CARTE. Festival de Loire 2023 : journal de bord de la Grande Remontée. Suivez de près notre arrivée à Orléans

La 11ᵉ édition du Festival de Loire approche. Du 20 au 24 septembre, Orléans va célébrer le fleuve royal. Plus de 200 embarcations traditionnelles et 700 mariniers sont attendus. Vingt jours après le départ, l'équipage vient de franchir la ligne d'arrivée. Découvrez la suite et fin de mon journal de bord à la découverte du patrimoine fluvial ligérien.

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Pour se rendre au festival de Loire, rien ne vaut la navigation sur le fleuve quand on est batelier. Pour chaque édition, l’organisation du festival propose et finance le grutage des bateaux de l’aval et un transport par camion. Le niveau de la Loire, le passage des ponts et le barrage de la centrale nucléaire de saint Laurent des eaux sont devenus des obstacles à la navigation.

Un groupe de mariniers passionnés de navigation a choisi de relever le défi et de rejoindre Orléans par la Loire. C’est la Grande Remontée de Nantes à Orléans. 

Le départ des bateaux a eu lieu ce vendredi 1ᵉʳ septembre depuis l’île de Nantes pour arriver au festival de Loire le 20 septembre. La flottille embarque avec elle des artistes et des scientifiques pour donner une dimension environnementale et artistique à cette épopée.

Mardi 19 septembre : la ligne d'arrivée vient d'être franchie

Ils naviguent debout (pour voir les cailloux) et à la voile (grâce au vent d’ouest) et pour eux ça veut dire beaucoup. C’est toute voile dehors que les 20 bateaux de la Grande Remontée se sont présentés ce mardi après-midi aux portes du Festival de Loire. Un long périple depuis Nantes, les amène par le fleuve. Un pari gagné, malgré une Loire basse, de multiples seuils à franchir, des bancs de sable et un barrage. Ils sont au rendez-vous des bateliers avec derrière eux 20 jours de navigation ligérienne à raconter. Le public massé sur le Pont Royal d’Orléans applaudit chaque bateau qui franchit le dernier obstacle avant les retrouvailles, le seuil du pont Georges V. Un passage souillé par de nombreux déchets plastiques qui font écho aux résultats des scientifiques de Nat Explorer embarqué dans l’expédition. En effet, leurs travaux démontrent que la Loire n’échappe pas à la pollution aux micro-plastique de sa source à l’estuaire. Ces bateaux viennent aussi à Orléans pour se faire les ambassadeurs d’une Loire trait d’union de tous les habitants du bassin versant. Le Festival de Loire sera pour ces mariniers l’occasion de partager leur passion pour la Loire.

Lundi 18 septembre : dernière étape avant l'arrivée 

La matinée à Meung-sur-Loire a été marquée par les déboires du bateau de 12 mètres "Mélusine". Une des grandes embarcations de la Grande Remontée partie de Bréhémont et qui ces derniers jours a beaucoup souffert du choc avec les pierres qui jonchent le fond de la Loire. La coque en aluminium a fini par céder à la jonction de soudures. Des brèches sans conséquences immédiates pour ce bateau récent à double coque grâce au principe d’archiméde. Deux options se dessinent en matinée, un grutage avec réparation dans une entreprise des environs (soudure aluminium) ou foncer à Orléans réparer avant le début du Festival de Loire. Finalement, Mélusine va tracer sa route vers Orléans directement, allégée, et se payant même le luxe d’une navigation à la voile en profitant du vent d’ouest.

Le vent d’ouest a aussi profité la flottille. Une navigation au portant qui n’avait pas été possible depuis Nantes et qui va permettre d’offrir au public massé au bord de la Loire à La Chapelle-Saint-Mesmin un joli spectacle. Vers 17h , ils seront nombreux à bénéficier de cette vision d’embarcations traditionnelles. Au loin, apparaissent une succession de voiles carrées, portées par la Loire et poussées par le vent. C’est la dernière escale avant l’arrivée à Orléans.

