Le tribunal a ordonné que la démolition d'au moins deux maisons, rue de Bourgogne à Orléans, soit entamée dans le mois prochain, sous peine d'astreinte de 1 000 euros par jour. Depuis le sinistre il y a deux ans, la mairie a engagé plus d'un million d'euros.
"Enfin !" Ce couple, propriétaires d'une maison dans la rue de Bourgogne, est visiblement très soulagé d'entendre la décision du tribunal judiciaire d'Orléans : les travaux de démolition des maisons sinistrées de la rue de Bourgogne devront débuter dans les trente prochains jours sous peine d'une astreinte financière de 1 000 euros par jour.
Alors qu'un mouvement de terrain menaçait deux immeubles, le n° 19 et 21, d'effondrement depuis janvier 2022, c'est tout un quartier qui est, depuis, impacté par des relogements préventifs et le blocage de la rue. La mairie d'Orléans avait pris la décision d'assigner les propriétaires des immeubles en question et leurs assureurs en justice afin que les travaux de démolition débutent enfin. La décision du juge des référés de ce 2 février donne raison à la Ville.
L'adjoint au maire, Olivier Geffroy, félicite la décision du tribunal qu'il estimait être "très attendue" par les riverains. "Ce n'est pas la mairie qui a gagné, ce sont les riverains, les Orléanais qui, depuis deux longues années, ont été privés de la jouissance de leurs biens."
Un investissement de la Ville à hauteur d'un million d'euros
Il faut dire que depuis janvier 2022 et l'évacuation des deux bâtiments concernés, plusieurs arrêtés ont été pris par la Ville pour interdire de pénétrer ou d'occuper dix maisons dans la rue de Bourgogne et la rue adjacente (rue des 4 fils Aymon). En plus du blocage de la rue, plusieurs travaux de voirie - pour réparer la chaussée sinistrée par un trou béant - et des travaux de confortement et de consolidation des immeubles de la rue ont ponctué le quotidien des riverains depuis deux ans.
La Ville aurait investi plus d'un million d'euros dans le cadre ce sinistre - financement du relogement des sinistrés pendant six mois, accompagnement administratif pour faire reconnaître l'état de catastrophe naturelle et préparation de la chaussée.
Pour Cyril Michon, coiffeur-barbier installé dans la rue de Bourgogne, cette décision est un véritable soulagement. "Mon commerce a énormément souffert ces deux années-là. Je suis vraiment content de savoir que c'est une rue qui va revivre. J'espère qu'on verra des pas-de-porte qui ont été abandonnés retrouver des commerces. Qu'est-ce que vous diriez d'avoir un boucher en face du salon ?", demande le coiffeur à son client.
La complexe technicité de la démolition
Pour passer à autre chose, il faut pouvoir démolir ces bâtiments qui menacent le reste des immeubles de la rue, mais les travaux traînent et les parties prenantes se rejettent la responsabilité. Il faut dire que le dossier est techniquement très complexe : faut-il démolir le n°21, le n° 19 mais aussi le numéro n° 17 - lui-même fragilisé par l'état de l'immeuble qui le touche ? Faut-il faire passer les engins de démolition très imposants dans la rue de Bourgogne, elle-même très fragile ?
En juin 2023, une expertise judiciaire a été demandée par un des assureurs pour évaluer les chances de préserver le n°17 lors de la démolition des n°19 et 21 et définir les conditions de démolition possibles.
Le rapport attendu pour mi-février ?
L'astreinte financière décidée par l'ordonnance du 2 février ne plaît pas aux assureurs qui estiment ne pas pouvoir avancer plus rapidement sans ce rapport de l'expert judiciaire. "On comprend l'impatience des riverains, tout le monde veut que ce dossier finisse au plus vite, assure Me Christophe Pesme, l'avocat de la MAAF, assureur du propriétaire du n°17. Mais c'est simpliste de faire peser tous les griefs sur les assureurs. Si le dossier a traîné, c'est du fait de sa complexité technique."
Pour le moment, les assureurs ont préfinancé des travaux de confortement de quelques maisons rue de Bourgogne. Le rapport de l'expert judiciaire devrait être rendu prochainement. "Une réunion entre les parties prenantes est prévue par l'expert mi-février, précise Olivier Geffrey, l'adjoint au maire en charge de ce dossier. Grâce à la décision du tribunal, on va pouvoir être en mesure de délivrer un calendrier de démolition et rentrer dans l’opérationnel très vite."