D’après l’Insee, la création d’entreprises a bondi en France de 4 % par rapport à 2019, de 6,3% en Centre-Val de Loire, et ce malgré la crise sanitaire. Mais cette hausse cache une situation beaucoup moins reluisante.
La crise sanitaire laisse craindre une crise économique avec une forte hausse du chômage de 7,5% (hors Mayotte), une chute du PIB en 2020 de 8,3%.
Pourtant d’après l’Insee, les défaillances - ou dépôts de bilan - des entreprises ont diminué en 2020, notamment en Centre-Val de Loire comme le montre ce graphique :
Cette situation peut s’expliquer par les mesures prises par l’Etat depuis le début de la crise sanitaire pour éviter la cessation de paiement, comme le fonds de solidarité.
2/3 de micro-entreprises
Mieux encore, selon l'étude de l'Insee de février 2021, la création d’entreprises a atteint un nouveau record en 2020 en France avec 848.200 créations, soit 4 % de plus qu’en 2019. La région Centre-Val de Loire n’est pas en reste avec 22.158 entreprises qui ont vu le jour, soit une hausse de 6,3%.
En regardant les données dans le détail, 65% donc deux tiers des entreprises créées en 2020 en France sont en fait des micro-entreprises, tandis que le nombre de créations entreprises classiques continue de diminuer (elles représentent 10% des créations en 2020, contre 12% en 2019).
Cette situation est sensiblement la même dans la région. Dans le Loir-et-Cher, "on a certes une création en augmentation sur 2020, mais elle est moins forte que ce qu’on a connu sur les années précédentes", analyse Jean-Sébastien Bourgault, responsable de BGE Loir-et-Cher, une structure d’appui aux entrepreneurs.
Comment expliquer cette hausse ?
Cette hausse en pleine pandémie peut sembler surprenante. Mais Jean-Sébastien Bourgault avance plusieurs hypothèses.
Le développement d’internet, l’accès plus facile aux informations d’une part, une promotion du dispositif de micro-entreprise avec un système simplifié et allégé d’autre part, permettent aux gens "de démystifier la création d’entreprises, de se dire que ce n’est pas réservé à une élite. Tout un chacun peut devenir entrepreneur ou chef d’entreprise."
La crise sanitaire a pu aussi inciter des personnes à créer leur micro-entreprise. Confinées chez elles avec du temps pour réfléchir, ou confrontées à une chute de leur activité, elles ont pu vouloir compléter leurs revenus par un autre biais.
"C'est préoccupant"
Une solution d’autant plus facile que "la création d’une micro-entreprise peut prendre cinq minutes", précise le responsable de BGE Loir-et-Cher.
"C’est génial et en même temps c’est préoccupant. Créer c’est bien, vivre de son projet c’est différent. Le développer et le pérenniser, c’est ça le job", soutient-il.
Or ces micro-entreprises "n’ont pas l’obligation d’être accompagnées", ni "d’avoir une comptabilité poussée". Leur viabilité serait donc loin d'être assurée.
Pour limiter la casse, "avoir des mesures d’Etat qui accompagnent dans cette période difficile, c’est très intéressant", reconnaît Jean-Sébastien Bourgault. "Renforcer cela par des dispositifs spécifiques de suivi, c’est aussi important."