Samedi 16 septembre : une arrivée retardée à Beaugency

S’il y a un mur qui résiste, c’est le mur de la Loire. À Saint-Laurent-des-eaux, le fleuve "sauvage" est totalement barré par un mur infranchissable de béton et d’acier. Depuis plusieurs jours déjà, les mariniers de la Grande Remontée appréhendent cette épreuve. C’est cette rupture du cours de la Loire qui est au programme de ce samedi et impose un départ très matinal.

Si, dans les années 60, l’industrie nucléaire s’est accaparée 100% de la Loire dans l’indifférence générale, aujourd’hui que les ligériens se réapproprient leur fleuve, cette rupture du corridor écologique suscite l’indignation. C’est ce barrage et l’épreuve de forçat que constitue son franchissement, qui aboutit à l’onéreux grutage de la plupart des bateaux de l’aval visible au festival de Loire d’Orléans.

C’est une journée entière qui a été consacrée à sortir les bateaux de l’eau en aval de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux, pour les remettre dans la Loire deux kilomètres plus loin à l’aide d’une remorque.

Les mariniers livrés à eux-mêmes organisent une noria d’aller retour en 4X4 ou en tracteur pour remettre leur embarcation sur les flots. Des bateaux de plusieurs tonnes éreintent les corps en tension pour s’extraire de l’eau et voir une toue ou un fûtreau se transformer en jouet à roulettes pour bitume à grand coup de moteur diesel. 

Un trajet entre fil de fer barbelé et bâtiments industriels qui n’a plus rien à voir avec une navigation sur la Loire. Face à ce déni de la Loire, les mariniers utilisent aussi leur déboire et leur bateau comme un cheval de Troie. Se heurter à ce mur sur la route qui mène au Festival de Loire, c’est aussi stigmatiser que : si les bateaux ne passent pas, les saumons ne passent pas non plus et les sédiments sont bloqués là.

Toute une relation entre l’aval et l’amont interrompue pour assurer un réservoir d’eau suffisant au refroidissement des réacteurs de la centrale. Une sorte de méga-bassine industrielle et vintage payée au prix fort par tous ceux qui vivent dans, pour la Loire et sur la Loire. Les mariniers de la Grande Remontée 2023 ont encore payé cher ce passage du mur de Saint-Laurent-des-Eaux, avec un blessé léger (pied écrasé) et des heures de retard pour l’arrivée à la fête qui leur est réservée à Beaugency.

Vendredi 15 septembre : difficultés rencontrées pour les bateaux traditionnels 

Au départ du port de la Creusille ce vendredi matin, deux monde se croisent. D’un coté une immense grue chargée de "grutter" le bateau le Kairos, de l’autre, des mariniers de la Grande Remontée qui s’apprêtent à en baver pour naviguer sur la Loire.

Tous vont au Festival d’Orléans, les uns en quelques heures en camion, les plus téméraires vont affronter 4 jours périlleux de navigation pour retrouver les quais d’Orléans via la Loire. Les gros bateaux traditionnels de plusieurs tonnes ne peuvent plus franchir les embûches qui parsèment la Loire Aval. 

Pour la quinzaine de bateaux engagés dans la Grande Remontée, l’épreuve commence dès le début de cette journée de navigation vers Saint-Dyé-sur-Loire. L’ancien barrage du lac de Loire est toujours là. Seule une petite brèche offre assez d’espace pour franchir l’obstacle de béton armé.

Seulement, dans ce goulet étroit, le courant est très puissant et la Loire est une marche trop haute pour les petits moteurs. Cette fois encore, c’est le bateau Mélusine avec ses 30 chevaux et ses 12 mètres de long qui va jouer le saint-bernard de la Loire. Les équipages qui attrapent la bouée sont remorqués.

C’est un "Merci Mélusine" et des applaudissements qui accompagnent chaque franchissement de ce seuil. La suite de la navigation se fera en grande partie dans "la salade", de nombreuses algues s’emmêlent dans les hélices et gênent la progression de la flottille.

