Les régions de France, dont le Centre-Val de Loire, ont signé ce 28 septembre un protocole inédit qui les rend "copilote" de la gestion des 100 milliards d'euros promis par l'Etat.
Une fois n'est pas coutume, les deux parties se sont quittées plutôt satisfaites. Ce 28 septembre, le Premier ministre Jean Castex accueillait à Matignon les présidents de régions pour la signature d'un accord assez unique. Les régions sont consacrées comme "copilotes" d'un plan de relance à 100 milliards d'euros pour deux ans.
Un coup de main bienvenu, quand on sait que la région Centre-Val de Loire aurait perdu 50 millions d'euros de recettes, et engrangé quelque 50 millions d'euros de dépense pour faire face à la crise du coronavirus. "Aujourd'hui, 100 millions d'euros manquent à notre budget 2020. [Sur 600 millions débloqués dès fin 2020], on peut espérer récupérer 25 millions de la part de l'Etat. Ça ne fait pas tout, mais c'est autant que nous n'aurons pas à emprunter" admet François Bonneau, président de la région Centre-Val de Loire.
Cette signature "scelle l'accord entre les régions et l'Etat pour unir leurs forces face à la crise qui est là, qui est devant nous", s'est réjoui le Premier ministre. "Il est tout à fait symbolique et important que nous nous employions à territorialiser au maximum les interventions de ce plan pour qu'il se fasse au plus près des gens, des entreprises et des territoires" a également déclaré Jean Castex, un sentiment déjà largement partagé par les présidents de région.
Avec @JeanCASTEX, nous signons demain un accord historique entre État et Régions, qui permettra de déployer le plan de relance et d’augmenter nos investissements de 30% !
— Renaud Muselier (@RenaudMuselier) September 27, 2020
Cette méthode doit être la même sur tous les sujets : décentralisation, déconcentration, différenciation. pic.twitter.com/yxqtGbyOB9
Un plan de relance "près des gens"
Développement du numérique, relocalisation de l'industrie pharmaceutique, nouvelles énergies (dont le photovoltaïque et l'hydrogène), aide à l'agriculture bio et à l'agroéquipement, modernisation des abattoirs, retour aux cultures locales... Nombreux sont les domaines que doit investir ce plan de relance, énumérés par le président de région.
"Des choses très près des gens, très près de l'emploi, des territoires et des entreprises. C'est ça la force de ce que j'ai signé, qu'on a largement travaillé avec les autres présidents. Un plan de relance qui ne serait que des milliards annoncés depuis Paris serait un plan de relance qui risquerait de perdre une part importante de son efficacité" a plaidé François Bonneau. Il a également annoncé une mise en place concrète de ce plan dès la fin d'année 2020.
Au-delà de la relocalisation des produits pharmaceutiques, cause pour laquelle François Bonneau veut faire de la région un "camp de base", la santé est un des secteurs auquel sera apporté une grande attention. "Nous avons déjà accru le nombre de places dans les formations "sanitaire et social", nous avons accéléré la mise en place de notre groupement d'intérêt "Santé pro" pour accueillir rapidement les premiers médecins, j'espère à l'automne. On est complètement dans cette urgence-là" répond François Bonneau, qui a également lancé l'achat de nouveaux masques de protection.
Les entreprises, mieux aidées mais plus surveillées
Autre beau geste du gouvernement, la compensation totale de la baisse des impôts de production, décidée par l'exécutif pour stimuler la compétitivité des entreprises. Cette coupe de 20 milliards d'euros vient directement toucher les régions, qui en percevaient 7 à 10 milliards, notamment via la cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE).
Mais si les entreprises vont bénéficier de soutien, elles devront jouer le jeu. "La région sera très attentive aux entreprises qui bénéficieront d'aides publiques, de la région en particulier. S'il y a un engagement public fort, il ne pourra pas y avoir de licenciements, nous seront prêts et légitimes à défendre les salariés. L'activité partielle de longue durée doit être le premier réflexe des entreprises. Car socialement c'est juste, on ne s'en sortira pas si on fragilise nos salariés, et au moment de la reprise, les entreprises qui auront procédé à des plans massifs de licenciement ne pourront pas reprendre leur dynamique."
Entreprises aidées par l’Etat : faut-il exiger des contreparties ?
— Le Parisien (@le_Parisien) September 28, 2020
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Le président de région a aussi réaffirmé son désir de promouvoir la région Centre-Val de Loire comme un territoire d'industrie. Piste concrète : le véhicule du futur, pour lequel le Centre-Val de Loire accueille déjà des entreprises candidates au projet. "On y croit, on y croit très fort. Dans cette région, 20% des emplois sont des emplois industriels. On a eu la preuve que maintenir de l'industrie dans nos territoires est possible, et aujourd'hui la compétitivité industrielle réside dans les compétences de nos concitoyens. Nous avons une avance, et nous pouvons la faire jouer."