Le président (PS) de la région Centre-Val de Loire assure être à l'écoute du "malaise" et de la "volonté de changement" des manifestants. A la veille d'une nouvelle journée de mobilisation nationale, il se joint toutefois aux appels au calme qui ont été formulés par de nombreux élus ce vendredi.
Marquée par l'entrée des lycéens dans le mouvement de mobilisation initialement porté par les gilets jaunes, la semaine passée a été émaillée de heurts en marge de ces établissements scolaires, dont la gestion incombe à la région. Avec le tir de balle de défense dont a été victime ce mercredi un jeune scolarisé au lycée Jacques-Monod de Saint-Jean-de-Braye (Loiret), la tension est montée d'un cran. Entre maintien de l'ordre, écoute des administrés et poursuite du service public, le président (PS) de région François Bonneau revient sur sa gestion de la contestation sociale.
Pour vous, dans notre région, quels ont été les ressorts de la mobilisation ?
Dans la région comme partout en France, deux éléments. Tout d'abord, c'est une revendication très forte en matière de pouvoir d'achat. Les gens qui se mobilisent, retraités et actifs, disent aujourd'hui : "le compte n'y est pas, on n'arrive pas à vivre dignement avec des salaires trop faibles". La deuxième motivation, c'est le sentiment de n'être pas suffisamment pris en compte, écoutés, reconnus comme des citoyens à part entière.
Comment gère-t-on une région dans le cadre d'une telle crise ?
Dans les mobilisations [lycéennes], il peut y avoir des actions qui sont violentes alors que la plupart des jeunes qui se mobilisent sont là pour porter l'inquiétude concernant leur avenir, et des revendications concernant leur présent. Donc il y a une grande attention pour limiter au maximum le risque d'incidents. Et ça n'est pas simple. Il y a régulièrement des points qui sont faits entre le rectorat, les proviseurs et la région de manière à suivre au plus près les réalités territoriales.
Il y a une attention également car nous assumons la responsabilité des transports. Les dépôts ou la circulation ont été perturbés. Il faut faire en sorte que ça ne crée pas de tension, qu'au maximum un service public soit maintenu pour les territoires pour les personnes qui en ont besoin. Là aussi ça suppose d'être très à l'écoute, de suivre les choses avec les services chargés de la sécurité et d'adapter les décisions.
La gestion de la crise par le gouvernement facilite-t-elle ou complique-t-elle votre tâche ?
La prise en compte de l'importance, de la gravité des revendications a été, à l'évidence, tardive. Je le pense et je le dis. Après, dans les dernières annonces, dans la mobilisation des services de l'Etat, il y a une vraie prise de conscience des risques, de la nécessité du dialogue. Je crois que le moment est venu de s'asseoir autour de la table pour dégager très concrètement des solutions.
Notre région a été touchée par le phénomène des violences policières... Quel est votre avis sur la question ?
Il est à déplorer dans notre région plusieurs victimes dans ces mouvements parce qu'au sein de ces manifestations certains ont produit des actes violents. Il faut bien évidemment que la police puisse assurer l'ordre et la sécurité des manifestants. Ça suppose qu'il n'y ait pas d'exactions qui soient commises ou de provocations violentes de l'autre côté. Mais s'il y a des actes de la police qui ne sont pas conformes à son éthique et à son rôle, il faut que les choses soient établies. Aujourd'hui, l'important est de dire : "attention à ce que personne, parmi les jeunes, les femmes et l'homme qui ont envie de dire leur malaise et leur volonté de changement, ne soit dans une posture de violence ou de faciliter la violence. Cela ne peut conduire qu'à des catastrophes humaines.
Avant la manifestation de samedi, comment sentez-vous l'ambiance dans votre région ?
On a des endroits qui ont été tendus, qui semblent l'être un peu moins hier et aujourd'hui, et d’autres qui ne l'étaient pas particulièrement et qui le sont. Il est très difficile de dire si les provocateurs et les violents qui ne rêvent que d'affrontements avec la police, de confrontations avec leurs concitoyens, l'emporteront. Ou si c'est au contraire la volonté de dire de manière résolue et pacifique le malaise et la volonté de changement.