Le futur centre de rétention administrative d’Olivet est significatif de la volonté du gouvernement de traiter plus rapidement les demandes d’asile, objectif dévoilé avec d'autres mesures du plan pour une immigration "maîtrisée", mercredi 6 novembre.
C’est près du campus de la Source, rue de Châteauroux, à Olivet, que devrait voir le jour en 2023 le premier centre de rétention administrative (CRA) de la région Centre-Val de Loire. 90 étrangers y attendront leur expulsion du territoire.
La construction de ce CRA, ainsi que de deux autres centres similaires à Bordeaux et Lyon, fait montre de la volonté du gouvernement Philippe de traiter plus rapidement les demandes d’asile. «L’accélération du processus permet de garantir plus de droits à ceux qui doivent être protégés et une décision plus rapide à celles et ceux qui ne feront pas l’objet d’une protection, a déclaré le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, à France 3. Il est essentiel de préciser cela pour dissuader les demandes d’asile détournées.»
Objectif : traiter en six mois les demandes d'asile
Mercredi 6 novembre, le gouvernement a en effet présenté ses principales mesures en matière d’immigration, d’asile et d’intégration. Quotas de migrants débattus chaque année par le Parlement pour répondre aux besoins économiques, instauration d’un délai de présence de trois mois en France pour accéder désormais à l’aide médicale d’Etat, renforcement de la lutte contre la fraude en matière d’immigration familiale…«Nous allons tout mettre en œuvre pour parvenir à nos objectifs de traiter en six mois les demandes d’asile. C’est la raison pour laquelle l’Ofpra [Office français de protection des réfugiés et des apatrides, ndlr] aura ses effectifs renforcés de 200 personnes dès le début de l’année prochaine [...], poursuit le ministre de l’Intérieur. Nous allons continuer à mettre en place des procédures dématérialisées, nous allons faire en sorte que l’Ofpra et la CNDA [cour nationale du droit d'asile, ndlr] puissent traiter en priorité les demandes qui ne sont pas justifiées par un réel besoin de protection.»Un plan qui divise
Ce plan pour un «juste équilibre» est pourtant fortement critiqué jusque dans les rangs de la majorité LREM. La ministre de la justice, Nicole Belloubet,a notamment émis des réserves sur les «quotas» d'immigration, estimant qu'à l'étranger, cela n'avait «pas marché» et que cela ne pouvait «pas être la seule réponse».
Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, s'est quant à lui dit favorable à des quotas afin que le recrutement d'étrangers «soit beaucoup plus transparent, objectif, professionnel, planifié» en fonction des besoins de l'économie. Dans le monde syndical, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, s'est lui dit «choqué», regrettant qu'on n'écoute pas plus les associations d'aide aux migrants qui ont dénoncé des mesures «inutiles», voire «dangereuses».
Edouard Philippe a souhaité qu'avant fin 2020 ait lieu un nouveau débat parlementaire «où seront discutés l'ensemble des mesures».