REPLAY. Documentaire : enquête sur le survivalisme en région Centre-Val de Loire

Qui sont les survivalistes ? Ils se préparent aux plus grandes catastrophes en se créant des abris en forêt, en se coupant du monde moderne ou en devenant autonomes sur le plan alimentaire. Les réalisateurs Lucie Mizzi et Philip Dupuis ont enquêté sur eux en Centre-Val de Loire.

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Replay du documentaire "Survivalisme, à la santé de la fin du monde ?" :

La prophétie du bug de l’an 2000 a signé les prémices du mouvement survivaliste en France. À chaque catastrophe imminente annoncée, ce mouvement connait un regain d’intérêt. Ce fut le cas lors de la fin du monde prédite par les Mayas en 2012 et, à nouveau, cette année avec la pandémie de la Covid-19.

Selon des chiffres trouvés sur Internet, mais aux sources difficilement vérifiables, on estime aujourd’hui à plus de 10 000 le nombre de survivalistes dans tout l’Hexagone. Un nombre qui ne cesse d’augmenter. Armés jusqu’aux dents ou cachés dans un bunker à stocker des boîtes de conserves, telle est l’image caricaturale des survivalistes, ceux qui se préparent à une catastrophe ou un effondrement de la normalité comme une attaque ou une explosion nucléaire.

Dans une région comme le Centre-Val de Loire, avec ces quatre centrales nucléaires, les stages de survie pullulent. Qu’ils se reconnaissent néo survivalistes, "preppers" ou personnes prévoyantes, ils se sont constitués en une véritable communauté grâce aux nombreux groupes Facebook et chaînes YouTube qui comptabilisent entre 16 000 et 77 000 abonnés.

Méfiants, rares sont ceux qui acceptent de témoigner de leurs pratiques. C’est pourquoi, les réalisateurs du documentaire ont voulu enquêter sur ce mouvement aux lignes floues. Durant plusieurs mois, Lucie Mizzi et Philip Dupuis sont allés à la rencontre de celles et ceux que certains qualifient d’illuminés pour comprendre les raisons de leur préparation à une éventuelle fin du monde, le regard qu’ils portent sur notre société et définir ce qu’est le survivalisme à la française.

Leur enquête débute avec Lucie qui tente de trouver, grâce à Facebook, les survivalistes habitant la région Centre-Val de Loire. D’après ses premières recherches, il semblerait que la majorité des survivalistes se rencontre sur les réseaux sociaux. Elle découvre ainsi les groupes Facebook les plus connus tels que "Survivalisme en France" et "Survivalistes francophones". Tous deux regroupant entre 15 et 16 000 abonnés.

Au mois de mars 2020, au début de la pandémie mondiale, les réseaux sociaux ont respectivement attiré plusieurs milliers de membres supplémentaires, augmentant de près de 10% leurs effectifs. Sur la toile, les membres (ayant quasiment tous un pseudo, militarisé ou mythologique) échangent des bons plans, des tuyaux sur le matériel à avoir, mais aussi sur leurs questionnements. Les messages que la réalisatrice postera sur les différents groupes Facebook pour récolter des témoignages resteront souvent sans réponse.

Très vite, elle se fera repérer par les fondateurs d’un groupe nommé "Survivalisme Urbain Rural & Bushcraft SURB" qui, visiblement, n’aiment pas trop la voir fouiner. Après une armada de questions pour passer sa vie au crible et de longs échanges de messages, trois d’entre eux lui laisseront sa chance et lui proposeront d’entrer dans un autre groupe Facebook. C’est ici qu’elle rencontrera un homme que nous appellerons Édouard, notre première interview téléphonique. Âgé de 27 ans, marié et père de deux filles en bas âge, Édouard se confie dès le départ :

On n’aime pas beaucoup les journalistes, on s’en méfie. Ils disent souvent un paquet d’ânerie à notre sujet, ils mettent un avant des survivalistes très contestables comme Bernard Le Prévoyant, des mecs ultras armés.

Édouard

"On nous prend pour des Messieurs et Madames catastrophes alors qu’en réalité, on est comme tout le monde. C’est pour ça que la plupart préfèrent rester anonymes et que beaucoup prennent peur à la vue d’une caméra." Si les survivalistes ne sont pas ceux que l’on prétend, Édouard nous poussera à aller au delà des apparences et à plonger pleinement dans ce mouvement.

Pendant 52 minutes, le film nous emmène donc à la rencontre de celles et ceux qui se préparent au pire afin de comprendre leur vision des choses. Un scientifique apporte également son expertise au sein de ce documentaire.

3 bonnes raisons de regarder "Survivalisme, à la santé de la fin du monde"

La première bonne raison de regarder ce documentaire est d’ouvrir l’éventail du survivalisme dans notre région Centre-Val de Loire et de découvrir ce qu’il représente selon les individus. Du jardinier autonome, éleveur de poules et collectionneurs de conserves au porteur d’armes prêt à dégainer pour assurer sa défense, il y a une marge de taille, mais ils ont pour point commun de se préparer à la survie, en prévision d’une catastrophe locale ou mondiale.

Les survivalistes ne font pas confiance au système et œuvrent pour pouvoir survivre en autonomie. Ils anticipent les dangers à venir pour ne pas se trouver dépourvus quand il sera déjà trop tard pour ceux qui n’auront rien prévu. Ils se positionnent sur le "au cas où" avec conviction et certains sont prêts à investir énormément pour faire face à une éventuelle apocalypse ou tout au moins à la fin d’un monde. 

Ce mouvement peut faire sourire ou grincer des dents, mais à n’en pas douter, il rassemble de plus en plus d’initiés. La peur de manquer est-elle si marginale quand on voit les rayons de papier toilette, d’huile et de pâtes se vider à vitesse grand V quand une augmentation de prix ou une pénurie de produits est annoncée. La peur de s’empoisonner n’est-elle pas d’actualité quand les produits industrialisés sont rappelés pour cause de toxicité ?

La deuxième bonne raison est de se faire sa propre opinion et de poser son curseur à l’endroit voulu en fonction de ses choix de vie, voire de survie. Faut-il tout simplement profiter du présent ou s’inquiéter pour demain ? Faut-il à tout prix se battre pour survivre, seul au monde ou en bien mauvaise compagnie dans un univers dévasté ? Ce documentaire soulève bien des questions, à chacun d’y trouver ses réponses.

La troisième bonne raison est d’évoquer un paradoxe. Stages, salons, équipements, bunkers… Ce survivalisme a un prix et il est élevé. Le marché de la peur est un business florissant, mais si l’on en croit l’adage, la peur n’évite pas le danger !

► "Survivalisme, à la santé de la fin du monde ?", un documentaire de Lucie Mizzi et Philip Dupuis. Une coproduction Tandem Image, France Télévisions et TV Tours-Val de Loire dans le cadre du COM de la région Centre-Val de Loire coordonné par Ciclic. Première diffusion sur France 3 Centre-Val de Loire le jeudi 28 avril 2022 à 22h35.

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