La halte du midi commence avec le pot offert par la municipalité de Cour-sur-Loire. À l’ombre des tilleuls de cet ancien port de Loire, Antoine Bouliou, le capitaine de Mélusine s’attelle cette fois à un bout de ficelle. Les séances de matelotage ne sont pas sans noblesse. Un fin cordage terminé par une boule, une pomme de touline, va orner le cahier de doléances de la Loire, "le cahier de condoléances" précise dépité Antoine Bouliou.

Jeudi 14 septembre : sur le port de la Creusille, mariniers, artistes, scientifiques et universitaires dressent le bilan. 

Des bateaux qui restent à quai, des mariniers qui participent à des ateliers autour du parlement de Loire ou visitent des musées, l’escale de Blois est atypique pour ces passionnés de navigation. 

Installés sur le port de la Creusille, rive gauche, les marins d’eau douce ont donné une dimension culturelle, scientifique, artistique à leur épopée. 

Les 15 bateaux de la Grande Remontée portent avec eux une utopie juridique de reconnaissance de la Loire. À travers un cahier de doléances embarqué, mariniers, artistes, scientifiques et universitaires font un état de la Loire.

Une nourriture intellectuelle qui s’accompagne d’un marché ligérien, preuve que la Loire est une culture, une agriculture, une nature. Entre les objets d’accastillage pour la marine ligérienne, un sculpteur de bois flottés et les vins de Cheverny , le stand de Marion Clément offre une délicatesse et une finesse surprenante.

La jeune femme travaille les peaux de poissons, elle « tanne » l’épiderme de silure comme d’autres travaillent le cuir. De la boucle d’oreille au sac à main, en passant par des porte-clés et des blagues à tabac, son travail surprend et intrigue les mariniers. En toute cohérence ligérienne, c’est elle qui prépare la couverture du cahier de doléances de la Loire qui remonte jusqu’au festival de Loire avec les bateaux.

Mercredi 13 septembre : Eva, Laura et Farah rejoignent la Grande Remontée

C’est en amis que les mariniers de la Grande Remontée ont été accueillis pour la nuit et surtout la soirée par l’association Millière Raboton installée à Chaumont-sur-Loire.

Au matin, le long serpent des 15 bateaux épouse à nouveau les méandres de la Loire avec de nouveaux arrivants à bord.

Eva, Laura et Farah sont étudiantes à l'École Supérieure des Arts et du Design d’Orléans. Leur présence à bord de La Sybille s’intègre dans un programme de recherche. Prises de notes, photos, dessins, croquis vont servir leurs travaux sur le thème : cohabiter avec le fleuve. Eva compare les bateaux de Loire avec les bateaux de mer. Elle trouve la batellerie traditionnelle de Loire plus brute et plus artisanale que la technologie développée pour l’océan.

Laura s’enthousiasme sur l’image des bateaux "à couple" (reliés entre eux) et y voit un symbole de solidarité. Quant à Farah, elle veut approfondir l’ergonomie de ces bateaux adaptés à l’Homme et à l’efficacité de la navigation ligérienne, mais finalement esthétiques.

Mardi 12 septembre : cap sur l'Île d'Or

Si les effets des trois jours de festivités de l’escale de Tours marquent encore les esprits et les corps, l’avalaison des 15 bateaux traditionnels de Loire a repris. Le difficile passage du pont d’Amboise a été récompensé par un très bel accueil de la commune sur l’Île d’Or suivi de chansons tard dans la nuit. 

La pluie de la nuit a un peu mouillé toute les affaires, mais la vie de mariniers ne s’arrête pas à cet inconfort. Guidés par Johana Sikula, la locale de l’étape, de l’association Millére-Raboton de Chaumont-sur-Loire le défilé des bateaux a serpenté entre les bancs de sable en s’attachant à suivre la veine d’eau désigné par le bateau La Cybelle. 

