La faculté d'Orléans accueille, pour la première fois, une centaine d'étudiants amenés à devenir médecins. Une rentrée qui soulage dans ce territoire qui souffre d'un déficit important en professionnels de santé depuis des années.
C'est une première rentrée historique. Ce lundi 5 septembre, la faculté d'Orléans ouvre ses portes à 105 étudiants en PASS (parcours d'accès spécifique santé), la voie principale pour entrer en deuxième année de médecine. Alors que professionnels et patients se mobilisent depuis longtemps pour dénoncer le manque de médecins et appellent à trouver des solutions, la rentrée des futurs professionnels de santé fait figure d'événement exceptionnel.
Cette première année a été prise d'assaut sur Parcoursup - la plateforme des vœux des lycéens pour l'enseignement supérieur -, sur les 1657 candidats, seulement 105 ont été choisis et répartis sur sept filières (en plus de la "majeure" santé, les étudiants ont choisi une "mineure" parmi chimie, maths, STAPS, physique, économie, SVT ou encore droit).
Une filière complémentaire à la L.AS
Depuis la rentrée 2020, l'université d'Orléans proposait déjà une autre voie d'accès à la deuxième année de médecine : la licence accès santé (L.AS). Cette année, ce sont 280 étudiants qui pourront tenter cette licence à Orléans (55 à Bourges et 20 à Châteauroux), soit 50 étudiants de plus que l'année dernière. Un tutorat dispensés par des "deuxième année" à petit prix sera proposé aux étudiants des deux filières.
La centaine d'étudiants de PASS qui se pressent sur les bancs de la fac d'Orléans étaient attendus depuis longtemps dans cette région qui manque cruellement de médecins. Le Centre-Val de Loire occupe la dernière place de région métropolitaine en termes de densité médicale avec 247 médecins pour 100 000 habitants en 2020. Dans le Loiret, par exemple, près de 150 000 personnes n'ont pas de médecin traitant, soit 24% de la population.
Plusieurs pétitions de professionnels de la santé, d'internes ou encore de patients circulent depuis années pour trouver des solutions. En novembre 2021, l'une d'elle qui demandait la formation de 200 médecins supplémentaires dans la région a récolté plus de 15 000 signatures. Le 22 février 2022, à l'issue d'une réunion avec de nombreux élus de la région, le premier ministre, Jean Castex, avait annoncé l'ouverture d'un nouveau "pôle de formation universitaire" de médecins d'Orléans. L'aboutissement de dizaines d'années de tractations et de revendications.
Une mission de préfiguration, pilotée par Matignon et réalisée par l'Igas et l'Igésr, a rendu ses conclusions le 19 avril. Première recommandation : le projet à long terme devrait impliquer une "faculté de médecine de plein exercice" à Orléans. Elle ne sera pas une simple antenne de Tours, comme cela avait été envisagé.
Une rentrée parallèle pour quelques étudiants rattachés à Zagreb
Cette rentrée 2022 est marqué par l'ouverture d'un autre parcours : c'est le fameux cursus de médecine en partenariat avec l'université de Zagreb, en Croatie. Dix-sept étudiants intégreront cette filière 100% en anglais, moitié de l'année en distanciel au Lab'O à Orléans et l'autre moitié en présentiel à Zagreb. Les frais de scolarité sont facturés 12 000 euros par an, mais Orléans Métropole et le département, devraient verser des bourses (jusqu'à 75% du prix des frais d'inscription) sous conditions de ressources et en contrepartie d'un engagement à exercer sur le territoire.
Selon Florent Montillot, vice-président d'Orléans Métropole, les trois quarts des étudiants de cette formation croate ont déjà signé un contrat d'engagement d'installation à Orléans pour un minimum de cinq ans. Pour Florent Montillot, également adjoint à la santé et la sécurité à la mairie d'Orléans, le besoin de médecins est tel qu'il ne faut pas opposer les deux formations. "Grâce à ces deux formations complémentaires, nous pouvons envisager l'avenir de façon plus sereine. D'ici 8 ou 9 ans."