Le report des élections régionales et départementales de mars à juin 2021 est préconisé par le rapport de l'ancien président du Conseil constitutionnel, Jean Louis Debré. Les élus et candidats du Centre-Val-de-Loire sont partagés sur ce nouveau calendrier électoral, voté prochainement au Parlement.
Missionné pour étudier un report des élections régionales et départementales, l'ancien président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré, a remis vendredi 13 novembre son rapport au Premier ministre Jean Castex. Il y préconise de repousser le scrutin à la fin du mois de juin 2021, au lieu de la fin du mois de mars, en raison de la crise sanitaire liée à l'épidémie de Covid-19.
De nombreuses voix se sont élevées ces derniers mois pour dénoncer l'impossibilité de faire campagne correctement dans ce contexte sanitaire à l'approche de la date du scrutin. Ce report "serait l’option susceptible de recueillir le soutien politique le plus large" estime le constitutionnaliste dans son rapport.
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— franceinfo (@franceinfo) November 13, 2020
Les élus régionaux unanimes
Une position que partagent la majorité des élus du conseil régional que nous avons contacté, y compris Charles Fournier, vice-président EELV de la région Centre-Val-de-Loire et tête de liste écologiste aux élections régionales de 2021.Un constat que fait également Michel Chassier, président du groupe Rassemblement National au conseil régional. "Faire campagne, aller sur les marchés au contact des gens, actuellement on ne peut pas, et même en sortant du confinement, ça serait mal vu. Actuellement les salles municipales ne sont pas ouvertes..." Par ailleurs, "les gens n'ont pas la tête à ça", selon lui.Organiser les élections en juin permettrait de respecter des enjeux démocratiques et de santé publique. Il me semble raisonnable d’imaginer qu’en mars prochain, toutes les conditions ne seront pas réunies pour que le scrutin puisse se dérouler dans de bonnes conditions. On attend l'avis des experts, mais il me semble que l'on ne va pas sortir du confinement tout de suite, donc il va rester trois petits mois pour faire campagne alors que les risques sanitaires ne sont pas levés.
L'élu RN faisait pourtant partie de la majorité de ceux qui, en juillet dernier, s'étaient opposés au report de l'élection. Mais aujourd'hui, sa position est bien différente : "Ça me semble impossible que le scrutin se tienne en mars si l'on ne veut pas répéter les erreurs des dernières élections municipales." Le maintien du premier tour des municipales, en mars dernier, au début de la première vague de Covid-19, avait suscité de vives critiques.
Juin 2021, dernier carat
Pour Charles Fournier, repousser l'échéance permettrait d'avoir plus de temps pour mobiliser les électeurs, lors d'un scrutin qui mobilise peu, dont le taux d'abstention dépasse souvent les 50% d'inscrits. "Ça nous laisserait le temps d’informer sur le rôle de la Région et sur ses dispositifs, qui ne sont pas suffisamment connus, pourtant la Région s’occupe de la collectivité."Le choix du mois de juin apparaît en effet plus consensuel que l'automne, qui obligerait à faire campagne pendant l'été, et s'avérerait trop proche de la présidentielle d'avril 2022, décrit le rapport. Rapprocher la date des régionales plus près du scrutin national aurait pour conséquence de balayer purement et simplement les enjeux régionaux, selon François Bonneau, président socialiste de la Région et candidat à sa réélection.
Si transfert du scrutin il y a, j’insiste sur le fait qu'en aucun cas, il doit se rapprocher des élections présidentielles et législatives et en devenir dépendant. Le mois de juin constitue la dernière possibilité, au-delà on est dans la préparation de la présidentielle. Le scrutin régional pourrait être effacé. Notre projet est un projet qu’on débat avec nos concitoyens, et l'on sait à quel point la présidentielle mobilise l'attention. Nous n’aurions pas d’espace, ni de visibilité, pour faire valoir un vrai débat.
En raison de la crise sanitaire, Jean-Louis Debré prévoit par ailleurs dans son rapport une "clause de revoyure" au printemps 2021, afin de pouvoir adapter à nouveau, si besoin, le calendrier électoral à la situation sanitaire. Là encore, les élus craignent que, de report en report, le vote soit renvoyé après la présidentielle et les législatives, qui ne seront pas déplacées. "Il y aura sûrement un appel à la cohérence de la part de la majorité victorieuse", prévient Charles Fournier. De quoi fausser les scrutins locaux, selon le vice-président de la région.
Le Premier ministre a annoncé ce vendredi qu'il déposera au Parlement dans les prochaines semaines un projet de loi proposant ce nouveau calendrier électoral et les conditions d’organisation de ces scrutins, sur la base des propositions du rapport de M. Jean-Louis Debré.