A l'appel de l'intersyndicale, les conducteurs de trains sont en grève sur le réseau Rémi Centre-Val de Loire à partir de lundi 11 décembre 2023 pour dénoncer des conditions de travail dégradées. La SNCF prévient que la circulation sera "fortement perturbée".
Des conducteurs de lignes en Centre-Val de Loire qui voient leurs journées s'alourdir, et des conducteurs de manœuvre en région parisienne qui se retrouvent sans mission. Les calculs ne sont pas bons pour l'intersyndicale qui appelle à la grève sur le réseau TER Rémi ce lundi 11 décembre.
Trafic "fortement perturbé" lundi 11 décembre
Via un message sur X (anciennement Twitter), la SNCF annonce une circulation "fortement perturbée".
🚩Mouvement social local des agents de conduite
— Rémi Train Centre Val de Loire (@RemiTrain) December 10, 2023
La circulation des trains de la région Centre sera fortement perturbée ce lundi 11 décembre
Vous retrouverez dans ce thread tous les plans de transport adaptés par ligne ⬇️
Sur la ligne entre Paris et Orléans, via Etampes, la moitié des trains est par exemple supprimée. Ceux de 6h34 et 7h40 au départ d'Orléans sont par exemple concernés. Sur la ligne directe entre les deux villes, 4 trains sont supprimés. Il reste ainsi 17 trains maintenus. "Sur toutes les lignes, il y aura de quoi faire l'aller-retour dans la journée" rassure la SNCF.
Des logiques mercantiles "pas entendables"
Au cœur des crispations, les conditions de travail des conducteurs qui se dégradent. Depuis 2014, la SNCF a enclenché une réorganisation pour structurer l'entreprise en plusieurs entités. Les TER Rémi en sont une, les Intercités en sont une autre. Un salarié ne peut pas travailler pour l'une et l'autre des entités sans faire office de sous-traitance.
À la base, on travaille pour un service public.
Marion Gazeaux, responsable CGT cheminots en région Centre-Val de Loire
C'est là que le bât blesse pour Marion Gazeaux, responsable syndicale de la CGT cheminots dans la région Centre-Val de Loire.
Il existe plusieurs types de conducteurs de train. En l'occurrence, des conducteurs de ligne, qui transportent les voyageurs, et des conducteurs de manœuvres, chargés notamment de "garer" et "dé-garer" les trains.
Garer, dé-garer, revenir en taxi, et plus le temps de "faire pipi"
Lorsqu'un train arrive à Paris Austerlitz, il faut ensuite le "garer". Pour cela, un endroit spécifique existe. Il vient d'ailleurs d'être modifié, et éloigné de la gare en question. Mais voilà : TER Cvdl n'a pas de conducteurs de manœuvre, il faudrait donc sous-traiter le travail à SNCF Intercités, qui connaît un vivier de ces spécialistes.
On se rend bien compte que notre boulot perd de son sens.
Marion Gazeaux, responsable syndicale de la CGT cheminots dans la région Centre-Val de Loire
Désormais, les conducteurs de lignes de la région sont ainsi amenés à "aller garer leur train, puis reviennent à la gare en taxi". Les périodes de battement entre deux prises de postes sont ainsi réduites "et on n'a même plus le temps de faire pipi entre deux Paris-Orléans".
En face, les conducteurs de ligne de région parisienne se voient retirer une masse de travail qu'ils assumaient avant, et tournent parfois en rond. "On ne veut pas piquer le boulot des autres" argue Marion Gazeaux. D'un côté, des cheminots craignent de perdre leur spécificité, de l'autre, des conducteurs accumulent les missions. "Dans une polyvalence à outrance, plus personne n'est bon dans rien". Elle évoque le cas du Fret ferroviaire, qu'elle estime en fin de vie. Un constat déplorable "dans une période où on nous parle de COPs et où nous dit que le train est génial". Marion Gazeaux regrette ainsi des logiques mercantiles "qui ne sont pas entendables". Contactée ce dimanche, la SNCF n'avait pas d'éléments à ajouter sur les raisons de cette grève.