Procès AZF : quand la traque des suspects passait par Montargis

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Vingt ans après les menaces, un homme de 76 ans et une femme de 61 ans passent devant le tribunal correctionnel de Paris. ©Garo Kevorkian, à l'aide d'archives de l'INA

Ils ont fait trembler les hautes sphères de l’Etat. En 2004, un groupe nommé AZF a multiplié les courriers malveillants, notamment vers le ministère de l’Intérieur. Menaces d’attentats, demandes de rançon, durant plusieurs semaines un curieux échange a eu lieu. Vingt ans après, le procès de deux personnes s’est ouvert ce mardi devant le tribunal correctionnel de Paris.

Mars 2004, la SNCF décide d’inspecter les 32 000 kilomètres du réseau ferroviaire français. Les 10 000 agents ne trouvent rien. Mais le danger n’est pas écarté pour autant. Un mois plus tôt, les enquêteurs ont trouvé une bombe artisanale de deux kilos, à proximité du viaduc de Rocherolles, sur la ligne Paris-Limoges. Une découverte réalisée grâce aux indications d’un groupe inconnu, AZF. À l’époque, le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy décide de prendre la parole dans le journal de 20h de France 2.

Nous ne prenons pas cette menace à la légère. Nous avons besoin de travailler dans la discrétion.

Nicolas Sarkozy, ancien ministre de l'Intérieur

 

Depuis la fin de l’année 2003, le ministère de l’Intérieur reçoit neuf courriers malveillants du groupe AZF menaçant de faire exploser plusieurs bombes, si une rançon n’est pas versée.

 La découverte de deux vraies bombes près des rails, tourne la menace en réalité tangible. Les auteurs se présentent sous le nom d’AZF. Ils se définissent comme un "groupe de pression laïc, éthique et politique". À ce moment précis, les enquêteurs décident d’entrer en négociation avec le groupe. Dans les jours qui suivent des échanges se font, via internet et les petites annonces du journal Libération. À plusieurs reprises, la police alias "Suzy" échange avec le groupe AZF, alias "Mon gros Loup".

La traque s’accélère lorsqu’en mars 2004, une femme indique par téléphone aux autorités, un emplacement à proximité de l’aérodrome de Montargis à l'est du Loiret. Selon le plan des maîtres chanteurs les forces de l’ordre doivent déposer la rançon à un endroit précis. Depuis la base militaire de Vélizy-Villacoublay dans les Yvelines, un hélicoptère vol jusqu’au point de rendez-vous de l’aérodrome de Montargis. Puis décolle vers la destination finale, suite à un message laissé par AZF sur place. À bord, les forces de l’ordre ont la moitié de la rançon, suffisamment pour ouvrir des négociations. Mais une fois sur place, les policiers ne trouvent personne. Quelques jours plus tard, le groupe AZF annonce la fin de ses activités, dans un ultime message "sans rancune, et à bientôt".

Les années passent mais l’enquête se poursuit. En juin 2018, Michel D. et Perrine R. sont mis en examen notamment pour association de malfaiteurs et fabrication et détention sans autorisation d’engins explosifs. Au cours de l’instruction la classification de terroriste, a finalement été abandonnée. Cet ancien chef d’entreprise de 76 ans, aujourd’hui à la retraite et son ancienne salariée âgée de 61 ans ont tenté de rançonner l’Etat, car à l’époque l’entreprise était en difficulté financière. Ils auraient agi seulement pour un motif crapuleux. Six ans après leur interpellation, le duo risque jusqu’à dix ans de prison. Le procès qui s’est ouvert ce mardi doit durer jusqu’au vendredi 16 février.

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