le fonctionnement des universités". Eric Blond s’appuie sur deux exemples européens pour justifier de son inquiétude : "En Italie et en Autriche, où l’extrême droite est arrivée au pouvoir, le mode de désignation des présidents d’université a changé. Des personnalités nommées par l’État ont fait leur apparition au sein des conseils d’administration. Les présidents d’université ne sont plus élus par leurs pairs".
Le risque est que l’autonomie des universités - la liberté de choisir leurs domaines de recherches et leurs cycles de formations soit reconsidérée. "L’indépendance académique fonde la philosophie de la recherche et de l’enseignement universitaire. C’est ce qui fait notre richesse" souligne Eric Blond qui comme l’ensemble de la communauté scientifique, s’étonne de ne trouver aucune ligne sur l’enseignement supérieur dans le programme du Rassemblement National.
"Une politique d’exclusion"
BTP, restauration et recherche, ces trois secteurs ont un point commun, ils sont en tension. La recherche n’attire plus les étudiants français. Le constat est partout le même dans les universités. "Depuis une quinzaine d’années, on observe un afflux d’étudiants extracommunautaires qui viennent pour réaliser des doctorats, notamment dans les disciplines scientifiques. Ils ont déjà dû mal à obtenir leurs papiers. On s’attend à ce que cela devienne encore plus difficile" redoute Eric Blond, titulaire lui-même d'un doctorat de physique. Il s’inquiète, à l'instar de ses pairs pour le "rayonnement de la science française dans le monde".