Le président de la Chambre d’agriculture du Loiret Michel Masson réagit aux propositions de Emmanuel Macron. Le président de la République s’est engagé le 11 octobre à présenter un projet de loi pour améliorer le revenu des agriculteurs.
France 3 : Dans le Loiret, 1/3 des agriculteurs ont perçu moins de 360 € par mois en 2016 tous secteurs confondus. L’une des propositions du Président de la république consiste à relever le seuil de revente à perte de la grande distribution, un prix minimum en-dessous duquel les distributeurs n’ont pas le droit de vendre. C'est une bonne chose selon vous ?M.Masson : Sur le principe, c’est une bonne mesure. Maintenant, il faut passer aux travaux pratiques. Nous restons extrémement prudents. La grande distribution a déjà montré sa puissance de feu en détournant les textes. Le diable se cache dans les détails.
F3 : Que préconisez-vous pour rendre plus transparente la façon dont sont établis les prix ?
M.Masson : A la FNSEA (principal syndicat agricole NDLR), nous demandons à ce que les marges des centrales d’achat soient divulguées. Les supermarchés Leclerc par exemple déclarent prendre 2% de marge. Quid des centrales d’achat en amont ? Quelles marges prennent-elles, comment sont-elles établies ? On sait que c’est là que s’exerce le diktat des prix. Quand le négociant demande au producteur de lui livrer 10 cageots pour le prix de 7, a-t-il le choix de refuser en sachant qu’il prend le risque d’être déréférencé.
F3 : En échange de ses nouvelles mesures, le président de la République demande aux filières agricoles de se réorganiser en adaptant les productions aux nouveaux goûts des consommateurs (bio, label rouge) ou en arrêtant celles qui ne « marchent pas ». Qu'en pensez-vous ?
M.Masson : un agriculteur qui cultive des produits qui ne sont pas demandés par les consommateurs, ça n’existe pas. Proposer une montée en gamme de la production, nous y sommes favorables. Tout en sachant que les marchés de niche (le bio, Label rouge) progressent mais ne tirent pas le haut de la consommation – seulement 5 %.
Les Français doivent aussi accepter de consacrer une part plus importante de leur budget dans l’alimentation. Il est inférieur à 13% aujourd'hui contre 40% dans les années 60.
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►video : reportage France 3 dans le Loiret