La Première ministre Élisabeth Borne a présenté la réforme des retraites, le 10 janvier. Si économistes, politiques et syndicats se bousculent dans les médias pour commenter le projet de loi, les futurs actifs sont rarement questionnés. Nous sommes allés les rencontrer à Orléans.
C'est sans aucun doute le fait politique de ce début d'année 2023. La cheffe du gouvernement, Elisabeth Borne, a présenté le 10 janvier la réforme des retraites déjà largement contestée par une partie de la classe politique et de la société civile.
Parmi les mesures aux cœurs des désaccords, le report de l'âge légal à 64 ans, promesse de campagne d'Emmanuel Macron, ou l'allongement de la durée de cotisation. Des lignes rouges pour les syndicats et une partie de l'opposition politique, notamment de gauche.
Du côté du gouvernement, on argue la nécessité absolue de réformer le système actuel. "Le déséquilibre entre le nombre d'actifs et le nombre de retraités a provoqué des déficits qui vont se creuser année après année. Laisser s'accumuler ces déficits serait irresponsable", a déclaré Élisabeth Borne lors de la présentation de la réforme.
Chez les opposants à la réforme, dont des économistes, on conteste l'urgence de cette réforme. Surtout, le gouvernement est critiqué pour son choix d'allonger le temps de travail plutôt que de s'appuyer sur d'autres leviers comme la hausse des cotisations.
Des apprentis pas toujours d'accord
Plus que les débats techniques, il y a une frange de la population que l'on entend peu à ce sujet qui est pourtant tout aussi concernée par la réforme : les futurs actifs. France 3 Centre-Val de Loire s'est rendu devant la Chambre des métiers de l'artisanat d'Orléans pour savoir ce qu'en pensent les apprentis.
Ces jeunes sont d'autant plus concernés par la réforme, qu'ils rentrent généralement plus tôt sur le marché du travail et pratiqueront des métiers parfois éreintants comme Dorianne Medjo, 18 ans et étudiante en CAP cuisine : "Quand on est vieux, il faut savoir se reposer !" réagit-elle.
Pour elle, retarder l'âge de départ à la retraite est une mauvaise idée : "Imaginons que plus tard j'ai des enfants ou des petits enfants. Je n'ai pas envie qu'ils s'inquiètent ou qu'ils me voient mourir au boulot. J'aurais envie de passer du temps avec eux".
Pour certains qui ont fait un CAP, ils commencent à travailler à l'âge de 14 ans. À la fin de leur carrière, ça commence à faire un peu mal.
Céline Hervy, 23 ans, apprentie au CFA d'Orléans
Un point de vue partagé par sa camarade Elsa Martinville, âgée également de 18 ans et apprentis en pâtisserie : "Moi quand je vois ma mère qui a commencé à 14 ans, aujourd'hui elle en à 55 et elle vient d'apprendre qu'elle va devoir travailler jusqu'à 67 ans pour qu'elle ait 800 euros à peine. Donc, clairement c'est non".
"Moi ça ne me fait pas peur"
Pour d'autres en revanche, la position est moins tranchée. Cyprien Hery, 19 ans, se forme pour devenir pâtissier : "Ça ne fait que deux ans que je travaille, donc je ne saurais pas vous répondre actuellement. Mais d'ici 30 ans, j'aurais peut-être une vision des choses qui me permettront de dire que 64 ans c'est un petit peu excessif. Ça fait déjà 40 ans de travail pour nous qui commençons assez jeunes."
Justin Dardeau, 18 ans, se dit prêt à travailler plus longtemps s'il le faut : " Moi ça ne me fait pas peur. Si les choses de la vie font que je vais devoir travailler jusqu'à 64 ou 65 ans et même ne pas avoir de retraite, pourquoi pas." Reste que l'étudiant a déjà préparé un projet de carrière un peu différent : "Si je fais des études, c'est pour pouvoir me faire une bonne situation, pour avoir mes propres entreprises et ne pas avoir à travailler jusqu'à 65 ans".