"Un scandale sanitaire" : des "polluants éternels" retrouvés dans les cheveux de députés écologistes

Le député EELV d'Indre-et-Loire, Charles Fournier, et plusieurs de ses collègues ont fait analyser des mèches de leurs cheveux par un laboratoire. Y ont été décelées d'importantes traces de PFAS, des polluants industriels dits "éternels" et dangereux pour la santé.

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"Nous sommes tous, sans exception, contaminés". Cette petite phrase peu rassurante est extraite d'un communiqué de presse de Charles Fournier, publié en début d'après-midi ce mercredi 28 juin. Plus tôt dans la journée, France Inter et Le Monde révélaient que quatorze députés écologistes avaient décidé de faire analyser des mèches de leurs cheveux, pour y mesurer la quantité de certains produits chimiques industriels.

Les produits en question : les substances poly- et perfluoroalkylées, plus faciles à retenir sous l'acronyme de PFAS, et plus connues sous le surnom officieux de "polluants éternels".

100% des députés testés sont contaminés

Et le constat des analyses est sans appel : ces polluants se retrouvent dans l'organisme de tous les députés qui se sont pliés à l'exercice. Dont Charles Fournier, député Europe Écologie-Les Verts d'Indre-et-Loire. Contacté par France 3, il explique :

14 députés sur 14 en ont. Certains ont même huit polluants sur les douze qu'on a testés, alors qu'il en existe 12 000 ! Pour ce qui me concerne, sur certains de ces polluants, j'en ai 10 fois plus que mes collègues. [...] Sur le moment, j'ai été un peu chamboulé.

Charles Fournier, député EELV d'Indre-et-Loire

Un taux important pour lui, alors même que la Touraine, où il réside, est une région peu industrielle. Car ces composés chimiques sont prisés de l'industrie pour leurs propriétés antiadhésives, imperméabilisantes et de résistance aux fortes chaleurs notamment. Et s'ils sont qualifiés d'éternels, c'est que les liens moléculaires qui les composent sont très forts, rendant ces polluants très peu dégradables dans l'environnement.

Une pollution de tous les milieux

De fait, désormais, la contamination aux PFAS concerne "tous les milieux : l'eau, l'air, les sols", liste l'Anses, l'agence nationale de sécurité sanitaire. Et, une fois dans l'environnement, leur transmission à l'humain via l'alimentation (mollusques et crustacés notamment) ou l'eau potable peut être très rapide.

Problème : la toxicité de ces composés chimiques est confirmée. L'Anses leur attribue une responsabilité dans l'augmentation du taux de cholestérol, dans le déclenchement de certains cancers, dans des altérations de la fertilité et du développement du fœtus, ou encore dans des perturbations du système endocrinien et immunitaire. Effet le plus grave selon l'autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) : la diminution de la réponse immunitaire suite à une vaccination.

Vers l'interdiction ?

Pour Charles Fournier, retrouver ces composés chez tous les députés testés impose à l'État de "ne pas diluer le débat, mais tout faire pour que des décisions soient prises" pour "protéger la santé de nos concitoyens". Selon lui, "on est peut-être à l'ouverture d'un scandale sanitaire d'importance". De quoi forcer le législateur à "interdire définitivement toutes les familles de PFAS", et ce dès 2025 quand il existe des alternatives, appelle-t-il de ses vœux.

Le député souhaite aussi systématiser les mesures de ces polluants dans l'eau potable, et une organisation des collectivités locales pour compléter une potentielle action de l'État. "Avec la métropole de Tours, on pourrait financer des tests auprès des habitants pour compléter l'alerte, parce que je ne suis pas un échantillon représentatif à moi tout seul", ajoute-t-il.

L'initiateur de ce coup de com', le député écologiste de Gironde Nicolas Thierry, a déposé une proposition de loi "visant à lutter contre les risques liés" aux PFAS.

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