Les avocats sont, eux aussi, vent debout contre la réforme du gouvernement. Vont-ils pouvoir peser ?
Justice morte et grève des audiences ce 6 janvier au palais de justice d’Orléans. Les avocats sont en colère et ce n’est que le début. Ils protestent contre la réforme des retraites, détaillée par le gouvernement le 11 décembre. Le mouvement de protestation a mené au renvoi des audiences du jour, du pénal jusqu'au commercial, et aucune permanence n'a été assurée. Les avocats orléanais n’excluent pas d’intensifier le mouvement.France 3 a interrogé Hugues Leroy, le bâtonnier d'Orléans.
- Qu’est-ce qui vous met en colère dans ce projet de reforme ?
"On ne bénéficie pas d’un régime "spécial" mais d’un régime autonome, équilibré, solidaire et équitable. C’est une réforme d’autant plus injuste que nous ne percevons pas un centime de l’État et que nous versons chaque année 92 millions au régime général.
Le revenu médian des avocats est de 41 000 euros. Vous en avez la moitié qui gagne moins de cette somme, l’autre qui est au desssus. Le projet prévoit le doublement des cotisations pour la moitie des confrères, les plus démunis, ceux qui gagnent moins de 40 000 euros par an. Un confrère qui ne gagne que 25 000 euros par an et qui paye 3 000 euros de cotisations verra ses cotisations annuelles passer à 8 000 euros. Et paraxodalement le niveau des retraites va baisser.
Ce régime nous précipite vers un gouffre. Il est d’une très grande injustice. Le régime unique, le dogme, c’est peut etre la Corée mais pas la démocratie."
Un calcul rejeté dans un entretien donné au Dalloz par l'ancien "Mr Retraites" du gouvernement, Jean-Paul Delevoye. Il assurait en octobre : "C’est faux, les cotisations ne doubleront pas et il n’y aura pas de hausse significative. J’ai bien entendu les craintes et les inquiétudes de la profession".
- Pensez-vous que le rapport de force sera suffisant ?
"C’est difficile à dire, poursuit le batonnier d’Orléans. Si on n’est pas capable de bloquer le pays, on n’est pas entendu par le gouvernement. On l’a vu avec les pilotes. Ils avaient annoncé un préavis de grève pour les 2 et 3 janvier, deux heures après ils avaient sauvé leur régime autonome de retraite !"
Les pilotes ne sont pas les seuls à avoir sauvé leur régime spécial. Les policiers et les militaires continueront, eux aussi, à bénéficier des dérogations à l’âge de départ à la retraite. Deux catégories exposées, selon le ministre de l’intérieur, à des "missions dangereuses".
Les 220 avocats orléanais se sont réunis ce 6 janvier en Assemblée générale. Selon la République du Centre, ils ont approuvé le principe d'une grève, en continuant les renvois et en étendant leur inertie au "contentieux de liberté" (garde-à-vue, comparution immédiates, contentieux des étrangers..).