"On va avoir besoin des migrants" : le bilan du débat immigration à l'Assemblée Nationale

Trois députées livrent leur conclusion sur la première session d'un débat sur l'immigration que la majorité souhaite renouveler tous les ans. 

L'exercice était périlleux et le bilan un peu flou. Lundi 7 décembre, le gouvernement organisait un débat à l'Assemblée Nationale sur la question de l'immigration, un rendez-vous que l'exécutif souhaite rendre annuel. Si lors de sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait abordé l'immigration sous un jour "humaniste", louant notamment la politique d'accueil d'Angela Merkel, le ton avait notoirement durci à l'annonce du débat, inquiétant l'aile gauche d'En Marche.  Les échanges se seront finalement déroulés dans une atmosphère plutôt apaisée, parfois rompue par les interpellations plus enflammées de l'opposition. Jean-Luc Mélenchon a ainsi dénoncé l'organisation même du débat, accusant la majorité de "faire de l'immigré le bouc-émissaire" "Moi, je crois que c'était important de le faire dans un cadre officiel parce que, justement, la difficulté avec ce thème de l'immigration, c'est qu'il s'invite par la petite porte, sans forcément de rapport avec le sujet" conteste la députée LREM Caroline Janvier. En amont du débat, l'élue du Loiret avait signé une tribune appelant à "faire parler la loupe des faits et chiffres plutôt que le téléphone-gobelet des rumeurs et approximations."

Pourtant chacun, comme elle reconnaît, a campé sur ses positions dans ce débat qui ne devait augurer ni votes ni annonces. "Ce n'était pas très vivant, il n'y avait pas vraiment de dynamique" a reconnu la députée MoDem du Cher Nadia Essayan. 


L'immigration, une force de travail


Pourtant, l'Assemblée avait de quoi faire, de l'Aide Médicale d'Etat à l'aide au développement des pays de départ. "J'ai trouvé qu'il y avait une vision plus positive que celle qui avait prévalu jusque-là" se félicite l'élue du Cher, qui a surtout retenu les possibilités d'améliorer les conditions d'intégration des étrangers qui s'établissent en France. "Il faut améliorer encore le dispositif d'accueil, qui n'est pas suffisamment bon - notamment sur le parler français - mais aussi la suppression du délai de six mois pour qu'un demandeur d'asile puisse travailler."
 
Avec son groupe, elle a proposé d'ouvrir aux résidents étrangers tout poste qui n'a pas trouvé preneur en six mois. "On a beaucoup de métiers en tension et a du mal à trouver des ressources pour y répondre. Or, on peut les avoir ! Dans le Cher, j'ai vu des entreprises qui emploient assez rapidement des personnes passées par la demande d'asile et régularisées, parce que ces personnes ont l'ambition de travailler, et la volonté de se former rapidement. C'est une chance pour nous, pourquoi on ne pourrait pas le dire ?", développe la députée, fille de réfugiés palestiniens. 

Le volet de la discussion sur l'aide au développement des pays de départ a retenu l'attention des deux députées, dont les groupes politiques sont alliés. "Le Premier ministre a garanti que c'était une priorité pour la France de participer à ce développement des pays en difficulté, pour travailler sur les flux migratoires bien en amont" assure la marcheuse Caroline Janvier. "Pour le présent, pour le futur, c'est très important, abonde Nadia Essayan. Ça permettrait une immigration plus positive : qu'on n'ait pas des gens qui fuient leur pays, mais des gens qui viennent échanger leur expérience."
 

"Qu'auront retenu les Français ?"


Demande d'asile, harmonisation européenne, encadrement de l'immigration économique... Les sujets abordés ont été nombreux.
 
Pas suffisamment pour la députée LR du Loiret, qui aurait souhaité un débat davantage orienté sur la restriction de l'immigration. "Moi je n'attendais rien de vraiment nouveau de ce débat, tacle l'élue. C'est un coup de com' de monsieur Macron et de son gouvernement. Rien à signaler dans le discours du Premier ministre : rien sur les 90 000 déboutés du droit d'asile et surtout les 90% qui restent en France ; rien sur les seuls 10% de reconduite effective hors du sol Français..."

Elle a également regretté la polarisation du débat. "On sent vraiment que Mr Macron veut réduire le débat national à une discussion entre le Front National et les Marcheurs, et les médias le servent bien. Qu'auront retenu les français ?" s'interroge-t-elle. 

Nadia Essayan, elle, veut croire aux solutions. "En gardant le contrôle sur nos frontières, sur certains abus ; en aidant les pays de départ des migrants qui vivent des situations dramatiques - ce qui rétablirait une certaine justice mondiale - je crois qu'on peut avancer vers quelque chose de plus positif."

Le débat s'est poursuivi au Sénat ce mercredi
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