Ce jeudi 10 avril le rdv était fixé devant la Cité Administrative Coligny à Orléans, siège de l’Agence Régionale de Santé (ARS). Les psychologues sont venus déverser leur colère. Ils se sentent stigmatisés et se considèrent comme les parents pauvres des professionnels de santé.
Kathleen Huré est la présidente de la fédération française des psychologues et psychothérapeutes de la région Centre. Son réquisitoire est tranchant et les motifs du mécontentement multiples.
L’offre de santé mentale n’est pas suffisante au niveau du service public. On réclame plus de postes dans les services publics, hospitaliers, territoriaux et d’Etat.
« Les mesures gouvernementales pour prendre en charge les souffrances psychiques des Français en augmentation pendant la crise sanitaire ne sont pas du tout suffisantes. Le parcours de soin n’est pas facilité avec une prescription médicale. Les séances sont limitées à 10 à raison de 30 minutes par séance ce qui n’est pas possible avec le travail thérapeutique… » On l’a compris, les psychologues ne veulent pas faire de l’abattage.
Le Covid a agit comme un révélateur des souffrances et des traumatismes. Les violences intra-familiales et conjugales ont grimpé en flèche. Les signalements des violences sexuelles et sexistes ont augmenté de 60% pendant le deuxième confinement selon le service statistique ministériel de la sécurité intérieure.
« Nous voulons, assène Kathleen Huré, que se poursuivent les négociations sur la prise en charge du parcours de soins des patients et du remboursement. Au niveau des salaires de la Fonction publique hospitalière également. Cela fait des années qu’ils n’ont pas été revalorisés. Et dans le cadre du Ségur de la Santé, rien n’a été prévu dans ce sens..» Le ministère des Solidarités et de Santé s’était félicité de la signature des Accords du Ségur de la Santé qui consacrent 8,2 d’euros à la revalorisation des métiers des établissements de santé et des EPhad.. Il faut croire que les psychologues n’ont pas fait la même lecture.
La santé mentale à deux vitesses
Laure Bruneau, Psychologue depuis une quinzaine d’années et Adhérente de la CGT-AIDAPHI est amère.
« Soit des gens ont des moyens de consulter en libéral des psychologues qui ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale soit ils doivent faire des démarches auprès des institutions et la liste d’attente est longue. Notamment pour les enfants.Comment imaginer 1 an1/2 d’attente? C’est problématique. On demande que les séances chez les psychologues soient mieux remboursées. 32€ pour une séance de 30 minutes. Une fois que vous avez retiré les charges et l’URSSAF et éventuellement la location d’un Cabinet.. Que reste-t-il?.» Et la profession de redouter la mise en place rampante de soins à deux vitesses. Ceux qui pourront payer sans se préoccuper du remboursement et les autres. Tous les autres. « La crise sanitaire a mis en lumière que l’on avait besoin des psychologues. Il faut que leur accès soit libre et facilité et que les remboursements soient corrects, » conclue-t-elle.
Pascal Sudre est Educateur Spécialisé et Secrétaire général de l’Union locale CGT Orléans. Son propos résonne comme un cri d’alarme. « Dans les établissements médico-sociaux et ceux de l’action sociale, les moyens humains sont faibles et l’avenir de la profession de psychologues en péril. Là où je suis, les psychologues sont surchargés de travail. Ils doivent faire face à des demandes multiples des équipes éducatives. Ça crée des tensions et des insatisfactions à tous les niveaux. Au final, on assiste à une dégradation complète qui peut mettre en péril l’avenir de nos institutions. » La Directrice de l’ARS, Sabine Dupont a longuement reçu une délégation des psychologues en colère. Elle leur a promis de faire remonter leurs revendications et leurs doléances. La journée de mobilisation nationale des psychologues a été bien suivie à Orléans.