Près de 200 personnes se rassemblent devant l'Agence de l'eau d'Orléans contre les projets de méga-bassines

Militants associatifs et élus se sont rassemblés devant le siège de l'Agence de l'eau à Orléans le 15 novembre. Ils réclament l'arrêt des financements d'État des méga-bassines, ces immenses retenues d'eau qui font bondir les écologistes.

Les militants contre les projets des méga-bassines ne lâcheront rien et ils comptent bien le faire entendre. Ils étaient environ deux cents, rassemblés en fin de matinée rue Bouffon, à Orléans, devant le siège de l'Agence de l'eau Loire-Bretagne, un organisme public qui dépend du ministère de la Transition écologique.

"Une insulte à notre devise de légalité et de solidarité"

Les manifestants, venus pour certains du Limousin, réclament l'arrêt des subventions publiques au projet des "méga-bassines" qui naissent dans le département des Deux-Sèvres ou dans la Vienne, alors que l'Agence d'État doit statuer dans les prochaines semaines sur une rallonge budgétaire pour accompagner ces projets. 

"Ces bassines sont un vrai problème, un déni de démocratie. Elles sont une insulte à notre devise de légalité et de solidarité", dénonce le sénateur écologiste Daniel Salmon, venu soutenir les manifestants. "Sur 16 recours déposés, il y en a cinq qui sont gagnés. Nous avons des bassines que l'on utilise alors qu'elles sont parfaitement illégales. Il faut remettre les choses à l'endroit".

Le projet des méga-bassines s'est retrouvé au cœur de l'actualité en octobre dernier. Près de 5000 personnes, dont des personnalités politiques, s'étaient rassemblées dans les Deux-Sèvres pour protester contre l'installation de 16 réservoirs dans le département. Des affrontements violents avec les forces de l'ordre ont fait 61 blessés du côté des gendarmes et une cinquantaine chez les manifestants (dont 2 pour avoir reçu des tirs de LBD à la tête). 

Des piscines géantes pour retenir l'eau

Mais qu'est-ce que c'est, au juste, ces méga-bassines qui font autant grincer des dents ? Sur le papier, ce sont d'immenses piscines à ciel ouvert qui permettent de retenir autour de 700 000 m3 d'eau (environ la consommation annuelle de 13 000 ménages).

Cette eau est pompée pendant l'hiver dans la nappe phréatique et peut être utilisée, au printemps ou en été, par les agriculteurs lors des périodes plus chaudes où le niveau des nappes phréatiques est le plus bas.

Ce projet est soutenu par le gouvernement et par le premier syndicat des agriculteurs, la FNSEA, notamment pour faire face aux épisodes de sécheresse. "Prélever l’eau l’hiver quand elle est abondante pour la stocker et l’utiliser l’été (...) c'est ce que je fais avec les haricots verts de mon jardin (...) c'est du bon sens", défendait, par exemple, la présidente du syndicat d'agricole, Christine Lambert, le 2 novembre 2022, sur France Info.

Il est d'intérêt général d'éviter de pomper dans les nappes au printemps et en été avec, par ailleurs, des engagements des agriculteurs sur la réduction du prélèvement d'eau

Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture

Sur France Info

Désaccords écologiques

Si la FNSEA et le gouvernement avancent l'écologie pour vanter ces projets de retenue d'eau, c'est au nom de cette même écologie que les militants s'y opposent. "Ce projet [des Deux-Sèvres ndlr] constitue une augmentation de la capacité potentielle d'irrigation et donc une arnaque à la substitution, dénoncent les opposants par communiqué.  "Le volume autorisé destiné à l'irrigation se situerait entre 13 et 14,5 Mm3/an alors que le volume réellement prélevé est de 11,5 Mm3 en moyenne sur la période 2006-2016."

Il manque une donnée indispensable et préalable à toute réflexion cohérente : le volume "prélevable" ! C'est à dire, le volume qu'il est possible de prélever sans nuire à l'eau potable et aux milieux. Ce volume n'a pas été déterminé avant l'élaboration du projet, son étude est en cours.

Dossier de presse "Pas un centime pour les bassines

Reçu par l'Agence de l'eau dans l'après-midi du 15 novembre, le sénateur Daniel Salmon semble peu convaincu par un éventuel changement de stratégie des autorités:" Il y a eu une écoute polie, c'est indéniable. Mais à voir ce qu'il va se décider derrière…"

Sollicitée par France 3 Centre-Val de Loire, l'Agence de l'eau Loire-Bretagne n'a pas souhaité s'exprimer. 

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