Après cinq jours de procès aux assises du Loiret, le verdict est tombé ce samedi 25 mai 2024. L'ancien prêtre Olivier de Scitivaux est condamné à 17 ans de prison, avec 10 ans de sureté. L'homme est ainsi reconnu coupable de viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans.
Un verdict qui n'efface pas les traumatismes, mais qui rend officielle la place de chacun. Le religieux Olivier de Scitivaux en coupable. Les quatre plaignants en victimes. 17 ans de prison ferme avec 10 ans de sûreté sont prononcés ce samedi 25 mai par la cour d'assises du Loiret. L'homme a annoncé, par la voix de son avocat, qu'il interjettera appel.
L'ancien prêtre Olivier de Scitivaux est ainsi reconnu coupable de viols et d'agressions sexuelles sur quatre jeunes mineurs de moins de 15 ans entre 1990 et 2000.
Après la prison l'homme devra s'astreindre à un suivi sociojudiciaire pendant trois ans. Notamment en suivant des soins. Il a également l'interdiction d'entrer en contact avec les victimes, et d'exercer toute activité en lien avec des mineurs.
Dix ans d'emprise et d'agressions sur des jeunes garçons
Sur le banc des parties civiles : Quatre hommes, dont trois frères qui ont détaillé des années d'enfer, sous les griffes d'un prêtre adulé de tous. "C'était le fan-club de Scitivaux, ce qu'il disait était parole d'évangile." À la barre, Quentin se souvient de l'époque où, enfant, il voyait toutes les semaines l'ancien recteur de la basilique de Cléry-Saint-André. L'abbé venait souvent chez ses parents, au début des années 1990. "C'était un ami, avec un grand A", se souvient la mère de Quentin.
Sauf que, à chacune de ses visites, le religieux agresse sexuellement l'enfant, alors âgé de seulement une dizaine d'années. Des agressions sexuelles et viols que subissent aussi les deux frères de Quentin, et un de leurs amis de l'époque. Pendant plus de dix ans, Olivier de Scitivaux se rend coupable de caresses, fellations, pénétrations. Les faits se déroulent aussi dans un camp de vacances où Olivier de Scitivaux était moniteur en Bretagne, ou chez le prêtre dans le Loiret.
Une peine moins lourde mais avec plus de sûreté
Pendant ses réquisitions, les mots de l'avocat général sont lourds de sens : "Il n'est pas exclu qu'Olivier de Scitivaux ait trouvé une certaine jouissance à la duplicité", celle qui consiste à "faire des sermons à la messe et sodomiser un enfant avec une bougie", insiste-t-il. Il demandait alors 18 ans de prison, avec une peine de sûreté de 9 ans. La peine prononcée est donc plus courte dans sa durée totale, mais le temps que l'ancien prêtre est assuré de passer derrière les barreaux est plus long.
Des signalements ont bien été faits à l'Eglise entre 1997 et 2000. La procédure judiciaire, elle, n'est lancée qu'en 2018. L'institution savait. Plusieurs familles avaient ainsi dénoncé des "comportements inappropriés". Un responsable d'aumônerie parle de gestes déplacés. Une mère de famille rapporte une "blague", faite par le père de Scitivaux à plusieurs enfants : "Quel est le point commun entre un prêtre et un sapin de Noël ? Ils ont tous les deux des boules bien rouges."
Vérité pleine et entière pendant le procès
Alors que les parties civiles expriment les années de silence, d'emprise et de manipulation,le religieux déclare "je vais ouvrir le tiroir". Une phrase aux allures de promesse. Celle de la reconnaissance totale de ses actes. Alors qu'il les avait avoués à demi-mot pendant l'enquête. Au dernier jour d'audience, vendredi 24 mai, il est 13h20 lorsque l'accusé se lève.
Ses mots sont sans détour : "Je reconnais, puisqu’il faut utiliser les mots, des attouchements, des caresses, des fellations, des pénétrations digitales et péniennes. Je reconnais aussi avoir eu des attitudes déplacées à l’égard d’autres jeunes. Je reconnais tout, sans réserves." Oui, l'homme avait "une attirance pour les garçons prépubères". Une vérité pleine et entière, pendant laquelle certains plaignants s'effondrent.
Le procès, qui devait se tenir sur quatre jours avait été prolongé jusqu'à ce samedi 25 mai au matin. Accusé et parties civiles se sont fait face une dernière fois, avant d'entendre les mots de la Cour, et la condamnation du prêtre agresseur. Dans sa plaidoirie, la défense demande aux jurés de ne se tenir qu'aux faits reprochés à son client. Dans l'assistance, tous le savent, le prêtre a fait d'autres victimes. Des actes qu'il a reconnu, mais prescrits.