En 2019, le gouvernement a annoncé la création de quatre nouveaux centres de rétention administrative (CRA), dont un à Olivet, au sud d'Orléans. L'ouverture est prévue en 2023, mais les opposants à l'enfermement des personnes étrangères en situation irrégulière ne baissent pas les bras.
COLERE, le COLlectif contre les Expulsions et la REtention*, s'est constitué en 2019 après l'annonce, par Christophe Castaner, alors ministre de l'Intérieur, de la construction d'un centre de rétention administrative à Olivet (ainsi qu'à Lyon, Bordeaux et le Mesnil-Amelot).
Ce collectif, qui regroupe de nombreuses associations, des syndicats et mouvements politiques, entend lutter pour une politique d'accueil digne et contre l'enfermement des étrangers.
"Un centre de rétention n'est pas un centre de détention, une prison, mais la différence est bien mince, explique Guillaume Marsallon, délégué national en région Centre-Ouest de La Cimade. C'est de l'enfermement administratif et non judiciaire. L'Administration s'arroge le pouvoir de privation de liberté pour les personnes étrangères, avec un contrôle du juge a posteriori. Une sorte de loi d'exception pour étrangers. Dans les faits, il s'agit bien d'un univers carcéral, espace clos avec des barbelés..."
Dans son communiqué, le collectif COLERE appelle donc à manifester, le samedi 27 mars, contre le futur centre de rétention d'Olivet, considéré comme "une prison qui ne dit pas son nom. C’est le préfet qui décide d’y enfermer les personnes étrangères, hommes, femmes et enfants en vue de leur expulsion, parce qu’ils n’ont pas de papiers, ou pas les bons. On enferme aussi les enfants, du nourrisson au jeune de 17 ans, au motif qu’on ne sépare pas une famille…"
Des enfants en rétention, une réalité qui a valu à la France, rappelle le délégué de La Cimade, cinq condamnations de la Cour Européenne des Droits de l'Homme. En 2019, près de 4000 enfants sont ainsi passés par les CRA français...
Au total, pour la même année, près de 54000 personnes étrangères ont été enfermées, plus que toute la population de Blois réunie.
Une situation que M. Marsallon juge d'autant plus absurde en temps de crise sanitaire :
Au regard du droit, les CRA n'ont de raison d'être que le temps nécessaire à l'expulsion effective. Sauf qu'aujourd'hui, les perspectives d'expulsion sont extrêmement restreintes, alors pourquoi continuer à enfermer les gens? C'est une violence qui leur est faite, on est presque dans le domaine de la punition. Cela n'a aucun sens, être en situation irrégulière n'est pas un délit!
À Olivet, le terrain visé pour le futur premier CRA de la région Centre-Val de Loire est aujourd'hui connu, situé à proximité du campus. Selon M. Marsallon, la demande pour le permis de construire vient juste d'être déposée. Les opposants ne baissent pas les bras pour autant et organisent donc une "marche pour les droits", ce samedi 27 mars à 14h, depuis la place de la Loire à Orléans.
*Le COLlectif contre les Expulsions et la Retention (COLERE) rassemble des organisations associatives, syndicales et politiques et collectifs d’Orléans, du Loiret et de la région : Abraysie ouverte, AGPO, Asti, Attac, BDS, Cercle de silence, CGT, la Cimade, COJIE, Collectif Immigrés du Montargois, FI, Forum des droits humains, FSU, France-Palestine 45, LDH, MAN, NPA, Offensive féministe, PCF, RESF, Solidaires, SUD éducation, UCL, UJFP, UNEF…