À la pause du midi, le traditionnel pique-nique des mariniers a été interrompu subitement par une vague descendant la Loire. Une incongruité vite identifiée comme la dévalaison d’un gros banc de mulets, ces poissons communs du fleuve royal. 

L’événement est rare, même Julien Chappuis, biologiste de Nat Explorer, embarqué dans la flottille, confie "c’est un spectacle fascinant qui vient nous rappeler que la Loire est bien vivante et qu’on partage la route avec le vivant". 

Le biologiste n’avait jamais assisté à un tel spectacle. De même, les mariniers ont interrompu leurs agapes pour se figer, silencieux, debout sur les bateaux pour observer l’ondulation de l’eau en forme de V qui trahit la course des poissons migrateurs vers la mer. Entre "migrateurs" on se comprend.

Les archéologues et les mariniers se comprennent aussi, au détour d’une île de Loire, une équipe de fouille attendait les bateaux de la Grande Remontée. Dans le fond du lit de la Loire, un assemblage de planches numérotées trahit un drame passé.

C’est ici, au 14e siècle, qu’un chaland a coulé entre Amboise et Chaumont. Entre archéologues et mariniers, de complexes discussions sur la construction maritime se lancent. Les mariniers sont impressionnés de découvrir au fond de la Loire un ancêtre de la marine de Loire, les archéologues notent les réflexions de ceux qui aujourd’hui construisent des bateaux en bois.

Un épisode qu’accompagne le retour du soleil, c’est le moment de sécher le linge et les duvets mouillés. Les haubans font d’excellentes cordes à linge.

Vendredi 8 septembre : une déambulation onirique à Tours

Arrivée à Bréhémont avec un bateau qui prenait l’eau dangereusement, la flottille de la Grande Remontée est repartie vendredi matin au complet. Bouzouk, le bateau de l’association La rabouilleuse-école de Loire a bénéficié toute la nuit des attentions et savoir-faire des mariniers, menuisiers et charpentiers de marine du port de Bréhémont.

L’enjeu était de taille, puisque ce bateau doit absolument participer au spectacle nautique du samedi soir à 20h30 devant la bibliothèque de Tours. Autre impératif de la navigation du jour entre Bréhémont et Tours : arriver à temps pour le traditionnel banquet festif et solidaire de Bernard Charret à Tours. Non seulement, 70 mariniers sont parmi les convives de ce repas gastronomique et ligérien, mais il y a aussi sur son bateau, le Pénélope, le musicien Fred Godard chargé d’animer la soirée avec son "karaoboeuf".

C’est d’ailleurs son bateau qui est arrivé en premier sur l’Île Simon fortement aidé par les mariniers de l’association Boutavent (Tours) qui avaient placé leurs bateaux afin de faciliter le passage des deux ponts qui barrent l’entrée de Tours (Pont de La Motte, pont SNCF). En soirée, tandis que les mariniers profitaient du banquet solidaire, à la nuit tombée, quelques pilotes de bateaux, quelques acrobates, des musiciens et l’actrice-metteur en scéne Diane Bonnot répétaient le spectacle nautique du présenté ce samedi 9 septembre.

Jeudi 7 septembre : les choses sérieuses commencent

Avec un départ de Montsoreau, la flottille a très vite passé une triple frontière. De la commune de Montsoreau à la commune de Candes-Saint-Martin, du département du Maine-et-Loire à l’Indre-et-Loire et de la région Pays de la Loire à la région Centre-Val de Loire.

La géologie marque aussi le lieu, c’est la confluence entre la Vienne et la Loire. Les cyanobactéries rencontrées hier venaient bien de la Vienne. Passé cette zone de confluence, l’eau de la Loire redevient limpide et soyeuse.

