Mais que signifie "bushcraft" ? Ce terme anglais désigne l'ensemble des techniques et des savoir-faire pour pouvoir vivre en autonomie dans la nature. Alors, ça vous tente ?
Philippe Boiron est professeur agrégé d'éducation physique et sportive à temps partiel, ce qui lui permet de consacrer du temps à ses "passions forestières".
En 2018, il a créé "L’appel des forêts" où il propose des stages de survie et bushcraft (vie dans la nature) dans lesquels, il transmet un grand nombre de savoirs pratiques :
- la reconnaissance des plantes sauvages comestibles,
- la cuisine de camp,
- la pêche et la chasse,
- la fabrication d'outils et d'armes à partir de matériaux naturels
- la construction d'abris, la potabilisation de l'eau,
- l'orientation à la boussole ou avec les étoiles.
Durant cette expérience, le groupe doit également s'entraider pour franchir des obstacles, nager ou grimper dans les arbres. "Je propose aussi des cours ou des animations d'escalade dans les arbres. Il m'arrive d'intervenir en milieu scolaire ou lors de conférences pour parler des arbres."
Pour Philippe, les arbres ont de nombreuses relations les uns avec les autres par l'intermédiaire des connexions de leurs racines, par les champignons qui les relient ou par les messages gazeux qu'ils s'envoient.
En général, ce sont des comportements de coopération et de solidarité qui devraient nous inspirer.
Philippe Boiron
Ils sont par ailleurs les champions du recyclage, chacune des feuilles qu'ils perdent par exemple sont retransformées en nourriture par une foule d'êtres vivants. Avec eux, pas de déchets à enfouir ou brûler.
"C'est grâce à eux que nous avons de l'eau, un climat agréable, de la biodiversité, des sols fertiles, de la beauté et plein d'autres choses encore. Notre vie est liée à l'état de santé du vivant qui nous entoure. Les arbres me fascinent à la fois par les services écosystémiques et pour les relations qu'ils entretiennent entre eux."
Il est indispensable de comprendre à quel point nous dépendons du vivant et des écosystèmes forestiers pour notre existence en tant qu'êtres humains.
Philippe Boiron
La reconnexion à la nature est l’objectif le plus important !
Les plantes, amies ou ennemies ?
La connaissance des plantes pour se soigner ou se nourrir nécessite un apprentissage rigoureux. Les plantes mortelles ne sont pas très nombreuses, mais elles existent et une confusion peut être fatale.
"Une fois la plante connue, il est important de la consommer en toute petite quantité au départ pour voir les réactions de son corps."
La liste des plantes comestibles est immense et quand nous nous promenons dans la nature, nous marchons littéralement sur de la nourriture. "À titre personnel, j'aime beaucoup le sedum et les feuilles de tilleul pour faire des salades. La menthe sauvage, l'oseille, l'ortie ou la berce font d'excellentes chips ou galettes."
Pour les plantes médicinales, les infusions de bourgeons de pin sylvestre peuvent nous protéger des coups de froid fréquents en bushcraft. Le polypore du bouleau, un champignon, forme un excellent pansement antiseptique quand on le découpe en lamelle…
"Au-delà des apprentissages techniques, mon enseignement fait la promotion de l'entraide, de la sobriété et de la reconnexion à la nature. Ce sont trois valeurs importantes à mes yeux pour relever les défis qui s'imposent à nous désormais."
Suivre les bons conseils
Philippe propose donc des stages de survie, il nous livre ses quelques conseils avant de partir…
"Le plus important est de savoir préparer ses sorties pour justement ne pas se retrouver en situation de survie, par exemple :
- avoir un téléphone chargé,
- avoir pris la météo
- avoir repéré son itinéraire,
- avoir une carte,
- une boussole,
- de quoi faire du feu,
- de quoi se protéger de la pluie.
Une fois en situation délicate, il peut être utile de savoir faire un abri de fortune pour éviter l'hypothermie ou d'avoir des bases solides de secourisme."
Article rédigé par Anne-Laure Andreutti, publié initialement le 05/11/23