Le gouvernement a dévoilé son "plan de sécurité à la chasse" ce lundi 9 janvier. A l'intérieur, pas de journée hebdomadaire sans chasse, mais une application numérique qui irrite déjà ses détracteurs.
"Le clou du spectacle", "insupportable", "appli-gadget" ou encore "ridicule", l'application mobile présentée par le gouvernement ne semble pas convaincre. Bérangère Couillard, Secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, chargée de l’Écologie, présentait ce lundi 9 janvier, dans le Loiret, le "plan de sécurité à la chasse" du gouvernement.
En Centre-Val de Loire, les mesures étaient sûrement attendues, puisqu'avec la Corse, c'est la région qui compte le plus de chasseur : 5,18% de la population. En France, ils sont 900 000 sur les 67 millions d'habitants.
Parmi la quinzaine de mesures annoncée : "une plateforme numérique en Open-Data", alimentée "grâce à l’obligation de déclaration par les organisateurs de chasse collective" pour permettre aux promeneurs de connaître les lieux et horaires de chasse.
À l'avantage des chasseurs ?
"C'est complètement totalitaire" s'insurge Jean-Louis Chuillon, président de L’Alliance des Opposants à la Chasse, qui regroupe une quarantaine d'associations. "Donc parce qu'il y a des chasseurs là où on veut se promener, il ne faudrait pas y aller ?"
Bois, forêts, massifs montagneux, autant d'endroits propices à la balade et la chasse, mais aussi aux zone blanches, sans connexion mobile, remarque Reha Hutin, présidente de la fondation 30 millions d'amis. Une balade le nez sur son téléphone ? C'est ce que craint Charles Fournier, député EELV de la 1ère circonscription d'Indre-et-Loire : "On serait dans une hypervigilance, pour vérifier où sont les chasseurs."
Aux yeux de l'association Stéphane Lamart, c'est même un outil : "à l’avantage des chasseurs qui vont être confortés dans leur sentiment d’appropriation de la nature et de la biodiversité."
78% des Français pour un jour sans chasse
Des "mesurettes", pour ne pas réformer en profondeur un permis de chasse qui rimerait avec "permis de complaisance", estime Jean-Louis Chuillon. Il appelle à une refonte totale du permis de chasse "par huit semaines de formation, et un titre valable trois ans, à renouveler par un contrôle".
Charles Fournier estime de son côté que la menace de Willy Schraen, président de la fédération nationale de chasse "Dans cinq ans, la ruralité est à feu et à sang" a visiblement fait effet. Le parlementaire avait déposé à l’Assemblée nationale, en novembre 2022, une proposition de loi pour mieux encadrer la chasse.
Selon un sondage IFOP réalisé en décembre 2022 pour sept associations de protection de la nature, 78% des Français se disaient pourtant favorables à un jour sans chasse : le dimanche. "Un compromis aurait pu être trouvé" insiste Charles Fournier, avec, par exemple, la chasse autorisée le dimanche matin, puis interdite l'après-midi.
En 2021-2022, l’Office Français de la Biodiversité a recensé 90 accidents de chasse. Au total, huit morts, et parmi eux, deux non-chasseurs.