Le signe que la Grande Remontée commence à éprouver les équipages, c’est l’irruption du café turc à bord. Si la consommation de café est importante sur les bateaux depuis le départ de Nantes, là on atteint des consommations industrielles. La cocotte minute du bord garde au chaud plus de 3 litres de café, à condition de supporter un peu de marc de café au fond du verre. C’est rapide, c’est facile, c’est en grande quantité et ça compense les courtes nuits.

Pour franchir le seuil du pont de Port Boulet juste avant la centrale nucléaire de Chinon, tous ensemble, les équipages ont mis 2h pour faire passer 11 bateaux au halage. Ils sont une trentaine à avoir franchi les piles du pont à pieds avec une immense corde terminée par une bouée. L’objectif est d’envoyer la bouée en aval pour permettre aux mariniers d’y accrocher l’avant du bateau.

Tandis que tout le monde tire sur l'aussière, les bourdeurs à bord accompagnent l’embarcation ballotée par le courant pour éviter les cailloux. Une première leçon de halage qui va servir aux nombreux passages de ponts à venir.

En fin d’après-midi, c’est la catastrophe quand le bateau Bouzouk subit une voie d’eau qui le met en péril. Un trou béant laisse entrer trop d’eau pour assurer la flottabilité du bateau en bois. Dans l’urgence, une bâche va colmater la brèche en attendant les réparations inévitables.

Les téléphones portables s’affolent, il s’agit de trouver un charpentier de marine. Le bateau "percé" doit participer à un grand spectacle nautique samedi soir, il ne peut pas manquer à l’appel. L’arrivée à Bréhémont sera extrêmement tardive. C’est seulement vers 20h30 que sera aperçu le clocher de ce port de Loire.

Mercredi 6 septembre : petite pause saumuroise

Du Thoureil à Montsoreau en passant par Saumur, on pourrait appeler cela une étape de liaison pour utiliser les mots du cyclisme. Dans la navigation ligérienne de la Grande Remontée, c’est un enchaînement de bouées de balisage franchies au moteur à un rythme soutenu pour assurer les rendez-vous sous un soleil impitoyable.

Apéritif à Saumur, spectacle à Montsoreau et dîner au château. Certains débarquent comme à Saumur, ville dotée d’une gare, d’autres embarquent pour continuer le voyage. Les équipages mêlent bateliers, artistes et scientifiques au gré des embarquements chaque matin. L’artiste de land art, Zazü, a installé son cercle de chaises bleues dans la Loire en face de l’arrivée à Montsoreau. Une image iconique qui symbolise aujourd’hui la démarche du Parlement de Loire.

Depuis les environs de Saumur, l’eau de la Loire charrie une grande quantité d’algues verdâtres. Des flocs tout de suite identifiés par les biologiste de NatExplorers comme des cyanobactéries. C’est la Vienne, toute proche, qui charrie ces algues en grande quantité; D’ailleurs au bord de la rive gauche, coté où arrive l’afflux de la Loire, les algues sont denses sur une moitié du fleuve. Rive droite, les eaux du fleuve Loire et de la rivière Vienne ne sont pas encore mélangées.

La présence des ces cyanobactéries réduit à néant les envies de baignade malgré la chaleur. Les toxines transportées avec ces algues sont dangereuses pour la santé. En dépassant la limite des pays de la Loire pour entrer en région Centre-Val de Loire, la question est de savoir si une fois passé la confluence à Candes-Saint-Martin, et dépassé la Vienne, les cyanobactéries seront encore sur le chemin de la Grande remontée.

Mardi 5 septembre : première embûche aux Ponts-de-Cé

Première difficulté de navigation ce mardi 5 septembre avec dès le départ le passage du Pont-de-Cé. La navigation débute avec le franchissement du seuil. Entre le faible niveau d’eau et l’incision du lit de la Loire causée par les prélèvements de sable, seule une petite veine d’eau autorise le passage des bateaux. 

Chaque embarcation s’allége au maximum mais garde à bord un ou deux boudeurs chargés d’accompagner le franchissement. 

