Dans une tribune publiée sur le blog de Médiapart, vingt-deux acteurs du milieu intellectuel et culturel orléanais expriment leur opposition à l’ouverture d’un Centre de rétention administrative (CRA) à Olivet, prévue pour 2023.
Ils disent "non" au Centre de rétention administrative (CRA) d’Olivet.
Vingt-deux intellectuels et acteurs du milieu culturel orléanais ont signé une tribune sur le blog de Médiapart mardi 26 novembre pour exprimer leur opposition à l’ouverture d’un centre de rétention de 90 places à proximité du campus de La Source.
Prévu pour 2023, ce centre sera le 25ème en France à accueillir des migrants en situation irrégulière en instance d’expulsion.
A Orléans comme partout ailleurs, de nombreuses voix se font entendre pour dénoncer les conditions de vie des migrants, parfois mineurs, au sein de ces centres.
Plusieurs parlementaires, comme Esther Benbassa, sénatrice de Paris EELV, ont utilisé les réseaux sociaux pour exprimer leur désaccord face aux méthodes employées dans les CRA.
En janvier, comme m'y autorise mon statut de parlementaire, j'ai fait une visite surprise au #CRA (centre de rétention administrative) du Mesnil-Amelot & dénoncé une situation scandaleuse. Rien n'a changé. L'inhumanité du traitement des #migrants continue. https://t.co/kmeeGv99Uc
— Esther Benbassa ? (@EstherBenbassa) May 24, 2019
De leur côté, les vingt-deux signataires orléanais de la tribune expriment leur colère face à la privation de liberté dont sont victimes les migrants en situation irrégulière : "Un Centre de rétention administrative c’est une prison pour étranger·es."
Opposés au principe
Myriam Djebour, responsable de l’action culturelle du cinéma Les Carmes et signataire de la tribune nous l’explique : l’objectif de ce texte n’est pas de s’opposer à l’ouverture d’un CRA dans la région. Il s’agit en réalité d’une hostilité au principe même de retenir un être humain le temps d’organiser son expulsion :
« La question du centre de rétention, ce n’est pas seulement la problématique orléanaise, c’est une problématique générale, une question qui se pose à la société. (…) Un centre de rétention renvoie à des choses un peu sinistres : le fait d’enfermer des personnes parce qu’elles sont migrantes, on ne peut pas imaginer que ça soit une belle façon d’accueillir des humains sur notre territoire. »
La France a, à plusieurs reprises, été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme pour mauvais traitements au sein de ses CRA, notamment dans le cas de rétention d’enfants en bas âge.
La culture comme porte-voix
La cause des jeunes migrants a d'ailleurs été le point de départ de l'engagement d'Iwan Lépingle, auteur de bande dessinée orléanais et signataire de la tribune. Fin août dernier, il participe à une manifestation en soutien à plus de 130 jeunes isolés sur le point d’être mis à la rue.C’est à cette occasion qu’il décide de participer à la tribune lancée par une poignée d’intellectuels de sa ville : "On dit des choses dans nos œuvres, on réfléchit sur l’actualité, mais cela ne suffit pas. Je pense que la position d’un artiste, d’un écrivain, d’un auteur de BD, c’est aussi d’être ancré dans sa société."
Pour lui comme pour Myriam Djebour, travailler dans le monde de la culture c’est aussi avoir une responsabilité. Sans se considérer comme des militants, ils pensent devoir mettre sur la table des sujets de société pour lancer des débats avec le public.
« Je crois que tout le monde a des idées, et que des fois ce n’est pas vulgaire, ce n’est pas vilain de dire qu’on peut être choqué par certaines décisions prises par l’Etat. », conclu Myriam Djebour, persuadée que la tribune publiée dans Médiapart sera davantage un moyen de faire réfléchir les citoyens que de convaincre le gouvernement.