Non, le professeur d'EPS agressé à Ingré n'a pas demandé à une élève d'enlever son voile

Depuis l'agression d'un professeur devant un lycée d'Ingré dans le Loiret, la rumeur enfle sur Twitter avec le hashtag raciste #GrandRemplacement. Le suspect de l'agression, s'est rendu à la police jeudi 2 juin. Il invoque une remarque du professeur sur la tenue de sa sœur, élève de seconde. Une enquête est ouverte pour violences aggravées sur personne chargée d'une mission de service public.

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On en sait un peu plus sur l'agression dont a été victime un professeur d'EPS du lycée Maurice-Genevoix d'Ingré, mercredi 1er juin aux alentours de 8h du matin. Devant ses élèves, il avait été frappé au visage par un homme, qui s'était présenté comme le frère d'une élève de l'enseignant.

Des rumeurs nées sur les réseaux sociaux

Depuis les évènements, la circulation de rumeurs a poussé la procureure de la République d'Orléans, Emmanuelle Bochenek-Puren, à organiser une conférence de presse ce vendredi 3 juin pour mettre les choses au clair. Selon la magistrate, le suspect a été interpellé ce jeudi 2 juin au soir, après qu'il s'est rendu à la police. Il s'agit bien du frère aîné d'une élève de seconde, âgé de 19 ans, employé en tant que chauffeur-livreur à Tours, et sans antécédents judiciaires.

Placé en garde à vue, le jeune homme a expliqué avoir perdu son sang-froid après être venu demander des explications au professeur. En cause selon lui : une mauvaise note obtenue par sa sœur en EPS, et une remarque qu'il jugeait déplacée. Le 25 mai, l'enseignant aurait ainsi "relevé à ses élèves que la tenue vestimentaire n'était pas adaptée", affirme la magistrate. 

D'après les premiers éléments de l'enquête, la jeune fille portait une écharpe autour du cou, vêtement qui n'avait "aucune espèce de connotation religieuse". Une remarque faisant référence à une rumeur, née sur les réseaux sociaux quelques heures après la publication du premier article de France 3. "Je suis dans ce lycée et le prof lui a juste demandé d'enlever son voile en cours de sport. Elle a refusé et appellé [sic] son frère pour qu'il lui casse la gueule", écrit un internaute sur Twitter. Un autre n'a pas tardé à tweeter un message similaire, lui associant le hashtag #GrandRemplacement, en référence à la théorie raciste et complotiste du même nom.

"C'est évident que certains vont essayer d'instrumentaliser"

Également présent lors de la conférence de presse, le directeur départemental de la sécurité publique du Loiret Thierry Guiguet-Doron a expliqué que "la jeune fille est venue au commissariat avec l'écharpe en question", et que "la police n'a pas jugé qu'il s'agissait d'un objet à connotation religieuse". Toujours selon lui, la famille de l'agresseur serait de confession musulmane, mais ses membres n'arboreraient pas de signe religieux.

Du côté de la communauté enseignante, les rumeurs n'ont rien d'étonnant. "C'est évident que certains vont essayer d'instrumentaliser", écrit à France 3 un professeur du lycée. Olivier Lelarge, syndicaliste Snes-FSU à Maurice-Genevoix, estime de son côté qu'il "serait préférable que l'école de la République ne soit pas instrumentalisée". Pour lui, "prétendre la défendre avec ce genre d'assertions est s'en faire les fossoyeurs". 

Ce jeudi 2 juin, après la fin des cours, une manifestation de soutien au professeur agressé s'est tenue devant le lycée, rassemblant professeurs, élèves, parents et quelques élus. Une enquête a été ouverte pour violences aggravées, avec deux motifs aggravants : les faits ont été commis dans un établissement scolaire, et sur une personne chargée d'une mission de service public.

Correction : Nous avions d'abord indiqué que le suspect avait été arrêté le mercredi 1er juin.

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