Chacun attend son tour, et seul le Non-chaland avec son moteur de 20 chevaux aura besoin d’être "halé" par un plus gros bateau. C’est Mélusine qui va lancer un cordage au secours du Non-Chaland qui fait du surplace dans la veine d’eau.

Un remorquage suivi depuis la berge par les enfants des écoles de Ponts-de-Cé venus assister au départ de la Grande Remontée. Un bateau quitte le convoi (La Déparleuse - Nantes) et deux fûtreaux locaux rejoignent l’expédition. Ce sont 11 bateaux qui poursuivent leur remontée vers Orléans par le fleuve.

À part quelques bancs de sables mal placés, rien n’entrave l’avancée de la flottille sous un soleil de plomb. Pique-nique à l’ombre et pause baignade rythme le long trajet vers le port du Thoureil. 

Un ancien port de Loire apprécié des marins de Loire pour son sens de l’accueil et la beauté de ses bords de Loire.

Lundi 4 septembre : soleil de plomb et bancs de sable

Les mariniers de Loire sont partout chez eux lorsque c’est un port ligérien. La nuit et le matin passés au Port de la Possonnière confirment cette évidence. Ce lundi matin, les équipages ont profité d’une matinée ensoleillée. Les 10 bateaux de la Grande Remontée ont attendu presque jusqu'à midi pour effectuer un départ groupé. À peine partis en navigation sous le soleil angevin, l’enjeu était de trouver un peu d’ombre pour déjeuner.

La plupart des embarcations n'étant pas cabanées, elles sont dépourvues de toit pour s'abriter. Les marins d’eau douce, faute de naviguer au petit jour, subissent les assauts d’un soleil tapant. C’est à la confluence entre la Maine et la Loire, contre une île boisée, que les toues et les fûtreaux se sont tous mis "à couple" pour partager un pique-nique sur l’eau. Une courte infidélité vite oubliée au fleuve royal.

La première difficulté de navigation est arrivée après cette pause. L’omniprésence des bancs de sable sur un passage élargi de la Loire a amené quelques bateaux à se "tanquer" sur le sable. Une fois ensablées, les coques des navires s’immobilisent. Tout le monde descend alors, il s’agit de remettre le bateau dans une veine d’eau pour repartir en navigation. Passée la première frayeur, la flottille découvre les vertus de la queue leu leu. Le premier vérifie le niveau d’eau et les autres suivent son parcours.

Même sur le fleuve, la canicule incite à chercher un peu de fraîcheur. Prisé des locaux, le "spot" de l’Île au Chevaux, juste en aval de la commune de Ponts-de-Cé va offrir une courte pause. La baignade au milieu d’un banc de mulets offre un répit à la chaleur accablante.

Tous les équipages ont rejoint l’étape du jour : les Ponts-de-Cé. Musique traditionnelle, balade en bateau, débat autour du parlement de Loire… la Grande Remontée prend son rythme de croisière.

Dimanche 3 septembre : direction le port de la Possonière 

Réveillés au tintement de la cloche d’un bateau, les mariniers et leurs passagers installés sur la plage de sable de Montjean ont quitté tente et duvet.

Café, pain, beurre et confiture accompagnent ce réveil un peu matinal pour ceux qui ont fait la fête jusqu’à deux heures du matin…La flottille est attendue à Challones sur Loire pour une visite de l’atelier de construction navale des Challendoux du 5éme vent.

Une petite heure de navigation conduit les équipages au port de Chalonnes. Là encore, les habitants sont nombreux sur les quais pour accueillir la Grande Remontée 2023. L’idée de rejoindre Orléans par le fleuve impressionne les habitants de ce port de Loire.

Pot de l’amitié, chants de marins et allocution du maire ponctue cette escale méridienne en Loire armoricaine. Une escale de quelques heures qui a été l’occasion pour le bateau le "non-chaland" d’ouvrir son moteur hors-bord et de repartir "à couple" en attendant une hypothétique pièce de rechange. La nuit est prévue au port de la Possoniére.

