La gestion financière des villes est l'un des sujets importants des élections municipales de mars prochain. À l'heure du bilan de fin de mandat, focus sur les communes les plus endettées de la région Centre-Val de Loire, et leur évolution lors des six dernières années.
Maintenir un niveau d'investissement convenable tout en adoptant une gestion financière pérenne : c'est l'un des grands enjeux de l'administration d'une commune. Un défi que relèvent différemment les maires du Centre-Val de Loire, avec plus ou moins de réussite. En atteste l'évolution de l'endettement des collectivités sur les six dernières années.
Chartres, Bourges et Châteaudun en tête
14 : c'est le nombre de villes de plus de 10 000 habitants (selon l'Insee) de la région qui, en 2018, présentaient un montant de dette par habitant supérieur à la moyenne nationale de 962 euros. Par habitant, parce que la dette globale d'une commune varie en fonction de sa taille. Ramené au nombre de citoyens domiciliés dans la ville, l'indicateur autorise la comparaison entre les différentes collectivités.En tête des dettes les plus fortes : Chartres, Bourges, Châteaudun, Tours et Montargis. Toutes au delà de 1500 euros par habitants. Trois sont des préfectures, deux des villes dont la population n'excède pas les 20 000 têtes. Une diversité qui prouve bien qu'il n'est pas ici question de taille.
Ni de pauvreté, d'ailleurs. Des trois communes qui affichaient le taux de pauvreté le plus haut de la région en 2015 - respectivement Montargis, Châlette-sur-Loing et Dreux (toutes trois aux alentours de 30 %) - seule Montargis est présente dans notre classement.
Héritage d'élus en élus
Il en va donc en partie de la responsabilité de l'équipe municipale... mais pas uniquement de la dernière en date. Bien souvent, les problèmes financiers - si problèmes il y a - se transmettent d'élus en élus et il convient donc d'envisager l'endettement des villes dans la durée.Infogram
C'est notamment le cas à Bourges, où Pascal Blanc a hérité en 2014 d'une situation difficile. Une situation que l'élu, présent dans l'équipe municipale précédente, assume. "Il y a eu des choix stratégiques coûteux qui ont été faits en terme de renouvellement urbain et d'embellie de la ville", se souvient-il. Mais, d'après lui, ce n'est pas la seule cause des tourments financiers de la commune.
En 2007, le conservatoire de musique et danse de Bourges a déménagé dans de nouveaux locaux, explique l'élu. Sur le milliers d'élèves qu'il comprend, un tiers seulement sont Berruyers. C'est pourquoi il aurait été logique que l'agglomération porte son investissement alors que c'est principalement la ville qui a payé. Et c'est pareil pour le palais des sports, qui rayonne au niveau départemental.
Conjoncture nationale compliquée
Il faut dire que la dernière mandature a souffert de circonstances particulières. Entre la réforme territoriale qui a amené de petites communes à fusionner et le transfert de compétence des villes vers les intercommunalités, difficile de maintenir une stabilité dans la gestion.Sans parler d'une baisse généralisée des principales dotations de l'État, dotations globales de fonctionnement (DGF) en tête. Une chute manifeste d'environ 3,5 millions d'euros en cinq ans pour Bourges et Chartres.
"Emprunter ne signifie pas qu'on ne pourra pas rembourser"
Le montant de la dette ne suffit toutefois pas à déterminer si la situation d'une commune est critique ou non. "C'est comme dans un ménage, poursuit l'édile. On contracte des emprunts pour acheter un logement ou des équipements, mais ça ne signifie pas qu'on ne sera pas capable de rembourser."C'est pourquoi il est de coutume de prendre également en compte la capacité de désendettement. Comprendre : le nombre d'année - en théorie - nécessaire au remboursement intégral de la dette, si la commune y consacre son épargne brute.
On considère généralement qu'une capacité de désendettement supérieure ou égale à 15 ans est problématique, et le seuil critique se situe à 12 ans environ. À Chartres, où cet indice se maintien autour de 8 ans, la situation est donc grave mais pas désespérée. Malheureusement, aucun élu municipal n'a souhaité donner suite à nos demandes d'interview. On n'en saura pas plus.
Amélioration au prix de sacrifices
Du côté de Bourges, en revanche, la capacité de désendettement a enregistré une baisse massive de plus de dix ans lors du dernier mandat, signe que la situation de la ville s'améliore. Une amélioration qui ne s'opère toutefois pas sans certains sacrifices.Des mesures impopulaires à appliquer "en toute transparence" pour, selon les mots du candidat à sa réélection, retrouver une situation "conforme mais pas confortable". Difficile donc de redresser la situation financière d'une commune endettée. Mais les villes de la région restent néanmoins loin derrière le record français de Levallois-Perret, dans les Hauts-de-Seine, et ses 5452 euros de dette par habitant.Il a fallu baisser les coûts de fonctionnement, explique Pascal Blanc, candidat à sa succession, en réduisant la masse salariale de 10 %, notamment en mutualisant les services de la ville et de l'agglomération. Et augmenter les recettes par une hausse des taux d'imposition.