La manifestation de ce samedi 22 mai contre la réforme de l'assurance chômage était synonyme de convergence des luttes. Parmi les professions présentes : les intermittents du spectacle.
A 14h30, samedi 22 mai, ils étaient 200 manifestants selon la CGT, rassemblés place de l'Arc à Orléans pour protester contre la réforme de l'assurance chômage, en passe d'être appliquée par le gouvernement le 1er juillet prochain. Elle prévoit notamment de durcir les conditions d'indemnisation, en faisant passer de quatre à six mois sur les 24 derniers mois la période de travail nécessaire à l'éligibilité à cette aide.
Parmi les corps de métiers présents dans cette convergence des luttes, les intermittents du spectacle, des travailleurs aussi très concernés. "Dans notre secteur, déjà destructuré à cause de la crise sanitaire, on est tous des chômeurs qui travaillent. Y'a quasiment que de l'emploi discontinue" confie Nadejda Tilhou, syndiquée à Sud Culture 45.
Faute de voir le bout du tunnel, certains sont contraints de se reconvertir
Nadejda Tilhou est documentariste et chargée de production. Elle estime que la situation dans le cinéma documentaire est "très compliquée", et qu'elle ne va pas s'arranger de si tôt. Plusieurs films étant dans l'attente de sortir en salle, les producteurs ne se risquent pas à investir dans de nouvelles productions.
Avec son drapeau noir barrée d'une croix blanche [symbole des intermittents en lutte, ndlr], elle s'est donc jointe au cortège pour faire valoir la parole des intermittents du spectacle.
En dépit de beaucoup d'argent injecté par l'Etat dans la culture, les problèmes principaux, comme l'emploi, n'ont pas été réglé. La plupart des gens qui ont perdu leur travail n'ont pas eu de compensation.
L'année dernière, le président de la République avait prolongé les droits sociaux des intermittents du spectacle d'un an. Cette mesure prend fin le 31 août prochain, et toujours aucun horizon ne se dessine au sein de la profession. "Il y a toujours des intermittents qui ne sont pas indemnisés. La reprise est très lente". Elle confie connaître de nombreuses personnes qui ont préféré se réorienter plutôt que d'attendre une résolution de la situation.
"Seulement 20% des artistes ont droit au chômage partiel"
L'un des représentants de la SNAM (Union Nationale des syndicats d'Artistes Musiciens), qui a souhaité témoigner de manière anonyme, prône la nationalisation de la culture. "On considère déjà qu'elle fait partie du service public. On se bat tous ensemble pour ça". Selon lui, le secteur ne se remettra pas de cette longue fermeture "avant deux ou trois ans". Lui et son syndicat réclament donc un plan de relance en salaire direct pour combler les pertes dans les caisses d'allocations sociales.
Seulement 20% des artistes ont droit au chômage partiel. Les autres se débrouillent avec les allocations chômage depuis un an
Hier, vendredi 21 mai, les syndicats nationaux ont joué leur dernière carte pour tenter de faire annuler la réforme, la qualifiant "d'injuste". Le texte a été attaqué devant le Conseil d'Etat. L'ex-ministre du travail, Muriel Pénicaud, demande elle aussi "à continuer à discuter avec les partenaires sociaux".