Un port investit de ce renouveau de la marine de Loire mais aussi tout proche d’un camping. L’appel de la douche chaude motive les troupes bien plus qu’un brin de toilettes dans l’eau de la Loire. À côté de la guinguette de la Possonière, baryums , stand de Loire Sentinelle et du parlement de Loire sont déjà installés à 15H quand les bateaux sont attendus en fin d’après-midi.

Samedi 2 septembre : d’Ancenis à Montjean-sur-Loire

Après une nuit sur l’île qui fait face au port d’Ancenis et un bon café, la dizaine de bateaux a repris sa navigation avec le soleil cette fois.

La navigation fait maintenant face au courant. Ici, après Ancenis, les effets de la marée s’estompent, la Loire ressemble à un lac. Un miroir d’eau qui porte les espoirs d’une douceur ligérienne plus adaptée à ces bateaux en bois, à fond plat.

Les oiseaux sauvages familiers des bords de Loire dans la région Centre Val de Loire sont visibles. Hérons, aigrettes garzettes prennent la pose sur les bancs de sable, encore concurrencés par le goéland et mouette rieuse.

Un tronçon de Loire armoricaine parcouru en quelques heures et dans la bonne humeur d’un soleil radieux. Surprise ! À Montjean, le public était massé sur le port pour accueillir cette grande remontée.

Stands, animation, spectacle et table ronde sont au programme des mariniers et des terriens. Le succès de curiosité est au rendez-vous et les badauds sont ravis de découvrir l’aménagement des bateaux. 

Vendredi 1er septembre : le grand départ 

Pour profiter de l’effet de marée, le départ des bateaux de nuit est devenu un défilé fantastique quand les frêles toues cabanées et autres futreaux  de la Loire moyenne sont devenus des petits points rouges ballottés dans les vagues des cargos transatlantiques.

Pour ces mariniers de la Loire tourangelle, naviguer dans le port de Nantes à la voile au petit jour évoquait les voyages au long court des ancêtres de la marine de Loire. Ce parcours qui reliait Paris au nouveau monde en passant par Nantes, Tours et Orléans c’est la Grande remontée 2023.

Pour conquérir cette navigabilité retrouvée de la Loire, les nouveaux marins de Loire commencent leur périple vers le Festival de Loire depuis l’île née Nantes. Un lieu mythique copieusement arrosé par la météo du jour. Le départ a eu lieu vers 16H30, direction Ancenis pour le bivouac.

Jeudi 31 août : regroupement des bateaux avant le départ officiel 

Ce jeudi 31 août, les Tourangeaux arrivent en Loire-Atlantique sous la pluie. Il y a 7 bateaux : Mélusine (Bréhémont), Louise-Michel (Bréhémont), La Sybille, Bachi, Bouzouk, La Rabouilleuse (Rochecorbon), le nonchalant (Blois), le Pénélope (Rochecorbon).

Ils naviguent ensemble pour rejoindre Saint Jean de Boiseau, point de ralliement des bateaux de la convergence aval. Le départ officiel a lieu ce vendredi à l’île de Nantes.

Quand la Loire se fait mer

Les marins « d’eau douce » découvrent une Loire bien plus large que chez eux.

Une navigation ligérienne qui se fait au rythme et horaires des grandes marées. Le plus surprenant pour ces futreaux et tous habitués à la douceur de la Loire tourangelle, c’est la rencontre avec les vagues. Les bateaux à fond plat se retrouvent ballottés par une houle venue de la mer. L’estuaire n’est pas très loin, ici la Loire devient mer. Sans étraves, les embarcations ligériennes se balancent au gré du clapot. Au port du Pelerin (Loire Atlantique), la flottille retrouve Le Gaillard, le bateau des bateliers du Cher (Savonnières). Les bateaux restent amarrés pour la nuit. Une nuit courte… La marée impose un départ à 5h pour rejoindre Nantes pour la cérémonie officielle du départ pour le festival de Loire.

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