Les précipitations ont été très nombreuses, sur la première moitié de l'année 2024 en France. Par endroit, il a plu trois fois plus que la moyenne. La chaleur et le soleil feront leur retour en août. Des pluies diluviennes plus fréquentes et des épisodes chauds décalés : la patte du réchauffement climatique.
Cela n'aura échappé à personne : la première moitié de l'année 2024 a été bien pluvieuse. Que ce soit la fin de l'hiver, le gros du printemps ou le début de l'été. Presque partout en Centre-Val de Loire, les normales étaient dépassées, voire pulvérisées.
Localement, il a ainsi plu deux, parfois trois fois plus qu'à l’accoutumée. À Romorantin, il est tombé 163 mm d'eau en juin, contre 54 en moyenne sur la période 1991-2020. Soit une hausse de 205%. Sur les six derniers mois, 554 mm de pluie sont tombés sur la capitale de la Sologne, un chiffre 40% supérieur à la normale.
Des cumuls "affolants"
Et le schéma se répète, quoique dans des proportions légèrement moindres, dans presque toutes les stations de relevé de la région. Seul le mois d'avril se distingue, avec de légers déficits de précipitations dans quelques localités. La faute à "des passages réguliers de gouttes froides, avec des zones en altitude plus fraîches qui permettent la formation d'averses et d'orages", explique Olivier Renard, de l'association Météo Centre, qui remarque des cumuls "affolants".
Selon le prévisionniste, la période s'est distinguée par la répétition d'orages "peu mobiles sur des zones très localisées et qui se rechargent tous seuls". Concrètement, "un orage meurt quand son courant descendant avec la pluie casse son alimentation en air chaud". Là, "ils se régénéraient systématiquement". Et il pleuvait, beaucoup, sur des zones limitées. La Sologne et la Brenne ont été particulièrement touchées.
💧 État des nappes d’eau souterraine au 1er juillet 2024
— BRGM (@BRGM_fr) July 12, 2024
Que retenir ?
➡ L’état des nappes est très satisfaisant, après une recharge 2023-2024 excédentaire et un soutien par les pluies printanières. pic.twitter.com/9eez2kJJR2
Résultat, dans la région, les nappes phréatiques sont toutes revenues à un niveau normal, voire excédentaire, après deux années de sécheresse. Le sol s'est tellement gorgé d'eau que les débordements et inondations ont été monnaie courante en 2024 dans la région, dès qu'un orage soudain se déclenchait. En Sologne à plusieurs reprises, dans la vallée de la Vienne fin mars... et ce jeudi 11 juillet au soir. À Loches, mais aussi dans l'Indre.
Plus de pluies diluviennes à l'avenir
Évidemment, la récurrence d'évènements orageux n'est pas sans lien avec le réchauffement climatique. Car, "pour un degré d'augmentation de température dans l'atmosphère, elle peut se recharger de 7% d'humidité en plus". La conséquence est double, avec "des précipitations de moins en moins bien réparties" : "On pourrait avoir des périodes très humides puis une période de sécheresse plus intense." Concrètement, si la hausse des températures planétaires n'est pas enrayée, "on pourrait avoir un cumul de précipitation de 700 mm sur une année, avec 200 tombés en deux jours" en France.
D'ailleurs, contrairement au ressenti général, les mois de mai et juin n'ont pas été spécialement frais. Dans les préfectures du Centre-Val de Loire, l'écart aux températures normales s'échelonne de - 0,3 à + 0,7 degré sur ces deux mois. En réalité, "l'humidité a apporté une sensation de fraîcheur". Autre constat, les températures maximales n'ont pas été forcément très hautes dans la région en juin. "Mais les minimales sont restées assez hautes", précise Olivier Renard.
Un mois de février 4 degrés trop chaud
Le premier quart de l'année a même été largement au-dessus des normes, et "anormalement doux". En février, il a fait entre 3,5 et 4 degrés de plus que la moyenne dans la région. En mars et avril, l'écart à la normale se situe entre 1 et 2 degrés.
Le mois de juillet devrait, selon les prévisions de Météo Centre, être contrastée. Une période de perturbations est annoncée sur la région autour des 18, 19 et 20 juillet. Une nouvelle goutte froide est aussi prévue pour la fin du mois. Avant un retour du soleil, et peut-être le début d'un "été décalé" qui pourrait durer jusqu'à la fin septembre.
La faute au phénomène qui, en 2023, a causé sécheresse et ensoleillement très excédentaire : "une situation de blocage avec des flux de sud et de sud-ouest". Autrement dit, de l'air chaud venu d'Afrique, qui amène son lot de vagues de chaleur et bloque les précipitations. Cette situation arrivera dans la deuxième moitié de l'été, lorsque "l'anticyclone des Açores prendra ses quartiers". "S’il joue son rôle de pompe à chaleur, il fera beau et chaud", prévois Olivier Renard.
Point positif d'un été plus tardif, "le rayonnement solaire est moins direct et les journées moins longues qu'en juin et juillet, donc ça chauffe moins". Reste que ces étés indiens sont un symptôme du dérèglement du climat. "Avant, on se disait que, passé le 15 août, on était bon, on n'aurait plus de canicule. Finalement, l'année dernière, on a eu chaud jusqu'à mi-octobre."