Depuis le 12 septembre, un dépôt sauvage de plusieurs dizaines de gaines en plastique dans le canal d'Orléans inquiètent un pêcheur du Loiret.
Les berges du canal d'Orléans, écrin de verdure appréciée des promeneurs, sont-elles suffisamment protégées. C'est la question posée sur les réseaux sociaux par un pêcheur loirétain. Matthieu Delande, pâtissier et chocolatier de Chevillon-sur-Huillard dans le Loiret, vient régulièrement en famille sur les berges du canal. Tiktokeur amateur, il publie régulièrement des vidéos de ses prises de pêche sur le réseau social chinois.
On the road again, à gaines
Mais le mardi 12 septembre, il fait une désagréable surprise. Des dizaines et des dizaines de gaines en plastique noir recouvrent le fond du canal. Sur les berges, d'autres emballages en plastique transparent s'accrochent aux herbes sur une dizaine de mètres.
Indigné, il publie une vidéo pour donner l'alerte et revient quelques heures plus tard pour nettoyer les rives. Mais il n'est pas équipé pour récupérer les gaines jetées dans le canal, qui s'enfoncent déjà dans la vase.
Dans les jours suivants, la fédération de pêche, les gendarmes, la commune et le conseil départemental sont alertés. Mais en date du 27 septembre, quinze jours plus tard, les gaines en plastique reposent toujours au fond du canal.
Cette apparente inertie des pouvoirs publics agace Matthieu Delande, qui s'inquiète des risques pour la biodiversité, ainsi que les quelques 2600 personnes qui le suivent sur TikTok. À tel point que l'un de ses abonnés, chef d'entreprise à Châteauroux, se propose de rédiger un communiqué cinglant pour alerter la presse de ce "problème environnemental critique".
Le risque des micro-plastiques
Selon lui, "la persistance du plastique dans l'eau constitue une menace croissante pour nos écosystèmes aquatiques", car il pourrait se fragmenter en micro-plastiques "contaminant ainsi les chaînes alimentaires marines et d'eau douce". Les micro-plastiques générés par l'industrie, et qui n'ont pas forcément grand-chose à voir avec ce cas local, sont en effet considérés comme des "bombes à retardement" environnementales par les scientifiques.
Quoi qu'il en soit, les jours passant, les gaines s'enfoncent peu à peu dans la boue tapissant le fond du canal, rendant leur extraction potentiellement plus compliquée. "Si ça avait été pris tout de suite, ça n'aurait pas coulé comme ça dans la vase", fulmine Matthieu Delande.
"Aucun risque" pour la santé
"C'est effectivement une pollution", tempère Stéphane Thauvin, directeur d'exploitation du canal d'Orléans, "néanmoins ce n'est pas dangereux pour la diversité, comme pourrait l'être une pollution aux hydrocarbures". En tout état de cause, ces déchets ne présentent pour l'instant "aucun risque" pour l'environnement et la santé humaine, même s'il est urgent de les déblayer.
Selon lui, ces dépôts sauvages deviennent "malheureusement assez réguliers", il s'agit d'ailleurs du deuxième en 2023 dans le canal d'Orléans. "On soupçonne des voleurs de câble électriques, qui se débarrassent des gaines en plastique de cette manière, en pleine nature."
Les gaines devraient être nettoyées ce 28 ou 29 septembre, et une plainte en gendarmerie est envisagée par le Département du Loiret.