Orléans : finale en apothéose pour le festival de Cannes 1939

Empêché par la Seconde guerre mondiale et ressuscité du 12 au 17 novembre 2019, le festival de Cannes 1939 a célébré la remise des prix samedi. C'est Frank Capra avec "M. Smith au Sénat" qui emporte la palme, 80 ans après la sortie du film.

C'est un épilogue qui a un goût de revanche. Quatre-vingts ans après l'annulation du tout premier festival de Cannes pour cause de Seconde guerre mondiale, la cérémonie, qui aurait dû être présidée par l'Orléanais Jean Zay, a finalement eu lieu. C'est le grand favori (et très politique) M. Smith au Sénat, de Frank Capra, qui a remporté le Grand Prix Jean Zay sous les applaudissements.

Rien d'étonnant pour un film "extraordinaire de modernité", comme le dit Hélène Mouchard-Zay, la fille de l'homme politique orléanais au micro de France 3, citant sa réflexion sur "la corruption, sur le rôle de la presse".

 
Les prix de l'interprétation masculine reviennent à James Stewart, là encore dans M. Smith au Sénat et à Harry Baur pour L'homme du Niger. Le prix d'interprétation féminine, lui aussi dédoublé, revient à Irène Dunne et Marina Ladynia. Devenu culte depuis, Le Magicien d'Oz de Victor Fleming repart avec le prix de l'innovation, tandis que le film de propagande soviétique Alexandre Nevski, hors compétition, a obtenu le prix spécial du jury.

"C'est évidemment une très grande émotion", déclare Hélène Mouchard-Zay à la clôture de la cérémonie. Les organisateurs de l'événement ont été surpris, comme elle, par le succès de ce festival par-delà le temps. Elle y voit "la reconnaissance à la fois du rôle qu'a eu mon père, et de ce qu'a voulu être le Festival de Cannes, à savoir un geste artistique fort, un geste de résistance". Mais aussi un "pari".

 

Mentions historiques et symbolique

Un geste de résistance que l'on retrouve aussi dans la "mention historique" accordée au film tchécoslovaque La grande solution. En 1939, la Tchécoslovaquie n'existe déjà plus, absorbée par une Allemagne nazie ivre de pouvoir. Réalisé en 1937, le long-métrage anti-fasciste d'Hugo Haas met en scène un dictateur militaire atteint d'une grave maladie, aux prises avec l'unique médecin à détenir le remède.
 

Ce n'est pas un hasard si plusieurs films revêtent une importante coloration politique. En 1939, Philippe Erlanger et Jean Zay, alors ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-Arts, portent le festival de Cannes comme une alternative à la Mostra de Venise. L'année précédente, sous la pression du régime fasciste de Benito Mussolini, celle-ci avait dû récompenser deux films de propagande : Les Dieux du Stade de Leni Riefenstahl et Luciano Serra, pilote de Goffredo Alessandrini.

Quatre-vingts ans plus tard, le rêve de Jean Zay s'est donc accompli. Mais ce dernier n'aura pas pu en être témoin, assassiné par la Milice le 20 juin 1944. Et pourtant, si son destin peut nous paraître bien éloigné, les thèmes et les valeurs du premier festival restent bien d'actualité. Et maintenant ? "Nous allons réflechir à comment continuer, autour des valeurs qu'a affirmé Jean Zay et son équipe", évoque Hélène Mouchard-Zay, désireuse de pérenniser cette "volonté de résistance".
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