Le projet pharaonique de réaménagement des grands boulevards d'Orléans, évalué à 76 millions d'euros, interroge

Le projet ambitieux de réaménagement des mails d'Orléans sera abordé lors du conseil métropolitain de l'agglomération orléanaise ce jeudi 26 septembre. Les groupes de gauche mais aussi de centre-droite s'interrogent sur la faisabilité technique et financière de l'opération.

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La requalification des mails d'Orléans, c'est "LE" grand projet du président d'Orléans-Métropole et maire d'Orléans Serge Grouard, qui évoquait lors du conseil communautaire d'avril 2023, un projet visant à "remplacer une autoroute par une coulée verte", "l'adaptation urbaine au 21eme siècle ", appuyait-il.

Car si dans les années 60, pour être moderne, il fallait adapter la ville à la voiture, poussant Orléans à transformer ses grands boulevards en routes urbaines, aujourd'hui les temps ont changé. Le président d'Orléans Métropole souhaite transformer les mails en ceinture verte autour du centre historique, créant des espaces revégétalisés, où piétons et mobilités douces remplaceraient le flot de 40 000 véhicules qui parcourent chaque jour cet axe qui encercle le centre historique.

Un projet estimé à 76 millions d'euros

Sur les images présentées par le cabinet chargé des études, les stationnements et tunnels sont remplacés par des promenades et parcs. Les voies réservées aux voitures sont réduites au profit des cyclistes, des piétons et de la végétation. Une ambition qui nécessite la destruction des trémies, ces voies souterraines qui permettent le croisement entre les trams et les voitures mais aussi la requalification du centre commercial Place d'Arc, construit il y a plus de 30 ans. Son parvis surélevé sera supprimé, sa façade repensée et son rez-de-chaussée, aujourd'hui occupé par un arrêt de tram et le centre-bus, transformé en surfaces commerciales.

Au total, la requalification des mails est estimée à 76 millions d'euros, mais pourrait atteindre les 100 millions d'euros s'accordent à penser plusieurs élus. Il faut ajouter à cela la requalification de Place d'arc, estimée elle à 30 millions d'euros (Carrefour et le groupe Carmila participent à hauteur de 8 millions d'euros).

Élus de gauche et de Centre-droite montent au créneau

Mais si d’aucuns s'accordent à dire que les boulevards doivent être repensés, le projet mené vent debout par Serge Grouard suscite colère et interrogations. Le groupe d'opposition écologiste OSE a été l'un des premiers à contester le projet. Dans un communiqué, il dénonce "Un projet inadapté aux mobilités actives et aux impératifs de transition écologique". La réfection prévoit en effet le maintien de 4 voies de circulation automobile. Un aménagement "en plein cœur de ville", qui "va à l’encontre de la volonté d’apaisement", arguée par le président de la métropole. "Tout cela n’est donc qu’une illusion", conclut le groupe qui s'oppose au projet en l'état et demande qu’il soit réexaminé.

En avril dernier, dix maires du groupe d'opposition "Pour une métropole en commun" ont également écrit une lettre à Serge Grouard pour lui faire part de leurs interrogations, notamment sur l'aspect financier. Car si ce projet concerne les grands boulevards d'Orléans, il sera financé non pas par la ville mais par la métropole.

La réalisation du projet en l’état nous semble difficilement conciliable avec une action métropolitaine de proximité ancrée dans le quotidien de nos concitoyennes et de nos concitoyens.

Groupe d'opposition "Pour une métropole en commun"

Les édiles craignent donc que tous les budgets de développement soient captés par ce projet, alors que doit encore, par exemple, être financé "le prolongement de la ligne B du tramway". "Ce que l'on nous donne comme chiffre pour l'instant c'est 76 millions d'euros, uniquement pour la première tranche, on n'a pas de vision sur comment on pense les circulations autour", s'inquiète également la maire PS de Fleury-les-Aubrais.

En mai, c'est au tour des élus du groupe "Droite, centre et citoyens" de s'inquiéter dans une lettre au président de la métropole. Ce groupe créé en 2020 autour du maire d’Olivet Matthieu Schlesinger, regrette que "le projet ne s’inscrive pas dans une vision globale et préalable des mobilités à l’échelle de la Métropole" et demande lui aussi, des éclaircissements à Serge Grouard.

Les grands boulevards d'Orléans, ou les "mails" comme on les appelle ici, seront donc au cœur des discussions ce jeudi 26 septembre lors de la réunion du conseil d'Orléans-Métropole. Un point d'étape du projet doit en effet être présenté par Jean-Vincent Valliès, vice-président à l'Aménagement durable du territoire, en charge de la planification urbaine et de la stratégie foncière.

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